Où battaient-ils, ces pavillons,
Écharpant ton ciel en haillons!...
—Dors au ciel de plomb sur tes dunes....
Dors: plus ne viendront ricocher
Les boulets morts, sur ton clocher
Criblé—comme un prunier—de prunes....
—Dors: sous les noires cheminées,
Écoute rêver tes enfants,
Mousses du quatre-vingt-dix ans,
Épaves des belles années....
............................................................
Il dort ton bon canon de fer,
A plat-ventre aussi dans sa souille,
Grêlé par les lunes d'hyver....
Il dort son lourd sommeil de rouille.
—Va: ronfle au vent, vieux ronfleur,
Tiens toujours ta gueule enragée
Braquée à l'Anglais!... et chargée
De maigre jonc-marin en fleur.
(Roscoff.—Décembre.)

LE DOUANIER
Élégie de corps-de-garde à la mémoire des douaniers
gardes-côtes
mis à la retraite le 30 novembre 1869.
Quoi, l'on te tend l'oreille! est-il vrai qu'on te rogne,
Douanier?... Tu vas mourir et pourrir sans façon,
Gablou?...—Non! car je vais rempailler—Qui qu'en grogne!—
Mais, sans te déflorer: avec une chanson;
Et te coller ici, boucané de mes rimes,
Comme les varechs secs des herbiers maritimes.
—Ange-gardien culotté par les brises,
Pénate des falaises grises,
Vieux oiseau salé du bon Dieu
Qui flânes dans la tempête,
Sans auréole à ta tête,
Sans aile à ton habit bleu!...
Je t'aime, modeste amphibie
Et ta bonne trogne d'amour,
Anémone de mer fourbie
Épanouie à mon bonjour!...
Et j'aime ton bonjour, brave homme,
Roucoulé dans ton estomac,
Tout gargarisé de rogomme
Et tanné de jus de tabac!
J'aime ton petit corps de garde
Haut perché comme un goéland
Qui regarde
Dans les quatre aires-de-vent.
Là, rat de mer solitaire,
Bien loin du contrebandier
Tu rumines ta chimère:
—Les galons de brigadier!—
Puis un petit coup-de-blague
Doux comme un demi-sommeil....
Et puis: bâiller à la vague,
Philosopher au soleil....
La nuit, quand fait la rafale
La chair-de-poule au flot pâle,
Hululant dans le roc noir....
Se promène une ombre errante;
Soudain: une pipe ardente
Rutile....—Ah! douanier, bonsoir.
....................................................................
—Tout se trouvait en toi, bonne femme cynique:
Brantôme, Anacréon, Barème et le Portique;
Homère-troubadour, vieille Muse qui chique!
Poète trop senti pour être poétique!...
—Tout: sorcier, sage-femme et briquet phosphorique,
Rose-des-vents, sacré gui, lierre bacchique,
Thermomètre à l'alcool, coucou droit à musique,
Oracle, écho, docteur, almanach, empirique,
Curé voltairien, huître politique....
—Sphinx d'assiette d'un sou, ton douanier souvenir
Lisait le bordereau même de l'avenir!
—Tu connaissais Phoebé, Phoebus, et les marées....
Les amarres d'amour sur les grèves ancrées
Sous le vent des rochers; et tout amant fraudeur
Sous ta coupe passait le colis de son coeur....
—Tu reniflais le temps, quinze jours à l'avance,
Et les noces: neuf mois ... et l'état de la France;
Tu savais tous les noms, les cancans d'alentour,
Et de terre et de mer, et de nuit et de jour!...
Je te disais ce que je savais écrire....
Et nous nous comprenions—tu ne savais pas lire—
Mais ta philosophie était un puits profond
Où j'aimais à cracher, rêveur ... pour faire un rond.
..............................................................................
Un jour—ce fut ton jour!—Je te vis redoutable:
Sous ton bras fiévreux cahotait la table
Où nageait, épars, du papier timbré;
La plume crachait dans tes mains alertes
Et sur ton front noir, tes lunettes vertes
Sillonnaient d'éclairs ton nez cabré....
—Contre deux rasoirs d'Albion perfide,
Nous verbalisions! tu verbalisais!
«Plus les deux susdits ... dont un baril vide....»
J'avais composé, tu repolissais....
..........................................................................
—Comme un songe passés, douanier, ces jours de fête!
Fais valoir maintenant tes droits à la retraite....
—Brigadier, brigadier, vous n'aurez plus raison!...
—Plus de longue journée à gratter l'horizon,
Plus de sieste au soleil, plus de pipe à la lune,
Plus de nuit à l'affût des lapins sur la dune....
Plus rien, quoi!... que la goutte et le ressouvenir....
—Ah! pourtant: tout: cela c'est bien vieux pour finir!
—Va, lézard démodé! Faut passer, mon vieux type;
Il faut te voir t'éteindre et s'éteindre ta pipe....
Passer, ta pipe et toi, parmi les vieux culots:
L'administration meurt, faute de ballots!...
Telle que, sans rosée, une sombre pervenche
Se replie, en closant sa corolle qui penche....
Telle, sans contrebande, on voit se replier
La capote gris-bleu, corolle du douanier!...
Quel sera désormais le terme du problème:
—L'ennui contemplatif divisé par lui-même?—
Quel balancier rêveur fera donc les cent pas,
Poète, sans savoir qu'il ne s'en doute pas....
Qui? sinon le douanier.—Hélas, qu'on me le rende!
Dussé-je pour cela foire la contrebande....
...........................................................................
—Non: fini!... réformé! Va, l'oreille fendue,
Rendre au gouvernement ta pauvre âme rendue....
Rends ton gabion, rends tes Procès-verbaux divers;
Rends ton bancal, rends tout, rends ta chique!...
Et mes vers.
(Roscoff.—Novembre.)

