— Croyez-vous qu’il y ait une alerte ? demanda Obi-Wan.
Qui-Gon se tourna vers les officiers qui se trouvaient derrière eux.
— Rion est une magnifique cité.
— Oui, nous sommes fier de notre monde, répondit sèchement l’un d’eux.
— Les citoyens semblent heureux.
— Ils savent qu’ils vivent sur la plus belle planète de la galaxie, fit-il.
— Dites-moi, continua plaisamment Qui-Gon, il semblerait qu’il y ait beaucoup de crimes dans votre ville.
L’officier grogna.
— Il n’y a pas de crime à Rion.
— Alors pourquoi y a-t-il autant d’officiers de la sécurité ? demanda Obi-Wan.
— Circonstances extraordinaires, répondit-il en fronçant les sourcils. On doit s’occuper d’une menace hors-norme. Un ennemi de l’état s’est échappé de la prison. Cilia Dil est très dangereuse. Les officiers la recherchent.
— Je vois, fit Qui-Gon. De quel crime a-t-elle été accusée ?
— Je vous en ai déjà assez dit, cingla l’officier. Dépêchez vous ou vous allez manquer votre transport. Si cela arrive, vous allez être arrêtés.
— Vous arrêtez des gens parce qu’ils sont en retard ? demanda doucement Qui-Gon.
— Ne soyez pas ridicules. C’est pour avoir dépassé votre carte de séjour.
Devant eux, un grand véhicule utilitaire débarquait son chargement sur une plateforme à répulseurs. Un embouteillage s’était formé derrière le véhicule, et les piétons se voyaient obligés de marcher sur la route pour le franchir. Qui-Gon indiqua le bazar devant eux à Obi-Wan d’un simple mouvement des yeux. Obi-Wan n’acquiesça pas, ni ne montra aucun signe, mais Qui-Gon savait que son apprenti était prêt.
Alors qu’ils arrivaient à hauteur du véhicule, Qui-Gon utilisa la Force pour faire tomber une pile de boîtes qui ne tenaient que précairement. Leur contenu se répandit dans la rue tandis que les ouvriers juraient et criaient.
Les piétons piétinèrent le contenu, l’écrasant sauvagement sur le pavage et rendant les ouvriers davantage en colère. Qui-Gon et Obi-Wan sautèrent. La Force les propulsa au-dessus de l’agitation, des citoyens et des ouvriers, laissant les officiers derrière eux.
Ils atterrirent sur le pavé et se mirent à courir, esquivant les piétons qui sautaient rapidement hors de leur chemin. Ils s’engouffrèrent dans une petite rue calme, puis une autre, et encore une autre. Qui-Gon fut bientôt sûr d’avoir semé leurs poursuivants.
— Et maintenant ? demanda Obi-Wan.
— Je pense que nous devrions trouver Cilia Dil, fit Qui-Gon. Elle doit avoir des choses très intéressantes à nous raconter.
— Mais toute l’armée des Gardiens la recherche, fit Obi-Wan. Comment allons-nous la trouver ?
— Bonne remarque, mon jeune apprenti. Dans de telles situations, il est plus raisonnable de faire en sorte que ce soit elle qui nous retrouve, expliqua Qui-Gon.
Il leur fallut peu de temps pour en apprendre davantage concernant Cilia Dil. Bien que personne ne leur parlât directement, de peur qu’ils soient des espions, ils étaient à l’affut de toutes les conversations, et tout le monde parlait de la rebelle en fuite. Qui-Gon ne fut pas surpris d’apprendre que la conversation qu’ils avaient entendue le matin la concernait. Jaren était son mari.
Il vivait en plein centre-ville, dans un grand immeuble comprenant plusieurs appartements. Les Jedi s’arrêtèrent, prétendant observer la vitrine d’un magasin au bout de la rue.
— Il y a des agents qui surveillent sur le toit, remarqua Obi-Wan. Mais ils semblent n’observer que la porte avant. On peut passer par derrière, descendre l’allée, et trouver une entrée dérobée.
— C’est exactement ce qu’ils veulent que nous fassions, fit Qui-Gon. Regarde encore.
Il fallut un moment à Obi-Wan pour parcourir une nouvelle fois la zone du regard. Il semblait abattu, comme s’il avait profondément déçu Qui-Gon.
— Je viens de voir un flash dans la fenêtre qui surplombe l’allée. Des jumelles électrobinoculaires. Ils surveillent également l’allée. Désolé, Maître.
Ce n’était pas le genre d’Obi-Wan de s’excuser pour une mauvaise observation. Il avait toujours assimilé les moindres leçons de Qui-Gon sans aucun commentaire. Ainsi, il ne refaisait plus les mêmes erreurs.
Comment puis-je lui redonner confiance ? se demanda Qui-Gon.
— Que proposez-vous ? demanda Obi-Wan.
— Tu as des idées ? interrogea gentiment Qui-Gon.
Mais Obi-Wan ne pouvait pas proposer d’autre plan. Ses lèvres se serrèrent, et il secoua la tête. Qui-Gon vit qu’il avait peur de le décevoir à nouveau.
Qui-Gon dissimula un soupir dans une expiration alors qu’il levait la tête vers le ciel.
— Il se fait tard. C’est la fin d’une journée de travail. Je crois que nous allons tirer notre avantage dans la routine.
— Les ouvriers et leurs familles vont rentrer chez eux, fit Obi-Wan.
— Voyons donc ce qui va se passer, fit Qui-Gon.
Au début, ce ne fut qu’un simple filet de passants, mais après quelques minutes, la rue fut bondée par les gens rentrant chez eux. Les transports à répulseurs étaient bondés d’ouvriers, s’arrêtant de temps à autres ouvrir leurs portes et en accueillir davantage.
Qui-Gon et Obi-Wan flânèrent près d’un magasin proche de l’immeuble de Jaren Dil. Ils n’eurent pas à attendre longtemps. Une mère et un groupe d’enfants descendirent bientôt la rue. La mère portait un sac de nourriture et d’autres poches tandis que ses enfants naviguaient entre ses jambes, criant de joie à l’idée d’être sortis de l’école. Ils s’arrêtèrent un instant sur la rampe d’accès à l’immeuble. L’un des jeunes enfants, tête en l’air, fut presque avalé par la mer de passants sur la chaussée. Qui-Gon s’avança rapidement et le récupéra. Obi-Wan le suivit rapidement.
— Tyler, gronda la mère. Quel vilain !
Elle attrapa le garçon alors qu’elle cherchait sa carte d’entrée. Obi-Wan souleva quelques sacs de ses bras afin de l’aider.
— Permettez-moi de le porter, fit Qui-Gon en faisant une grimace au garçon. Nous sommes devenus amis.
La mère le remercia gracieusement en insérant sa carte d’entrée. Obi-Wan jongla avec les sacs et posa une main sur l’épaule d’un autre garçon. Pour un observateur, il semblerait que les Jedi faisaient simplement partie de la famille.
Ils aidèrent la mère jusqu’à la porte de son appartement et dirent au revoir aux enfants. Il n’y avait pas d’ascenseur, et ils durent grimper à pied jusqu’au dernier étage. Qui-Gon frappa poliment à la porte, qui fut ouverte par un homme, grand aux yeux tristes.
— Êtes-vous Jaren Dil ? demanda Qui-Gon.
Il acquiesça prudemment.
— Nous sommes venus pour votre femme, expliqua Qui-Gon.
Jaren Dil bloqua la porte. Malgré le fait qu’il soit plus petit que Qui-Gon et tellement mince qu’il semblait décharné, il n’eut pas l’air intimidé.
— Je ne sais rien sur la fuite de ma femme.
— Nous souhaitons vous aider, fit Qui-Gon.
Un sourire crispé se forma sur le visage de Jaren, puis disparut.
— Vous seriez surpris, fit-il doucement, de savoir combien de fois j’ai déjà entendu ces mots. Ils disent toujours qu’ils veulent m’aider.
— Nous sommes des Jedi, fit Qui-Gon en montrant la poignée de son sabre laser. Pas des Gardiens.
— Je sais que vous n’êtes pas des Gardiens, répliqua Jaren. Mais je ne vous connais pas, et je ne connais pas non plus vos amis. Je m’attends à être arrêté à tout moment. Mon crime est d’être marié à Cilia Dil et non de l’avoir trahie.
— Je voudrais lui faire parvenir un message, expliqua Qui-Gon.
— Je n’ai pas vu Cilia depuis qu’elle a été arrêtée. Elle n’avait pas droit aux visiteurs. Je ne sais pas où…
Qui-Gon l’interrompit.
— Dites-lui que les Jedi veulent l’aider. (Il attrapa le comlink de Jaren qui était fixé à sa ceinture, puis entra son code.) Je vous donne un moyen de me contacter. Dites-lui que nous la rencontrons à l’endroit qu’elle souhaite.
Jaren ne répondit rien. Ils sortirent, se dirigèrent vers les escaliers. Ils ne virent même pas la porte de l’appartement se refermer, ils étaient déjà hors de vue.
— Il ne nous a pas fait confiance, remarqua Obi-Wan.
— Il aurait été stupide de le faire. Il est habitué à être trahi.
— Pourquoi pensez-vous qu’elle va nous contacter ? demanda le Padawan.
— Parce qu’en des temps désespérés, ceux en plein désespoir cherchent ceux qui veulent leur offrir de l’aide. Le fait que nous soyons des Jedi parle en notre faveur. Ils vont en discuter. Puis elle va nous contacter.