LE NAUFRAGEUR
Si ce n'était pas vrai—Que je crève!
.........................................................
J'ai vu dans mes yeux, dans mon rêve,
La NOTRE-DAME DES BRISANS
Qui jetait à ses pauvres gens
Un gros navire sur leur grève....
Sur la grève des Kerlouans
Aussi goélands que les goélands.
Le sort est dans l'eau: le cormoran nage,
Le vent bat en côte, et c'est le Mois Noir....
Oh! moi je sens bien de loin le naufrage!
Moi j'entends là-haut chasser le nuage.
Moi je vois profond dans la nuit, sans voir!
Moi je siffle quand la mer gronde,
Oiseau de malheur à poil roux!...
J'ai promis aux douaniers de ronde,
Leur part, pour rester dans leurs trous....
Que je sois seul!—oiseau d'épave
Sur les brisans que la mer lave....
..................................................................
Oiseau de malheur à poil roux!
—Et qu'il vente la peau du diable!
Je sens ça déjà sous ma peau.
La mer moutonne!...—Ho, mon troupeau!
—C'est moi le berger, sur le sable....
L'enfer fait l'amour.—Je ris comme un mort—
Sautez sous le Hû!... le des rafales,
Sur les noirs taureaux sourds, blanches cavales!
Votre écume à moi, cavales d'Armor!
Et vos crins au vent!...—Je ris comme un mort—
Mon père était un vieux saltin,[9]

Ma mère une vieille morgate...[10]

Une nuit, sonna le tocsin:
—Vite à la côte: une frégate!—
... Et dans la nuit, jusqu'au matin,
Ils ont tout rincé la frégate....
—Mais il dort mort le vieux saltin,
Et morte la vieille morgate....
Là-haut, dans le paradis saint
Ils n'ont plus besoin de frégate.
(Ranc de Kerlouan.—Novembre.)