— Vous semblez sûr de vous, fit Obi-Wan. Pourquoi ?
— Parce qu’ils n’ont personne d’autre vers qui se tourner, répondit Qui-Gon.
Ils avaient de la chance que toutes les ressources soient mobilisées pour retrouver Cilia. Ainsi, attraper les Jedi n’était pas une priorité. Voilà pourquoi les gardes postés autour de l’immeuble de Jaren ne les remarquèrent pas lorsqu’ils s’en allèrent. Qui-Gon et Obi-Wan déambulèrent dans les rues, ne désirant pas s’asseoir prendre un café ou se reposer sur un banc dans le parc. Ils avaient besoin de rester en mouvement au cas où ils seraient repérés. Les officiers de sécurité patrouillaient, mais ils pouvaient aisément les éviter.
Le crépuscule tombait tel un rideau violet. Les ombres s’étendaient et devenaient d’un bleu profond. Avec l’arrivée de la nuit, ils se sentirent davantage en sécurité. Qui-Gon se demanda s’il n’avait pas eu tort, si Cilia allait les contacter. Puis le comlink bipa.
— Qu’y a-t-il pour que vous pensiez pouvoir faire pour moi ? demanda une voix féminine.
— Tout ce que vous souhaitez, répondit Qui-Gon.
Il y eut un court silence.
— Je vais m’en tenir à ça.
Qui-Gon s’étonna d’entendre Cilia pleine d’humour après s’être échappée d’une prison notoire.
— Dites-moi où et quand nous pouvons nous rencontrer.
Cilia leur donna rendez-vous à minuit sur un petit pont piéton qui enjambait la rivière. Qui-Gon et Obi-Wan avaient emprunté ce pont plusieurs fois le jour même lors de leurs flâneries dans la ville. Plus tard cette nuit là, ils se sentirent un brin fatigués alors qu’ils se tenaient près du pont, à l’abri des lumières. La ville était silencieuse. La plupart des citoyens se trouvaient chez eux. Ils entendaient seulement le doux clapotis de la rivière qui contre les pierres du pont.
Puis Qui-Gon sentit que Cilia était proche, suffisamment pour les entendre.
— Vous pouvez nous faire confiance, fit-il à voix haute.
Une réponse vint de sous le pont.
— C’est un peu tôt dans notre relation.
Qui-Gon réalisa que Cilia devait se trouver dans un petit bateau, mais il ne se pencha pas pour vérifier.
— Hé bien, vous êtes venus nous rencontrer, répliqua-t-il. Je prends ça comme un signe.
Une forme sombre sauta soudainement de sous le pont et atterrit près d’eux. Cilia était vêtue d’une combinaison de plongée, et ses cheveux courts étaient ramenés derrière ses oreilles. Elle était petite et mince. Les os de ses poignets semblaient aussi fragiles que ceux d’un oiseau. Les creux sous ses fossettes créaient deux ombres sur son visage. Ses yeux étaient du bleu sombre de la rivière, et étaient cernés de noir, témoins de sa souffrance.
— Pourquoi souhaitez-vous m’aider ? demanda-t-elle.
— Lorian Nod s’entraînait jadis pour devenir un Jedi, expliqua Qui-Gon. Il a créé beaucoup de troubles sur ce monde. Disons que les Jedi se doivent d’apporter leur soutien aux habitants de Jonction 5.
— Il s’entraînait pour devenir un Jedi ? Voilà qui expliquerait des choses. Il semble en savoir beaucoup, des choses qu’il ne devrait pas savoir, même en surveillant. (Cilia rabattit une mèche de cheveux qui tombait sur son front.) J’ai un plan. L’aide des Jedi sera la bienvenue. Néanmoins, c’est dangereux.
— Je m’y attendais, fit Qui-Gon.
— J’ai monté une équipe pour voyager vers Delaluna, expliqua-t-elle. Notre idée est de s’infiltrer dans le Ministère de l’Attaque et de la Défense afin de voler les plans de l’Annihilateur. Nous ne pouvons pas compter sur notre gouvernement pour passer à l’acte – de toute évidence, ils sont paralysés par la peur – et ils ont peur qu’une action amène une réaction. Mais si nous obtenons ces plans, peut-être que nous trouverons un moyen de nous défendre contre l’arme. Et si les citoyens se sentent plus libres, ce gouvernement répressif n’aura plus aucune raison d’exister, et nous pourrons remodeler une société plus juste.
— Dangereux est un terme bien faible, fit Qui-Gon. J’aurais plutôt parlé de folie.
Cilia mit un pied sur le rebord du pont, prête à retourner dans la rivière.
— Vous pouvez compter sur nous, fit Qui-Gon.
Chapitre 3
Ils passèrent la nuit dans la cachette de Cilia, une maison sûre dans la banlieue de la ville. Cilia disparut à l’intérieur de sa chambre, et Obi-Wan et Qui-Gon en vinrent à partager le sol d’une petite pièce nue peinte d’un rose surprenant. Ils étendirent leurs sacs de couchage et s’allongèrent sur le sol dur.
— Maître, murmura Obi-Wan, ne devrions-nous pas prévenir le Conseil ?
— Pourquoi ? demanda Qui-Gon.
— Hé bien, nous sommes sur le point de nous introduire dans le bâtiment gouvernemental d’une autre planète et de dérober des secrets d’état, expliqua Obi-Wan. Maître Windu est très susceptible en ce qui concerne ces choses là.
— Voilà précisément pourquoi nous ne devons pas l’informer. Je parlerai au Conseil une fois la mission terminée. Ne t’inquiète pas, Obi-Wan. Le Conseil n’a pas besoin d’être informé de chacun de nos mouvements, je ne suis d’ailleurs pas sûr qu’ils le souhaitent. Tu t’inquiètes trop.
— Vous ne savez pas à quoi je pense tout le temps, grommela Obi-Wan.
— Pas tout le temps, confirma Qui-Gon. Mais en ce moment, si.
— À quoi je pense, alors ?
— Tu penses à ce gâteau à la cantina et au fait que tu aurais aimé avoir davantage de temps pour le finir.
Obi-Wan grogna et se retourna dans son sac de couchage.
— J’ai trop faim pour discuter. Je vais dormir.
Qui-Gon sourit dans l’obscurité. La respiration d’Obi-Wan se fit plus calme, et il fut bientôt plongé dans un profond sommeil.
Qui-Gon s’enfouit plus profondément dans sa couverture et fixa le plafond. Des tâches de peinture s’étaient écaillées, révélant un matériau quelque part entre le brun et le vert. Son propre chemin l’avait bien éloigné de Dooku, mais il avait gardé en mémoire certaines leçons. Une certaine indépendance vis-à-vis du Conseil rendait les missions plus aisées. Ce qui se passait après était une autre histoire. Obi-Wan avait raison. Le Conseil ne serait pas très heureux qu’il ait rejoint les opérations de Cilia.
Qui-Gon fut impressionné par l’organisation de la résistance. Cilia s’était arrangée pour avoir des transporteurs pour toute son équipe, et avait même réussi à obtenir des badges d’identification pour ouvriers de la part du Ministère de l’Attaque et de la Défense de Delaluna.
— Cela doit faire un moment que vous préparez tout ça, remarqua Qui-Gon.
Cilia acquiesça en grimpant dans le transporteur.
— J’ai commencé à y réfléchir lorsque j’étais en prison. J’en avais assez d’une protestation pacifique. Nous devons frapper un coup dur – et gagner.
— Comment faisiez-vous pour communiquer avec votre groupe ? demanda Qui-Gon. Votre mari nous a dit que vous n’aviez pas de visiteurs en prison.
— La résistance a de nombreux amis, expliqua Cilia en rentrant des coordonnées. L’un des gardes de la prison faisait passer les messages en douce. Il avait rejoint les Gardiens mais avait été déçu. Il disait qu’il y en avait d’autres comme lui. Voilà pourquoi je gardais espoir.
Le transporteur s’éleva et se dirigea vers la lune Delaluna. Le voyage ne fut pas très long, et ils eurent bientôt mis pied à terre dans la capitale de Levan.
Cilia avait restreint son groupe. Hormis les deux Jedi, il y avait un expert en sécurité du nom de Stephin et un spécialiste en sécurité nommé Aeran.
Leurs badges fonctionnèrent, ce qui ôta l’une des inquiétudes de l’esprit de Qui-Gon. Le ministère était un endroit agité, ils n’attirèrent donc pas l’attention en traversant les couloirs.
Cilia avait mémorisé la disposition des lieux. Elle les mena vers un turbo-ascenseur, puis leur fit descendre un long couloir qui menait à une aile séparée du bâtiment.
— J’ai eu les plans grâce à une amie, expliqua-t-elle à Qui-Gon. Il y en a certains sur Delaluna qui n’aiment pas non plus la situation. Elle a transmis les plans à Stephin.
Ils atteignirent l’aile réservée au Développement des Armes. Cilia s’arrêta. Elle fit glisser son badge d’identification, mais les portes ne s’ouvrirent pas.
— Stephin ?
— Ça doit normalement fonctionner avec la carte d’entrée, fit-il en se reculant.
Qui-Gon avait analysé la situation en un clin d’œil.
— Il s’agit d’un scan rétinien et d’un code journalier.
— Un code journalier ? (Stephin secoua la tête.) Nous sommes fichus. Je peux le craquer mais ça va prendre des heures. D’autant plus que je n’ai pas mon matériel avec moi.
Qui-Gon admirait le calme de Cilia. Elle ne montrait pas sa déception. Sa peau sembla se raidir sur son visage.
— Nous y sommes, fit-elle. Je ne partirais pas sans ces plans. Nous devons trouver un autre moyen.
— Nous n’avons pas nécessairement besoin de pénétrer nous-mêmes dans l’aile de la sécurité, fit Obi-Wan. Pas si nous réussissons à y entrer grâce à un ordinateur.
Cilia l’observa, intéressée.
— Comment ?
— Nous devons utiliser le seul qui ait accès à tous les fichiers et documents du système, répondit Qui-Gon.
— Celui du directeur, affirma Cilia. Bien sûr. Néanmoins, je ne sais pas quel type de sécurité il utilise.
— Allons le découvrir.
Qui-Gon fit un signe de tête à Cilia afin qu’elle montre le chemin.
Ils retournèrent vers l’aile principale du Ministère. Le bureau du directeur se trouvait derrière un mur poli. Un assistant était assis derrière un bureau. Derrière lui se trouvait une autre porte.
— Il ne fait aucun doute que l’assistant a à sa disposition un signal d’urgence au cas où nous essaierions de forcer le chemin, fit Stephin. Et nous n’avons aucun moyen de savoir si le directeur est dans son bureau ou non.
Ils avancèrent, désireux avant tout de ne pas attirer l’attention. Au bout du couloir, Cilia fronça les sourcils.
— Nous devons le faire quitter son bureau. Il nous faut une diversion.
— Je pense que nous pouvons nous en charger, fit Qui-Gon en s’adressant à Obi-Wan.
Ils s’éloignèrent des autres. Un peu plus loin, près d’un couloir latéral, Qui-Gon repéra ce qu’il cherchait – le bureau de la Sécurité Interne.
— Que faites-vous ? murmura Obi-Wan.
— Tu es un nouvel employé, lui expliqua Qui-Gon. Sois aussi confus que possible et laisse-moi faire le reste.
Qui-Gon avait découvert que les officiers de sécurité des entreprises ou des gouvernements étaient tous les mêmes concernant un seul point. Ils avaient tous peur d’être virés.
Il pénétra dans le bureau et détailla la pièce. Des écrans de surveillance étaient alignés le long de deux murs, et le panneau d’équipements techniques était presque aussi grand que la pièce. Comme il l’avait supposé, il n’y avait qu’un seul technicien dans le bureau. Un homme robuste se leva du siège où il se tenait, jouant au sabacc solitaire.
— J’ai bien cru que je n’arrivais pas, fit Qui-Gon, montrant Obi-Wan. Votre nouvel employé. Autorisation d’en haut.
— Whoa, attendez, doucement, bafouilla l’homme. Qui pensez-vous être ?
— Consultant en sécurité des Industries Constant, fit Qui-Gon. Je présume que le directeur ne vous a pas dit que j’avais été embauché.
Le robuste individu eut l’air un peu confus.
— Pièces d’identité ?
Qui-Gon brandit son badge d’identification.
— Vérifiez sur votre terminal. Ou bien appelez le bureau du directeur.
— Je suis expert en surveillance d’armes haute sécurité, expliqua Obi-Wan. Formé à l’institut technique. Je suis supposé contrôler les systèmes internes et coordonner l’équipe d’intervention armée.
— Attendez une seconde. Je suis à la tête des systèmes internes, s’indigna l’homme.
Obi-Wan soupira et se tourna vers Qui-Gon.
— Plus maintenant, je suppose, fit Qui-Gon. Voyons voir ce que nous avons là.
— Non, attendez une seconde, fit l’homme. Vous ne pouvez pas simplement venir là et…
— Bon, bon, vous avez parfaitement raison. Mais le signal d’alarme va retentir. Nous devons contrôler tout ça rapidement.
— Aucun signal d’alarme n’est prévu.
— Vous feriez mieux de vérifier, fit Obi-Wan. Il y a eu un test du système qui a été ignoré ainsi qu’une anomalie due à un bug d’un terminal qui a corrompu le sous-système. Laissez-moi vous montrer.
Il se dirigea vers le panneau de contrôle.
— Vous n’avez pas le droit de toucher à ça !
— Attendez une seconde. Vous n’avez pas programmé l’alarme de sécurité ? (Qui-Gon attrapa son comlink.) Je ferais mieux d’en informer le directeur.
— Attendez, attendez.
— Je peux le faire si vous voulez, fit Obi-Wan.
— Je vais le faire ! s’exclama l’ouvrier, poussant sévèrement Obi-Wan de côté.
Il appuya sur plusieurs touches, et une alarme retentit.
— Alarme de sécurité, annonça une voix. Rendez-vous à vos postes.
— Viens, fit Qui-Gon à Obi-Wan. Nous devrions contrôler toute la procédure. Elle est souvent ennuyeuse.
— Mais attendez, appela l’homme robuste. Quels sont vos noms ?
Une foule d’êtres se déversait dans les couloirs. À l’évidence habitués aux alarmes de sécurité, ils continuaient de discuter tout en se dirigeant lentement vers les sorties. Obi-Wan et Qui-Gon se faufilèrent à travers la foule.
Cilia les attendait d’un air anxieux.
— Je présume que vous êtes à l’origine de tout ça, fit-elle.
— Oui. Nous devrions avancer rapidement ou nous allons avoir l’air suspect. Est-ce que quelqu’un est sorti du bureau du directeur ?
— Pas encore.
— Les voilà, fit doucement Qui-Gon.
La porte du bureau du directeur s’ouvrit et plusieurs individus en sortirent, se dirigeant vers la sortie.
— Allons-y, entrons, fit Qui-Gon.
Ils laissèrent la foule de côté et se glissèrent rapidement dans la pièce.
— Je pense que vous avez trois minutes ou moins, fit le Jedi à Stephin.
Stephin ne prit pas le temps de répondre, et se mit directement face à l’ordinateur du directeur. Il appuya rapidement sur les touches.
— Tu peux le craquer ? demanda Cilia.
— Un instant.
Les doigts de Stephin volaient littéralement. Qui-Gon était lui-même assez doué dans le craquage d’ordinateurs de sécurité, mais même lui n’arrivait pas à suivre les mouvements de Stephin.
— Je suis dans ses dossiers personnels, fit Stephin. Rien qui ne sorte de l’ordinaire… whoa ! Attendez. J’ai trouvé le dossier de l’Annihilateur. (Il appuya sur quelques touches.) C’est bizarre. On pourrait penser qu’il y aurait beaucoup de fichiers, mais il n’y en a qu’un seul. (Un sous-dossier apparut.) Il est sous-titré Désinformation. Bizarre, non ?
Cilia et Qui-Gon s’accroupirent au côté de Stephin afin de lire le fichier tandis qu’Aeran se penchait au-dessus de leurs têtes. Obi-Wan surveillait l’entrée.
Les yeux de Cilia et de Qui-Gon se rencontrèrent.
— Pensez-vous que ce soit un vrai ? murmura-t-elle.
— Je pense, répondit Qui-Gon. C’est incroyable, mais ça prend tout son sens.
— Je n’y crois pas, fit doucement Aeran.
— Quoi donc ? demanda impatiemment Stephin, qui ne voyait rien à cause de leurs têtes.
— Tu sais, cette formidable arme capable d’éradiquer une civilisation ? demanda Cilia. Elle n’existe pas. Il n’y a pas d’Annihilateur.
— Quoi ? Comment est-ce possible ? s’exclama Stephin.
— Il y a un enregistrement d’une correspondance entre le directeur et le dirigeant de Delaluna, fit Cilia en parcourant le fichier. Le directeur du Ministère a lancé une rumeur disant que Delaluna avait développé une super-arme. Il admet que ce n’est pas vrai, mais suggère de tirer avantage de cette rumeur.
— Pourquoi l’annuler ? demanda Qui-Gon. Ça aiderait grandement à leur sécurité si les autres planètes s’imaginent qu’ils sont trop forts pour être attaqués.
— Ils savent que Jonction 5 les a jadis observés et a pensé les coloniser, glissa Aeran. Donc pourquoi laisser leurs ennemis savoir qu’ils sont vulnérables ?
Cilia brandit sa vibrolame, ses yeux noirs étincelaient.
— Vous savez ce que cela signifie ? S’il n’y a pas d’arme, il n’y a pas besoin que les Gardiens existent ! Nous n’avons pas à les combattre, ils doivent juste être démantelés !
Qui-Gon s’apprêtait à répondre, mais Obi-Wan lui fit un signe.
— Des gardes droïdes approchent, fit-il. Quelqu’un doit savoir que nous sommes ici.
— Nous devons nous enfuir, fit Qui-Gon aux autres. Si nous sommes capturés, l’information ne sera jamais dévoilée.
Cilia prit son blaster.
— Nous sommes prêts.
Chapitre 4
Les droïdes de Delaluna étaient petits, aériens, rapides, et équipés de piques paralysantes et de blasters. Qui-Gon ne reconnut pas le modèle, mais en quelques secondes, il eut estimé leur vitesse, leur tactique et la portée de leurs armes.
Il devait protéger le groupe. Cilia et Aeran étaient adeptes des combats et rapides, mais Stephin n’avait à l’évidence aucune expérience avec les armes. De plus, Qui-Gon devait s’assurer qu’ils aient la preuve que l’Annihilateur n’existait pas.
Obi-Wan avais sûrement pensé la même chose. Il renvoya un tir de blaster vers les droïdes et sauta devant Qui-Gon au moment où trois autres droïdes venaient vers lui. Qui-Gon se pencha et appuya sur la touche « Copie » du terminal. FICHIER COPIE apparut sur l’écran. Il se baissa pour extraire la disquette lorsque deux droïdes vinrent vers lui, un de chaque côté.