A MON COTRE LE NÉGRIER
Vendu sur l'air de: Adieu, mon beau Navire!...
Allons file, mon côtre!
Adieu mon Négrier.
Va, file aux mains d'un autre
Qui pourra te noyer....
Nous n'irons plus sur la vague lascive
Nous gîter en fringuant!
Plus nous n'irons à la molle dérive
Nous rouler en rêvant....
—Adieu, rouleur de côtre,
Roule mon Négrier,
Sous les pieds plats de l'autre
Que tu pourras noyer.
Va! nous n'irons plus rouler notre bosse....
Tu cascadais fourbu;
Les coups de mer arrosaient notre noce,
Dis: en avons-nous bu!...
—Et va, noceur de côtre!
Noce, mon Négrier!
Que sur ton pont se vautre
Un noceur perruquier.
... Et, tous les crins au vent, nos chaloupeuses!
Ces vierges à sabords!
Te patinant dans nos courses mousseuses!...
Ah! c'étaient les bons bords!...
—Va, pourfendeur de lames,
Pourfendre, ô Négrier!
L'estomac à des dames
Qui paîront leur loyer.
... Et sur le dos rapide de la houle.
Sur le roc au dos dur,
A toc de toile allait ta coque soûle....
—Mais toujours d'un oeil sûr!—
—Va te soûler, mon côtre:
A crever! Négrier.
Et montre bien à l'autre
Qu'on savait louvoyer.
... Il faisait beau quand nous mettions en panne,
Vent-dedans vent-dessus;
Comme on pêchait!... Va: je suis dans la panne
Où l'on ne pêche plus.
—La mer jolie est belle
Et les brisans sont blancs....
Penché, trempe ton aile
Avec les goélands!...
Et cingle encor de ton fin mat-de-flèche,
Le ciel qui court au loin.
Va! qu'en glissant, l'algue profonde lèche
Ton ventre de marsouin!
—Va, sans moi, sans ton âme;
Et saille de l'avant!...
Plus ne battras ma flamme
Qui chicanait le vent.
Que la risée enfle encor ta Fortune[11]

En bandant tes agrès!
—Moi: plus d'agrès, de lest, ni de fortune....
Ni de risée après!
... Va-t'en, humant la brume
Sans moi, prendre le frais,
Sur la vague de plume....
Va!—Moi j'ai trop de frais.—
Légère encor est pour toi la rafale
Qui frisotte la mer!
Va....—Pour moi seul, rafale, la rafale
Soulève un flot amer!...
—Dans ton âme de côtre,
Pense à ton matelot
Quand, d'un bord ou de l'autre,
Remontera le flot....
—Tu peux encor échouer ta carène
Sur l'humide varech;
Mais moi j'échoue aux côtes de la gêne,
Faute de fond—à sec—
(Roscoff.—Août.)

LE PHARE
Phoebus, de mauvais poil, se couche.
Droit sur l'écueil:
S'allume le grand borgne louche,
Clignant de l'oeil.
Debout, Priape d'ouragan,
En vain le lèche
La lame de rut écumant....
—Il tient sa mèche.
Il se mâte et rit de sa rage,
Bandant à bloc;
Fier bout de chandelle sauvage
Plantée au roc!
—En vain, sur sa tête chenue,
D'amont, d'aval,
Caracole et s'abat la nue,
Comme un cheval....
—Il tient le lampion au naufrage.
Tout en rêvant,
Casse la mer, crève l'orage
Siffle le vent.
Ronfle et vibre comme une trompe,
—Diapason
D'Éole—Il se peut bien qu'il rompe,
Mais plier—non.—
Sait-il son Musset: A la brune
Il est jauni
Et pose juste pour la lune
Comme un grand I.
... Là, gît debout une vestale
—C'est l'allumoir—
Vierge et martyre (sexe mâle)
—C'est l'éteignoir.—
Comme un lézard à l'eau-de-vie
Dans un bocal,
Il tirebouchonne sa vie
Dans ce fanal.
Est-il philosophe ou poète?...
—Il n'en sait rien—
Lunatique ou simplement bête?...
—Ça se vaut bien—
Demandez-lui donc s'il chérit
Sa solitude?
—S'il parle, il répondra qu'il vit....
Par habitude.
............................................................
—Oh! que je voudrais là, Madame,
Tous deux!...—veux-tu?—
Vivre, dent pour oeil, corps pour âme!...
—Rêve pointu.—
Vous percheriez dans la lanterne:
Je monterais....
—Et moi: ci-gît, dans la citerne....
—Tu descendrais—
Dans le boyau de l'édifice
Nous promenant,
Et, dans le feu—sans artifice—
Nous rencontrant.
Joli ramonage ... et bizarre,
Du haut en bas!
—Entre nous ... l'érection du phare
N'y tiendrait pas ...
(Les Triagots.—Mai.)