Obi-Wan bougea avant que Qui-Gon ne puisse réagir. Il sauta au milieu du combat, son sabre laser en perpétuel mouvement, renvoyant le barrage de tirs de blasters. Qui-Gon attrapa la disquette et la rangea dans sa ceinture, puis effectua un balayage vers l’arrière à l’aide de son sabre laser, ce qui coupa en deux un droïde, l’écrasant sur le sol en un amas de ferraille tordue et de circuits fondus.
Stephin avait trouvé refuge derrière un bureau et brandissait un blaster de poche, tirant occasionnellement et ne touchant que rarement l’un des droïdes aériens. Cilan et Aeran travaillaient dos à dos, se couvrant l’un l’autre alors qu’ils se dirigeaient vers la porte, faisant confiance aux Jedi pour s’occuper des droïdes.
Obi-Wan se lança par-dessus un bureau, frappant un droïde d’un coup bien ajusté qui l’envoya s’écraser contre un mur en un amas de pièces. Dans le même temps, il en transperça un autre. Qui-Gon élimina deux droïdes d’une seule frappe et se dirigea vers Stephin, tandis que Cilia et Aeran détruisaient deux autres droïdes qui bourdonnaient près de la porte.
— Les voilà ! cria l’officier de sécurité, pointant du doigt Obi-Wan et Qui-Gon.
— Il faut y aller, Padawan, fit Qui-Gon.
Il poussa Stephin devant lui, se tournant pour dévier de nouveaux tirs de blasters provenant de l’arrière. Obi-Wan sauta pour décapiter un autre droïde et atterrit dans le couloir, le sabre laser en mouvement. L’officier de sécurité recula, peu désireux d’engager le combat. Il espérait que les droïdes mèneraient cette bataille à sa place.
À l’aide d’une poussée de Force, Qui-Gon fit voler l’officier. L’homme s’écrasa au sol, sonné et incapable de se relever.
— Il y a une sortie de secours par là, fit Cilia, indiquant du menton un couloir latéral. Elle devrait être ouverte, puisque nous sommes au milieu d’une alarme.
Les ouvriers commençaient à revenir à l’intérieur du bâtiment. Ils profitèrent de la confusion pour se séparer et se mélanger à la foule. Qui-Gon et Obi-Wan suivirent Cilia, son fin visage se déplaçant à travers la foule, se dirigeant vers la sortie.
Ils s’arrêtèrent lorsqu’ils furent dehors. Le ciel s’était assombri et un orage menaçait. Quelques gouttes s’écrasèrent contre le bâtiment. Au-loin, dans le ciel sombre, Qui-Gon vit une lueur. Elle avançait rapidement, se déplaçant sous les nuages.
— Un véhicule de la sécurité, fit-il fermement. Nous devrions nous rendre à notre vaisseau.
À cause de la pluie, plusieurs piétons s’étaient abrités sur les trottoirs qui longeaient les bâtiments et les magasins. Une large canopée au-dessus de leurs têtes les protégeait de l’averse, alors que celle-ci débuta. Qui-Gon et les autres accélérèrent le long de ce chemin.
Ils étaient ainsi protégés du vaisseau. La foule agissait comme camouflage. Leur vaisseau n’était pas très loin. Ils grimpèrent à l’intérieur et Cilia démarra aussitôt les moteurs. Ils filèrent dans le ciel noir, fonçant vers Jonction 5.
Cilia laissa échapper un soupir de triomphe.
— Nous l’avons fait. Nous avons réussi !
Stephin secoua la tête.
— Je n’arrive toujours pas à croire qu’il n’y ait pas d’Annihilateur.
— C’est tout ce dont nous avons besoin pour mettre fin à ce règne de terreur, fit Cilia. Nous pouvons directement nous rendre chez le Ministre Ciran Ern et lui dire que l’Annihilateur est un canular. Il dissoudra les Gardiens.
— Nous pouvons libérer nos concitoyens de la crainte et de la terreur, ajouta Aeran. C’est presque trop beau que d’y croire.
— Avant que vous ne fassiez quoi que ce soit, intervint Qui-Gon, je suggère que vous vous posiez une question importante. Les rumeurs ne naissent pas de rien. Si l’Annihilateur est une fausse rumeur, qui l’a émise ?
Les autres s’arrêtèrent.
— Est-ce important de savoir qui l’a émise ? demanda Aeran.
— J’ai bien peur que ce soit très important, expliqua Qui-Gon. Laissez-moi vous poser une autre question. Quand Lorian Nod est-il arrivé au pouvoir ?
— Il y a huit ans, répondit Cilia.
— Et la rumeur remonte à…
Le visage de Cilia changea. La couleur joyeuse disparut, et elle devint pâle.
— Neuf ans, compléta-t-elle.
— Et qui a le plus bénéficié de l’Annihilateur ?
Le visage de Cilia se durcit.
— Les Gardiens. C’est au moment où ils ont pris le contrôle. (Elle le fixa malicieusement.) Donc, vous pensez que Lorian Nod est à l’origine de la rumeur ?
Qui-Gon acquiesça.
— Oui. C’est un bon moyen d’obtenir le pouvoir. Créez quelque chose qui soit suffisamment craint par la population, et ils s’accrocheront à la première personne qui semblera détenir la solution.
— Oui, Lorian est apparu comme étant notre protecteur au début, fit Aeran.
— Ciran Ern est connu pour être l’un des pantins de Lorian Nod, remarqua Cilia.
— Qu’est-ce qui vous fait dire qu’il va autoriser la vérité à éclater au grand jour ? interrogea Qui-Gon. Il a beaucoup à craindre de Lorian, et ce dernier le découvrira sûrement. Je vous garantis que vous allez être dénoncés, soit pour folie soit comme assassin, et que vous serez à nouveau jetée en prison.
— Que peut-on faire ? demanda Stephin.
— Vous devez passer outre les dirigeants et informer le peuple, fit Qui-Gon.
— Impossible, fit Aeran. Les Gardiens contrôlent toutes les communications.
— C’est ce qui rend ça possible, répliqua Qui-Gon après une courte pause. Nous devons prendre le contrôle de ce système. Nous devons découvrir comment il fonctionne et où il se trouve.
— Je sais déjà comment il fonctionne, intervint Stephin. Je faisais partie de l’équipe de conception originelle. Le central de contrôle est sur le domaine des Gardiens. C’est impossible d’y pénétrer.
Cilia acquiesça.
— Le domaine des Gardiens est hors de ma portée. La sécurité y est irréprochable.
— Aucune sécurité n’est irréprochable, remarqua Qui-Gon. Je vous garantis qu’il existe une façon d’y pénétrer.
Les autres le fixèrent. Obi-Wan sourit. Il connaissait déjà la réponse.
— Nous devons nous faire arrêter, fit Qui-Gon.
Chapitre 5
Les Gardiens patrouillant dans toute la ville, il n’était pas dur pour Cilia, Stephin, Qui-Gon et Obi-Wan de se faire arrêter. Ils étaient tous recherchés. Aeran n’avait pas d’avis de recherche sur sa personne mais, en tant que spécialiste des armes, ses aptitudes n’étaient plus nécessaires. Promettant d’informer la résistance qu’un gros évènement allait avoir lieu, elle les quitta.
Qui-Gon suggéra qu’afin de gagner du temps, ils fassent simplement ce que Lorian attendait d’eux. Cilia prétendit vouloir voir son mari. Stephin et elle essayèrent de s’infiltrer dans l’appartement de Jaren en passant par les toits. En quelques instants, ils furent entourés par des Gardiens qui étaient dissimulés. Jaren, le visage pâle, vit sa femme une fois de plus amenée en prison.
Une fois qu’ils furent sûrs que Cilia et Stephin avaient été capturés, Qui-Gon et Obi-Wan se dirigèrent vers la partie de la ville connue pour être le lieu de rassemblement de la résistance. Ils furent arrêtés presque immédiatement.
Les deux Jedi furent amenés au domaine des Gardiens, où ils furent conduits dans une cellule. Cilia et Stephin se trouvaient déjà là.
— Le Gardien Nod sera informé de votre capture après l’allocution planétaire, fit l’officier en fermant le loquet.
La porte en duracier claqua.
— Quelle allocution planétaire ? demanda Obi-Wan à Stephin et Cilia.
— Nod en fait quelques-unes de temps en temps, expliqua Cilia. En général, elles sont consécutives à des alertes concernant l’Annihilateur qui nécessitent des mesures de sécurité plus strictes. Mais nous savons maintenant qu’il s’agit de mensonges.
— Comment est retransmise l’allocution ? demanda Qui-Gon.
— Elle est transmise en simultané sur tous les écrans vidéos de la planète, répondit Stephin. Il y a un studio juste ici, dans le domaine des Gardiens.
— Pouvez-vous vous introduire au milieu de la transmission avec ceci ? demanda Qui-Gon en montrant la disquette qui contenait l’information qu’ils avaient récupérée sur Delaluna.
Stephin acquiesça.
— Absolument. Mais nous devons partir d’ici et nous rendre dans une zone sécurisée. Toutes les lignes du studio passent par le terminal de contrôle central.
— En parlant de ça, comment va-ton sortir d’ici ? demanda Cilia.
— Cela ne va pas être difficile, fit Qui-Gon en écartant sa tunique et révélant son sabre laser.
— Mais, vous n’étiez pas recherché ? s’étonna Stephin.