LA FIN
Oh! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines
Dans ce morne horizon se sont évanouis!...
........................................................................................
Combien de patrons morts avec leurs équipages!
L'Océan, de leur vie a pris toutes les pages,
Et, d'un souffle, il a tout dispersé sur les flots.
Nul ne saura leur fin dans l'abîme plongée....
........................................................................................
Nul ne saura leurs noms, pas même l'humble pierre,
Dans l'étroit .cimetière où l'écho nous répond,
Pas même un saute vert qui s'effeuille à l'automne,
Pas même la chanson plaintive et monotone
D'un aveugle qui chante à l'angle d'un vieux pont.
V. Hugo.—Oceano nox.
Eh bien, tous ces marins—matelots, capitaines,
Dans leur grand Océan à jamais engloutis....
Partis insoucieux pour leurs courses lointaines
Sont morts—absolument comme ils étaient partis.
Allons! c'est leur métier; ils sont morts dans leurs bottes!
Leur boujaron au coeur, tout vifs dans leurs capotes....[12]

Morts.... Merci: la Camarde a pas le pied marin;
Qu'elle couche avec vous: c'est votre bonne-femme....
—Eux, allons donc: Entiers! enlevés par la lame!
Ou perdus dans un grain....
Un grain ... est-ce la mort ça? la basse voilure
Battant à travers l'eau!—Ça se dit encombrer....
Un coup de mer plombé, puis la haute mâture
Fouettant les flots ras—et ça se dit sombrer.
—Sombrer—Sondez ce mot. Votre mort est bien pâle
Et pas grand'chose à bord, sous la lourde rafale....
Pas grand'chose devant le grand sourire amer
Du matelot qui lutte.—Allons donc, de la place!—
Vieux fantôme éventé, la Mort change de face:
La Mer!...
Noyés?—Eh allons donc! Les noyés sont d'eau douce.
—Coulés! corps et biens! Et, jusqu'au petit mousse,
Le défi dans les yeux, dans les dents le juron!
A l'écume crachant une chique râlée,
Buvant sans hauts-de-coeur la grand' tasse salée....
—Comme ils ont bu leur boujaron.—
.........................................................................
—Pas de fond de six pieds, ni rats de cimetière:
Eux ils vont aux requins! L'âme d'un matelot
Au lieu de suinter dans vos pommes de terre,
Respire à chaque flot.
—Voyez à l'horizon se soulever la houle;
On dirait le ventre amoureux
D'une fille de joie en rut, à moitié soûle....
Ils sont là!—La houle a du creux.—
—Ecoutez, écoutez la tourmente qui beugle!...
C'est leur anniversaire—Il revient bien souvent—
O poète, gardez pour vous vos chants d'aveugle;
—Eux: le De profundis que leur corne le vent.
... Qu'ils roulent infinis dans les espaces vierges!...
Qu'ils roulent verts et nus,
Sans clous et sans sapin, sans couvercle, sans cierges....
—Laissez-les donc rouler, terriers parvenus!
(A bord.—11 février.)

RONDELS POUR APRÈS

SONNET POSTHUME
Dors: ce lit est le tien.... Tu n'iras plus au nôtre.
Qui dort dîne.—A tes dents viendra tout seul le foin.
Dors: on t'aimera bien—L'aimé c'est toujours l'Autre....
Rêve: La plus aimée est toujours la plus loin....
Dors: on t'appellera beau décrocheur d'étoiles!
Chevaucheur de rayons!... quand il fera bien noir;
Et l'ange du plafond, maigre araignée, au soir,
Espoir—sur ton front vide ira filer ses toiles.
Museleur de voilette! un baiser sous le voile
T'attend ... on ne sait où: ferme tes yeux pour voir.
Ris: Les premiers honneurs t'attendent sous le poêle.
On cassera ton nez d'un bon coup d'encensoir,
Doux fumet!... pour la trogne en fleur, pleine de moelle
D'un sacristain très-bien, avec son éteignoir.