— Nous avons des moyens de distraire l’attention, expliqua Obi-Wan.
Lui et Qui-Gon avaient utilisé la Force pour éloigner les gardes de leurs sabres laser durant la fouille.
Les Jedi allumèrent leurs sabres laser, et les plongèrent dans la porte en duracier. Le métal devint orange, fondit et se tordit, et ils passèrent à travers le trou. Le couloir était vide, mais une lumière blanche clignotante leur indiqua qu’une alarme silencieuse avait été déclenchée.
Qui-Gon se retourna vers le trou béant.
— Nous avons perdu l’élément de surprise, mais la fuite fut rapide.
— Nous devons avancer rapidement, déclara Cilia.
Ils coururent dans le couloir. Cilia et Stephin connaissaient tous deux le complexe plutôt bien, et ils les menèrent à travers le labyrinthe de corridors vers la station de contrôle centrale. Elle était vide, mais une serrure haute sécurité se trouvait sur la porte. À travers la vitre, ils pouvaient distinguer un alignement de terminaux. Lorian avait déjà commencé son allocution.
— Combien de temps cela va vous prendre de court-circuiter l’émission et de vous y introduire ? demanda Qui-Gon.
— Difficile à dire, répondit Stephin. Trois minutes. Peut-être quatre.
— L’alarme se déclenchera dès que nous entrerons dans le système, fit Qui-Gon. Ils seront alors capables de nous localiser. Faites du mieux que vous pouvez. Nous nous occuperons de ce qui arrivera.
Cilia et Stephin acquiescèrent pour indiquer qu’ils étaient prêts. Qui-Gon et Obi-Wan utilisèrent leurs sabres laser pour enfoncer la porte. Une lumière rouge se mit immédiatement à clignoter. En franchissant la porte, une autre lumière s’alluma.
Ils pouvaient désormais entendre la voix de Lorian Nod.
— … Et c’est avec un grand regret que je me tiens devant vous aujourd’hui. Mais même avec des mauvaises nouvelles, nous pouvons nous rassurer dans le fait que nous sommes forts et capables de nous protéger contre la grande menace…
Stephin se précipita vers la console. Ses doigts se mirent à voler sur les touches. Qui-Gon lui donna la disquette, puis se tourna vers la porte, sabre laser prêt à l’emploi.
Il ne fallut attendre que quelques secondes avant l’arrivée des premiers droïdes. Pour Qui-Gon, il ne faisait aucun doute qu’ils allaient être suivis par des gardes armés. Obi-Wan plongea, son sabre laser illuminant les lieux. Ils se déplaçaient au même rythme, prêt à se protéger l’un l’autre, sachant exactement quand l’autre passait à l’attaque. C’était un moment que Qui-Gon appréciait, lorsqu’il savait ce que son apprenti allait faire avant qu’Obi-Wan ne le fasse. La Force tournait autour d’eux, tellement concentrée qu’on aurait dit de la chaleur et de la lumière, rendant chaque mouvement facile.
En quelques secondes, des morceaux de droïdes fumaient, éparpillés sur le sol.
— Par les étoiles ! souffla Cilia.
Elle n’avait même pas eu le temps de sortir son blaster.
— Encore trois minutes, signala Stephin.
— … nous traquons un groupe d’espions qui prévoit d’anéantir notre société, s’attaquant à la sécurité elle-même. Grâce aux Gardiens, nous allons être protégés d’eux et de leurs plans…
— J’entre les codes de la disquette maintenant, fit Stephin.
— L’information va apparaître sur l’écran, fit Cilia. Mais les citoyens y croiront-ils ?
— Laissez l’audio en route, ordonna Obi-Wan à Stephin.
Obi-Wan avait prononcé ces mots sèchement, comme s’il donnait un ordre. Il ne regarda pas Qui-Gon. Il était totalement concentré sur l’instant présent, sur le problème en cours.
Qui-Gon ressentit une vague de satisfaction. C’est comme si Obi-Wan avait refait un pas sur le chemin qui revenait vers son Maître. Intrigué, Stephin acquiesça.
Qui-Gon entendit le son de bottes résonner dans le couloir.
— Ne les tue pas, dit-il à Obi-Wan.
S’ils pouvaient achever cette mission sans prendre de vie, cela serait une bonne journée.
— … qu’une autre menace potentielle de l’Annihilateur vient d’être découverte…
Les officiers de sécurité arrivèrent, blasters au poing, bâtons paralysants prêts à être utilisés.
— Restez derrière nous ! cria Qui-Gon à Cilia, qui était prête à se battre mais qui recula finalement.
L’échange fut furieux. Qui-Gon sautait, esquivait, essayant d’être partout à la fois. Obi-Wan se déplaçait pour protéger Stephin. Les gardes étaient bien entraînés au combat. Ils restaient constamment en mouvement, usant de manœuvres stratégiques complexes. Qui-Gon réalisa que l’entraînement de Lorian au Temple avait servi à d’autres.
Néanmoins, les officiers de sécurité n’étaient pas des Jedi. Qui-Gon et Obi-Wan pouvaient les tenir à distance. Il entendit d’autres bottes courir le long du couloir ainsi que le vrombissement distinctif d’autres droïdes.
Oui, ils pouvaient maintenir les attaquants à distance, mais si davantage arrivaient, combien de temps faudrait-il avant qu’un tir de blaster ne fasse mouche ?
Qui-Gon vit que la même pensée avait traversé l’esprit d’Obi-Wan. Son Padawan ne flanchait pas, et un nouvel élan d’énergie anima son sabre laser. Il renvoya un tir de blaster et, dans le même mouvement, détruisit deux droïdes d’un coup bien ajusté.
Puis vint le moment que Qui-Gon attendait. L’image de Lorian Nod se brouilla et s’éteignit. Une phrase flasha sur l’écran.
Stephin avait réussi à garder l’audio ouvert. La voix de Lorian Nod rugit.
— Qu’est-ce que c’est ? Que se passe-t-il ? Enlevez-moi ça de l’écran.
MENSONGE À PROPOS DE L’ANNIHILATEUR.
Le titre pouvait être lu clairement. D’autres informations défilèrent sur l’écran tandis que le contenu du fichier était dévoilé.
NOUS NE SAVONS PAS PAR QUI OU COMMENT CETTE RUMEUR À DÉBUTÉ.
— Enlevez ça de l’écran ! hurla Lorian. Vous ne voyez pas ce que c’est, pauvres fous ? C’est un mensonge !
La concentration des officiers de sécurité faiblit. Qui-Gon vit leurs yeux se déporter sur l’écran. Ils essayaient de continuer de se battre et en même temps, tenter d’apercevoir ce qui était inscrit sur l’écran.
Une autre voix se fit entendre sur la bande son.
— Ils disent qu’il n’y a pas d’Annihilateur !
Cela devait venir d’un autre officier présent dans le studio.
— C’est une ruse, fit Lorian. Des espions…
— C’est un document officiel en provenance de Delaluna, fit une troisième voix. Regardez le sceau.
Les officiers s’arrêtèrent tous de combattre. Ils fixèrent l’écran sans y croire. Celui qui avait programmé les droïdes les avait arrêtés. Ils flottaient dans l’air.
— Allons-y, fit Qui-Gon à Obi-Wan.
Ils coururent dans le couloir. Suivant la direction que Stephin leur avait indiquée, ils foncèrent vers le studio et enfoncèrent la porte.
Le visage de Lorian était noir de colère.
— Vous êtes en état d’arrestation, Jedi !
— Je crois que vous vous trompez, fit calmement Qui-Gon. C’est nous qui vous arrêtons.
— Seul le président lui-même peut ordonner une telle chose ! s’énerva Lorian. Gardes, emmenez ces Jedi.
Un garde présent à l’autre bout de la pièce abaissa lentement son comlink.
— L’ordre d’arrestation vient d’arriver, fit-il. Je dois vous arrêter, Lorian Nod, par ordre du Ministre Ciran Ern.
Toute la couleur disparut du visage de Lorian. Il essaya de sourire, mais cela sembla lui coûter tous les efforts du monde.
Observant Qui-Gon et Obi-Wan, il soupira.
— La vie est étrange, fit-il. La galaxie est immense, et pourtant je ne peux pas m’éloigner de ces Jedi. Ils ont détruit ma vie une fois de plus.
Chapitre 6
Lorian Nod était en prison, attendant son procès. Cilia était passé du statut de héros de l’ombre à celui de héros public, pouvant déambuler dans les rues avec son mari. Les Gardiens étaient totalement désordonnés et le ministre avait promis de les dissoudre.
Il était temps pour les Jedi de partir.
Qui-Gon attendait sur la plate-forme de départ en compagnie d’Obi-Wan. Il se rappelait son arrivée sur cette planète en se demandant ce qui allait se passer avec son apprenti. Il était vrai que cette confiance aveugle lui manquait. Il avait vu les défauts d’Obi-Wan, et ses propres défauts. Il avait vu où ces défauts pouvaient les mener, pouvaient les déchirer tel le ferait un violent tremblement de terre sur le noyau d’une planète.
Oui, il y avait bien quelque chose à retirer de tout ça, pensa Qui-Gon. Leur relation pouvait à nouveau commencer, ils en avaient vu le pire et s’étaient mis d’accord sur le fait que la meilleure chose à faire était d’aller de l’avant. Il n’y avait pas eu de trahison. Qui-Gon savait que Dooku avait tort – il n’était pas seul.
— L’idée de laisser la bande son en route était excellente, fit-il à Obi-Wan. Lorian a été piégé par ses propres dénis.
— J’ai pensé qu’il pourrait dire quelque chose qui l’incriminerait, fit Obi-Wan.
— Tu as ordonné à Stephin de le faire, continua Qui-Gon. Tu ne m’en as même pas parlé. Tu ne m’as même pas regardé…
— Je suis désolé, Maître…
— C’était la bonne chose à faire.
Qui-Gon vit passer une lueur de plaisir dans les yeux d’Obi-Wan. Il n’a plus peur de me déplaire, pensa Qui-Gon. Bien.
— On monte ? demanda Qui-Gon.
— Bien sûr, Maître. (Obi-Wan fit une pause et fixa longuement le restaurant de l’autre côté de la route.) Mais ne pourrions-nous pas manger d’abord ? demanda-t-il en souriant. Je pense encore à ce retournement de situation.
Qui-Gon éclata de rire. Oui, son Padawan était de retour. Et le garçon également. Ils pouvaient désormais recommencer.
Quelques années plus tard…
Obi-Wan ne savait pas que le croiseur Jedi en route vers Naboo l’amenait sur ce qui allait être sa dernière mission avec Qui-Gon. Ils avaient néanmoins tous deux compris que le moment approchait où Qui-Gon le recommanderait pour passer les épreuves. Obi-Wan savait qu’il était prêt, mais il n’était pas prêt à quitter son Maître. Il était anxieux d’être indépendant, et également réticent à quitter la protection que lui offrait l’alliance avec son Maître. Ce n’était pas l’appréhension qui le faisait rester, mais la loyauté. L’amitié. L’amour. Ils avaient plus parlé durant ce voyage qu’ils n’avaient jamais parlé auparavant. Qui-Gon avait été bavard comme rarement, et ils s’étaient rappelés d’anciennes missions, d’anciennes querelles. Ils avaient ri des exploits de Didi Oddo, leur ami qui avait toujours des problèmes. Ils s’étaient rappelés des frères loyaux, Guerra et Paxxi, qui dirigeaient désormais de grandes familles sur leur monde natal de Phindar.
De temps en temps, une ombre traversait le visage de Qui-Gon et Obi-Wan savait qu’il se rappelait de Tahl, qu’il avait aimée. Tahl avait été tuée durant une mission sur New Apsolon, malgré tous leurs efforts intenses pour la retrouver et la sauver. Le pilote baissa les lumières pour dormir. Qui-Gon et Obi-Wan ne bougèrent pas pour autant. Ils étaient assis sur leurs sièges, réticents à se rendre à leur couchette. Un silence tomba entre eux, aussi amical qu’habituellement. Dans ce sombre silence, Obi-Wan posa la question qu’il avait sur les lèvres depuis plusieurs mois.
— Maître, pouvez-vous me dire quelque chose dont je manque ? Quelque chose que je ne peux pas voir et que je dois améliorer ?
Il ne distinguait pas clairement le visage de son Maître.
— Tu veux dire un défaut, Padawan ?
— Oui. Vous m’aviez dit que je m’inquiétais trop, j’ai essayé d’y travailler.
— Ah. Tu veux dire que tu t’inquiètes parce que tu t’inquiètes trop ?
La voix de Qui-Gon était douce. Il le testait.
— Je peux être impatient avec les êtres vivants, également. Je le sais. Et je suis peut-être un peu trop confiant en mes capacités, aussi.
Le ton de Qui-Gon devint sérieux.
— Toutes ces choses sont vraies, Obi-Wan, mais ce ne sont pas des défauts. J’ai vu que tu avais travaillé durement. J’ai vu tout ce que tu as accompli.
— Alors quel est mon défaut ? demanda Obi-Wan.
Vint alors un silence si long qu’Obi-Wan se demanda si Qui-Gon ne s’était pas endormi. Puis sa voix s’éleva de l’obscurité, douce et ferme.
— Tu seras un grand Chevalier Jedi, Obi-Wan Kenobi. Je le sais de tout mon souffle, de tout mon cœur. Tu me rendras fier d’avoir été à tes côtés à tes débuts. Si tu dois avoir un défaut, peut-être est-ce simplement celui-ci : tu veux beaucoup trop me faire plaisir.
Partie 4 :
Obi-Wan Kenobi et Anakin Skywalker
-21 BBY
Chapitre 1
Obi-Wan n’avait jamais compris le sens des paroles de Qui-Gon. Il avait prévu de le lui demander après la fin de la mission. Il avait tenté de comprendre ces paroles, les avait oublié, s’en était rappelé à nouveau, les avait éloignés de son esprit pour qu’ils réapparaissent finalement.
Désormais, ils le hantaient.
La Guerre des Clones avait débuté. La galaxie s’était fracturée et la République menaçait d’exploser. Ils avaient découvert que l’ancien Jedi, le Comte Dooku, dirigeait maintenant les Séparatistes. De nombreux Jedi avaient perdu la vie sur Géonosis six mois auparavant. La tragédie de cette bataille avait affligé le Temple, rendant lourds les pas de chaque Jedi. Leur vision avait été assombrie pendant si longtemps. Ils l’avaient réalisé, mais leur vision ne s’était pas éclaircie pour autant. C’était comme si un rideau sombre était tombé sur le Temple.
Et quelque chose avait changé en Anakin Skywalker. Quelque chose qui rendait Obi-Wan mal à l’aise. Et une question inquiète s’était aujourd’hui formée dans son esprit – son amour pour Qui-Gon l’avait-il aveuglé des fautes d’Anakin durant tout ce temps ?
Le malaise qu’il ressentait concernant Anakin, ce sentiment d’effroi qui le faisait se réveiller la nuit, avait désormais un allié : la conviction qu’il était trop tard pour y faire quoi que ce soit.
Son Maître ne pouvait pas avoir deviné tout ce qui s’était mis en place. Néanmoins, il avait mis le doigt sur ce qui était le plus vulnérable en Obi-Wan. Obi-Wan avait ouvert son cœur à Anakin car Qui-Gon croyait que celui-ci était l’Élu. Avait-il trop essayé ? Avait-il prévu ce qu’il n’aurait jamais dû prévoir ?
L’amour n’avait jamais aveuglé Qui-Gon. Mais il m’a aveuglé, moi.
La distance entre lui et Anakin était beaucoup trop grande en ce moment, surtout lorsqu’il avait besoin de garder son Padawan encore plus proche de lui qu’auparavant. Son instinct lui disait qu’Anakin avait profondément changé lorsqu’ils avaient été séparés avant la bataille de Géonosis. Il savait qu’Anakin s’était rendu sur Tatooine et que sa mère était morte. Il savait qu’un lien s’était tissé entre Anakin et la brillante Sénatrice Padmé Amidala.
Il sentait que certains de ces changements avaient eu du bon. Mais pas tous. C’était comme si Anakin avait grandi plus vite – et en secret. Il était une chose qu’Obi-Wan voyait clairement : il avait perdu son innocence. Il était un homme désormais.
Quels qu’aient été les changements, ils n’avaient pas amené la paix en Anakin. Obi-Wan percevait l’agitation de son Padawan, son impatience. Il voyait qu’Anakin ne ressentait pas pleinement la tranquillité émanant du Temple. Il voulait toujours être en action. Il voulait toujours être ailleurs.
Obi-Wan se tenait à l’entrée de la Salle des Cartes du Temple, observant Anakin. C’était l’endroit où il venait lorsque son esprit était agité. Pour une quelconque raison, son Padawan trouvait ça calme de contempler des douzaines de planètes holographiques en mouvement tandis que des voix monocordes entonnaient leurs détails : géographie, langue, gouvernement, coutumes. Hors du chaos, Anakin distinguerait une voix. Puis une autre, et encore une autre, jusqu’à ce qu’ils puissent toutes les distinguer au milieu du chaos.
Anakin était devenu un adepte de ce jeu, Obi-Wan s’en était rendu compte. Les hologrammes tournaient autour de sa tête tels des insectes affamés. Les voix étaient un tourbillon confus pour Obi-Wan. Il n’imaginait pas quelqu’un retrouver la paix en écoutant ceci. Il vit Anakin lever un doigt et ajouter une autre planète au brouhaha.
— Anakin.
Anakin ne se retourna pas, comme l’auraient fait la plupart des individus. Au lieu de ça, il leva une main. L’une après l’autre, les planètes holographiques disparurent, les voix s’éteignirent jusqu’à ce que le silence tombe dans la pièce. Obi-Wan remarqua que la dernière planète à s’éteindre avait été Naboo. Anakin se redressa et se tourna. Obi-Wan vit que son Padawan n’était pas encore habitué à sa main artificielle. Il tenait son bras un peu trop près de son corps. Cette vision déchira le cœur d’Obi-Wan.
— Maître.
— Maître Yoda a requis ta présence.
— Une mission ?
— Je ne sais pas.
Durant les dernières semaines, ils avaient eu beaucoup à faire – beaucoup de plans, beaucoup de combats. Le Conseil Jedi tenait en permanence des séances de stratégie. C’était nécessaire pour avoir en permanence des Jedi là où on en avait besoin. Les systèmes et les planètes étaient désormais vulnérables, et beaucoup étaient des lieux stratégiques. Les Séparatistes gagnaient chaque jour de nouvelles planètes en combinant contrainte et force. Le Chancelier Suprême Palpatine promettait d’aider chaque planète loyale à la République.
— Tu te rends toujours à la Salle des Cartes chaque fois que tu es troublé par quelque chose, fit Obi-Wan en marchant. Tu veux en parler ?