RONDEL
Il fait noir, enfant, voleur d'étincelles!
Il n'est plus de nuits, il n'est plus de jours;
Dors ... en attendant venir toutes celles
Qui disaient: Jamais! Qui disaient: Toujours!
Entends-tu leurs pas?... Ils ne sont pas lourds:
Oh! les pieds légers!—l'Amour a des ailes....
Il fait noir, enfant, voleur d'étincelles!
Entends-tu leurs voix?... Les caveaux sont sourds.
Dors: Il pèse peu, ton faix d'immortelles:
Ils ne viendront pas, tes amis les ours,
Jeter leur pavé sur tes demoiselles....
Il fait noir, enfant, voleur d'étincelles!

DO, L'ENFANT, DO....
Buona Vespre! Dors: Ton bout de cierge....
On l'a posé là, puis on est parti.
Tu n'auras pas peur seul, pauvre petit?...
C'est le chandelier de ton lit d'auberge.
Du fesse-cahier ne crains plus la verge,
Va!... De t'éveiller point n'est si hardi.
Buona sera! Dors: Ton bout de cierge....
Est mort.—Il n'est plus, ici, de concierge:
Seuls, le vent du nord, le vent du midi
Viendront balancer un fil-de-la-Vierge.
Chut! Pour les pieds-plats, ton sol est maudit.
Buona nocte! Dors: Ton bout de cierge....

MIRLITON
Dors d'amour, méchant ferreur de cigales!
Dans le chiendent qui te couvrira
La cigale aussi pour toi chantera,
Joyeuse, avec ses petites cymbales.
La rosée aura des pleurs matinales;
Et le muguet blanc fait un joli drap....
Dors d'amour, méchant ferreur de cigales
Pleureuses en troupeau passeront les rafales....
La Muse camarde ici posera,
Sur ta bouche noire encore elle aura
Ces rimes qui vont aux moelles des pâles....
Dors d'amour, méchant ferreur de cigales.

PETIT MORT POUR RIRE
Va vite, léger peigneur de comètes!
Les herbes au vent seront tes cheveux;
De ton oeil béant jailliront les feux
Follets, prisonniers dans les pauvres têtes....
Les fleurs de tombeau qu'on nomme Amourettes
Foisonneront plein ton rire terreux....
Et les myosotis, ces fleurs d'oubliettes....
Ne fais pas le lourd; cercueils de poètes
Pour les croque-morts sont de simples jeux,
Boîtes à violon qui sonnent le creux....
Ils te croiront mort—Les bourgeois sont bêtes
Va vite, léger peigneur de comètes!

MALE-FLEURETTE
Ici reviendra la fleurette blême
Dont les renouveaux sont toujours passés....
Dans les coeurs ouverts, sur les os tassés,
Une folle brise, un beau jour, la sème....
On crache dessus; on l'imite même,
Pour en effrayer les gens très-sensés....
Ici reviendra la fleurette blême.
Oh! ne craignez pas son humble anathème
Pour vos ventres mûrs, Cucurbitacés!
Elle connaît bien tous ses trépassés!
Et, quand elle tue, elle sait qu'on l'aime....
C'est la male-fleur, la fleur de bohème.
Ici reviendra la fleurette blême.

A MARCELLE

LA CIGALE ET LE POÈTE
Le poète ayant chanté,
Déchanté,
Vit sa Muse presque bue.
Rouler en bas de sa nue
De carton, sur des lambeaux
De papiers et d'oripeaux.
Il alla coller sa mine
Aux carreaux de sa voisine,
Pour lui peindre ses regrets
D'avoir fait—Oh: pas exprès!
Son honteux monstre de livre!...
—«Mais: vous étiez donc bien ivre?
Ivre de vous!... Est-ce mal?
Ecrivain public banal!
Qui pouvait si bien le dire....
Et, si bien ne pas l'écrire!
J'y pensais, en revenant....
On n'est pas parfait, Marcelle....
Oh! c'est tout comme, dit-elle,
Si vous chantiez, maintenant!
  FIN