Anakin fit un geste d’impatience.
— À quoi cela servirait-il d’en discuter ?
— Cela pourrait être bon pour toi, répondit simplement Obi-Wan. Anakin, je vois bien que les derniers mois t’ont marqué. Je suis ton Maître. Je suis là pour t’aider, de toute façon.
Il ne voyait son Padawan que de profil, mais sa bouche trembla.
— J’ai vu des choses que je n’aurais jamais souhaité voir. Je ne pensais pas qu’autant de Jedi pourraient mourir. Je ne pensais pas qu’un ancien Maître Jedi pourrait tomber aussi bas.
— La chute du Comte Dooku nous a tous troublés, acquiesça Obi-Wan. Nous sommes désormais face à un grand et puissant ennemi.
Ses pensées convergèrent vers son combat contre Dooku. Il n’avait jamais rencontré une telle puissance en combat auparavant. Il n’avait jamais affronté quelqu’un qui le surpassait complètement. Même le combat contre le Seigneur Sith qui avait tué Qui-Gon avait été différent. Si seulement Qui-Gon avait été vivant, pour lui donner des conseils sur Dooku. Obi-Wan se demanda alors pourquoi Qui-Gon n’avait jamais parlé de son ancien Maître. Il ne serait pas au courant de ses agissements, par ailleurs.
Il aurait aimé avoir plus de temps pour parler à Anakin, mais ils arrivèrent devant la salle de réception où Yoda leur avait donné rendez-vous. Obi-Wan s’avança vers la porte mais celle-ci s’ouvrit avant qu’il ne fasse le moindre geste. Yoda avait toujours une longueur d’avance sur lui.
Mais Yoda avait une surprise de plus. Il se trouvait au milieu de la pièce en compagnie de Lorian Nod. Lorian avait vieilli, ses cheveux étaient désormais complètement blancs. Il n’était pas aussi fin, mais son corps semblait toujours fort. Vêtu d’une cape en veda, il ressemblait plus à un célèbre homme d’affaires qu’à un soldat, mais c’était sans aucun doute Lorian Nod.
— Qu’est-ce qu’il fait là ? aboya Obi-Wan.
Il était souvent dur, presque énervé. Mais parfois il n’avait pas le temps de dissimuler ses sentiments. Anakin n’était pas le seul à avoir développé une certaine forme d’impatience.
— Pour aider les Jedi, Lorian Nod est venu, fit Yoda.
— Vraiment ? fit Obi-Wan, sur l’offensive. Vous êtes venu nous offrir notre propre force de sécurité, Nod ?
Lorian inclina légèrement la tête, comme s’il avait prévu l’attaque d’Obi-Wan et l’acceptait de bonne grâce.
— Je savais que vous seriez sceptique si je venais ici, fit-il. Tout ce que je peux dire, c’est que j’admets ne pas avoir respecté les lois galactiques durant plusieurs périodes de ma vie. Mais aujourd’hui, alors que les choses sont sérieuses, j’ai réalisé que je devais revenir là où j’ai débuté. Je veux aider les Jedi.
— Et comment pensez-vous pouvoir faire ça ? demanda Obi-Wan.
Yoda cligna des yeux à Obi-Wan. C’était juste un clin d’œil, mais il signifiait que le ton qu’il employait n’était pas apprécié.
— Le dirigeant de Jonction 5, Lorian Nod est, déclara-t-il.
Obi-Wan fut de nouveau surpris.
— Et comment avez-vous réussi cela ? La dernière fois que je vous ai vu, vous étiez prêt à aller en prison pour un long moment.
— J’ai en effet été en prison pendant longtemps, répondit Lorian. Après j’en suis sorti.
— Et vous avez repris le pouvoir, fit Obi-Wan, dégoûté.
— Obi-Wan.
La voix de Yoda avait une qualité qu’Obi-Wan reconnaissait, quelque chose qui ressemblait à du duracier plongé dans de la glace.
Réprimandé comme un jeune garçon, Obi-Wan indiqua à Lorian qu’il pouvait continuer.
— J’ai été élu, continua Lorian. Lorsque je suis sorti de prison, les choses n’avaient pas beaucoup changé sur Jonction 5. Puisque Delaluna les avaient autorisés à croire qu’ils possédaient l’Annihilateur, le gros manque de confiance entre eux n’avait pas diminué. La population vivait toujours dans un climat de peur. J’ai suggéré que je sois envoyé sur Delaluna et que je commence des pourparlers avec eux. Étant à l’origine des plus gros troubles, je pouvais être celui qui y mettrait fin.
Obi-Wan croisa les bras, attendant.
— J’aurais échoué, poursuivit Lorian, s’il n’y avait pas eu Samish Kash. Il avait été récemment élu dirigeant de Delaluna. Lui aussi croyait que le manque de confiance entre deux planètes si proches étaient malheureux pour les deux. Il s’imaginait qu’un commerce ouvert ainsi que des voyages entre Delaluna et Jonction 5 seraient bénéfiques à tous le monde. Nous nous sommes donc assis à une table et avons commencé à discuter. Nous sommes parvenus à un accord, et les échanges commerciaux débutèrent. Les frontières furent ouvertes. Nous avons formé un partenariat avec les systèmes de Bezim et Vicondor afin de construire le spatioport Station 88. Nos deux mondes s’épanouissaient et prospéraient. Grâce au succès de notre plan, j’ai été élu dirigeant de Jonction 5 trois ans après. J’ai régné durant un période de paix. Nos deux mondes étaient oubliés par le reste de la galaxie. Au Sénat, nous étions simplement de faibles voix face aux autres. Mais aujourd’hui tout a changé.
— Trouvées, les planètes Jonction 5 et Delaluna ont été. Cruciales pour le succès des Séparatistes, elles sont devenues, fit Yoda.
— Le spatioport Station 88, expliqua Lorian. Nous sommes un point de passage vers les systèmes de la Bordure Médiane.
Yoda leva une main, et une carte holographique apparut. Jonction 5 et Delaluna étaient illuminées.
— Si Jonction 5 et Delaluna dans les mains des Séparatistes tombent, perdre Bezim et Vicondor nous allons, fit-il. Contrôler une vaste portion de la Bordure Médiane, ils vont.
— Le Comte Dooku est parfaitement au courant de tout cela, expliqua Lorian. Il m’a contacté. Jusqu’à présent, il a usé de flatteries pour me faire rejoindre les Séparatistes, et j’ai menti en disant que j’y songeais. Officiellement, Samish Kash et moi ne sommes alliés ni aux Séparatistes, ni à la République. Je ne sais pas de quel côté penche Kash, mais je sais que j’ai gardé mes propres allégeances cachées. Si Dooku savait que j’étais loyal à la République, il pourrait utiliser la force contre ma planète – et c’est quelque chose que je souhaite à tout prix éviter. Et je veux que le spatioport Station 88 reste une base stratégique pour la République.
Obi-Wan comprenait. Il était désormais intéressé. Il comprenait l’importance que pouvaient avoir ces deux petits mondes de Jonction 5 et de Delaluna.
— Pourquoi ne pas simplement déclarer votre allégeance au Sénat ? demanda Anakin. Ils enverraient des troupes pour vous protéger.
— Éparpillés, les troupes de clones sont devenues, fit Yoda. Notre dernière option, cela sera. Une meilleure solution, Lorian a proposé.
— Vous n’êtes peut-être pas au courant, Obi-Wan, mais Dooku et moi étions amis lorsque nous nous entrainions au Temple, expliqua Lorian. Nous avons eu un désaccord, mais c’était il y a bien longtemps. Je ne suis pas sûr que Dooku me fasse confiance, mais il a besoin de moi. Pour lui, ça a du sens que je veuille rejoindre les Séparatistes.
— Ça a du sens pour moi aussi, fit Obi-Wan. Pourquoi pas pour vous ?
— Parce que je me suis rendu compte que rendre les gens en colère ou effrayés est la meilleure façon de réaliser un coup d’état, expliqua Lorian. Les Séparatistes ont un avantage – le Sénat est devenu un lieu corrompu où les besoins des petits systèmes ne sont pas entendus. Ils ont utilisé ce ressentiment comme écran devant leurs réels buts. Qui sont les principaux partisans de Dooku ? Ce sont eux que je regarde. La Guilde des Marchands. La Fédération du Commerce. L’Alliance Corporative. Le Clan Bancaire Intergalactique. Qu’ont-ils en commun, hormis la richesse et le désir de plus de pouvoir ? Ils sont avides. (Lorian secoua la tête.) Je ne suis plus capable de me connecter à la Force comme avant. Mais je n’ai pas besoin de la Force pour savoir que cette route mène vers les ténèbres.
Yoda inclina sa tête, d’accord. Obi-Wan acquiesça également. Il n’aimait cependant pas entendre ça de la bouche de Lorian Nod.
— Maître Yoda, vous avez été le premier à qui j’ai déclaré ma loyauté, et je le suis toujours, fit Lorian. Je sais que j’ai accompli des mauvaises choses dans ma vie, mais je suis ici pour faire le bien. Je suis ici pour servir les Jedi.
— Que proposez-vous ? demanda Obi-Wan.
Il n’était pas intéressé par les remords de Lorian. Seul l’intéressait ce qu’il prévoyait de faire.
— Dooku a prévu une réunion, répondit Lorian. Je lui ai indiqué que Samish Kash était favorable à la République. Il pense qu’il a besoin de moi pour persuader ou forcer Samish de rejoindre les Séparatistes. Il y aura également les dirigeants de Bezim et Vicondor à cette réunion. Dooku a appelé ça un meeting amical, qui aura lieu à sa villa sur la planète Null.
— J’ai entendu parler de ce monde, fit Obi-Wan. Dooku a son leader dans sa poche. Il a été l’un des premiers à rejoindre les Séparatistes.
— Bien qu’il considère ça comme un lieu neutre pour se rencontrer, nous serons évidemment sur son territoire, confirma Lorian. J’ai accepté de venir, tout comme Samish Kash et les dirigeants de Bezim et Vicondor. Nous avons une forte alliance derrière nous. Nous avons toujours agi ensemble. Dooku espère que cela m’aidera pour convaincre les autres à rejoindre les Séparatistes.
— Et qu’est-ce que vous proposez ? demanda Obi-Wan.
— Rien de particulier si ce n’est que j’assisterai à cette réunion en tant qu’espion en espérant ramener des informations utiles, répondit Lorian. Et si les Jedi me demandent une tâche particulière, je l’accomplirai.
— La seule tâche, d’attendre le temps que nous discutions est, fit Yoda.
Il franchit la porte et pénétra dans une pièce intérieure. Obi-Wan et Anakin suivirent.
— Je ne lui fais pas confiance, déclara Obi-Wan dès que les portes se furent fermées derrière eux.
— Ta confiance je ne te demande pas, répliqua Yoda. Ton aide je demande. Peu importe son passé, aider Lorian Nod nous pouvons.
— Il pourrait avoir été envoyé ici par le Comte Dooku, fit Obi-Wan. Cela pourrait être une ruse.
— Peu probable, cela est, fit Yoda.
— Qui-Gon m’a dit que Lorian Nod et Dooku avait jadis été les pires ennemis, rappela Obi-Wan. Pourquoi Dooku lui ferait-il confiance aujourd’hui ?
— Il a dit que Dooku ne lui faisait pas confiance, intervint Anakin. Mais il a besoin de lui. Les alliances sont rarement basées sur la confiance, seulement le besoin.
Yoda acquiesça.
— Sage, ton Padawan est. Que tu es le meilleur pour cette mission, je pense. Mais si refuser tu dois, je comprendrais.
— Que voulez-vous que nous fassions ?
— Sur Null, rendez vous. Cette piste, vous devez suivre. Si digne de confiance Lorian Nod est, découvrir vous devez. De cette information, la chute de Dooku dépendra.
Chapitre 2
Null était un monde recouvert de forêts et de montagnes. Il n’y avait pas de grandes villes, seulement de petits villages montagnards, chacun étant si individualiste que toutes les tentatives d’alliances avaient échoué. Il y avait un gouvernement global et des lois, mais les crimes avaient tendance à être résolus entre villageois selon une ancienne tradition plutôt féroce, une vengeance rapide qui ne laissait aucun témoin.
C’était un monde parfait pour la retraite cachée de Dooku. Les villageois étaient très attachés à la vie privée et gardaient ses allées et venues cachées.
Tandis qu’Obi-Wan manœuvrait le petit croiseur sur la piste d’atterrissage, il survola délibérément l’endroit que les coordonnées indiquaient comme étant la villa de Dooku. Il s’était approprié un logement à flanc de colline ayant jadis appartenu à un monarque qui avait régné des centaines d’années standard auparavant. La maison avait été originellement bâtie en pierre, mais Dooku l’avait recouverte de duracier, ce qui lui donnait le même ton que les montagnes environnantes. Le duracier avait été traité pour qu’il ne brille pas. Il semblait se fondre dans la lumière au lieu de l’absorber. Si Obi-Wan n’avait pas été en train de chercher la villa, il ne l’aurait pas repéré.
Obi-Wan guida le croiseur sur la plate-forme d’atterrissage. Ils se levèrent, se sentant un peu bizarres dans leurs habits. Ils étaient vêtus comme des chasseurs, avec une épaisse cape courte faite en peau d’animal. La chasse était la seule forme de tourisme que Null supportait. Les montagnes étaient pleines de bêtes sauvages recherchées pour leurs peaux, spécialement les rusés laroons. Ils débarquèrent, ressentant aussi la froideur du vent sur leurs visages.
— Le rendez-vous avec Nod est fixé à la Forêt des Piques, fit Obi-Wan à Anakin alors qu’il payait une taxe à un droïde intendant pour laisser son croiseur à quai. Nous devons éviter d’être vus avec lui, même si nous sommes déguisés. Nous aurons le temps de vérifier à l’auberge du village.
Anakin acquiesça en mettant son sac sur l’épaule.
— Ne me faites simplement pas tirer sur quelque chose, dit-il.
Obi-Wan sourit. Cette petite blague lui rappelait les jours où tout allait bien entre eux.
Ils se trouvaient bien en dessous de la ligne des arbres, et le chemin serpentait à travers une lourde forêt. Les montagnes s’élevaient autour d’eux, agressant le ciel de leurs pics enneigés. La plate-forme d’atterrissage avait été bâtie dans la plus haute montagne, qui s’élevait au-dessus des nuages. C’était sous cette montagne que s’étendait le village.
Les arbres touffus s’écartèrent au fur et à mesure de la descente et les toits du village apparurent. Les habitations étaient construites en pierres et en bois et n’étaient hautes que de quelques étages. Des rues étroites naviguaient entre les amas de bâtiments. Les villageois semblaient utiliser un animal vigoureux, le bellock, en guise de transport. Obi-Wan distingua seulement quelques speeders garés au loin.
Puis ils prirent un virage et virent un groupe de speeders étincelants devant un grand bâtiment en pierre, et ils surent qu’ils avaient trouvé l’auberge. Obi-Wan et Anakin entrèrent, gardant leur capuche. À l’intérieur étaient disposés de nombreux sièges qui semblaient faits en peluche. Une cheminée d’une vingtaine de mètres de haut abritait un immense feu qui éloignait le froid ambiant. Plusieurs êtres étaient assis autour du feu, certains consultant des datapads, d’autres buvant du thé. D’après leurs tenues, Obi-Wan devina qu’il s’agissait d’étrangers, très probablement les assistants des dirigeants des quatre planètes. Dans un coin sombre siégeait un chasseur, couvert de peaux, un impressionnant tas d’armes à ses pieds.
— Il possède suffisamment d’armes pour descendre un vaisseau capital, sans parler des laroons, remarqua Anakin d’une voix faible.
Obi-Wan parcourut la pièce du regard. Le mur était fait avec des pierres issues de la montagne, assemblées en formant des motifs complexes. Il ne voyait aucune trace de mortier ou de menuiserie, mais les pierres étaient blotties les unes contre les autres en un équilibre parfait.
Le tenancier sourit en accueillant Obi-Wan et Anakin. À l’évidence, il était natif de Null. C’étaient de grands humanoïdes, qui dépassaient Anakin et Obi-Wan d’un bon mètre. Les hommes portaient des barbes fournies qu’ils tressaient, et les hommes et les femmes étaient tous vêtues d’habits en peaux d’animaux et de bottes mi-cuisse.
— Je vois que vous admirez les pierres de l’auberge, fit-il. C’est un art des natifs. Un coup sur la clé de voûte, et tout le mur s’écroule.
— Et laquelle est la clé de voûte ? demanda Obi-Wan.
— Ah, c’est le secret du fabricant, répondit le tenancier. (Il remarqua leurs sacs et leurs habits de voyage.) C’est toujours un plaisir d’accueillir nos chasseurs dans l’auberge. Comme vous pouvez le voir, nous avons d’importants invités. De très importants… Mais nous ne négligeons pas notre commerce habituel.
Il glissa la tablette d’enregistrement à Obi-Wan.
— Que se passe-t-il ici ? demanda Obi-Wan en se penchant pour signer le registre. Je ne savais pas que Null se trouvait maintenant sur une voie touristique.
Le tenancier se rapprocha.
— Une réunion très importante, je crois. Je ne sais pas à propos de quoi. Mais j’espère qu’il y en aura d’autres dans le futur. Donc réservez vite, ou vous n’aurez rien.
— Bien sûr.
Obi-Wan lui rendit le registre ainsi que les crédits nécessaires à la location d’une chambre. Une jeune femme était assise sur un petit siège calé contre le mur. Il ne l’avait pas remarquée au premier abord, et ne l’aurait sûrement pas remarqué si un éclair de reconnaissance ne l’avait pas parcouru. Il n’arrivait pas à la replacer, mais il sentait qu’il la connaissait. Elle était mince, vêtue d’une tunique vert sombre dont la couleur rappelait celle des feuilles dehors. Une coiffure complexe recouvrait sa tête. Il avait rencontré des milliers d’êtres à travers toute la galaxie, et bien que sa mémoire soit excellente, il était difficile de se rappeler de tout le monde. Ou peut-être qu’elle lui rappelait simplement quelqu’un…
Il se tourna.
— Anakin, est-ce que tu reconnais cette femme en vert, assise contre le mur ?
— Quelle femme ? demanda Anakin.
Il y eut un éclat vert, et la porte de l’auberge se referma. Obi-Wan enfouit la femme dans un coin de son esprit pour y réfléchir plus tard. Il n’aimait pas quand quelqu’un se jouait de lui.
Le chasseur ôta ses mains d’au-dessus du feu, prit ses armes, et se dirigea vers la porte. Les ouvriers natifs de Null s’étonnèrent en le voyant passer, le considérant clairement comme un amateur trop lourdement armé.
— Viens, fit Obi-Wan. Allons à notre chambre. Il est presque l’heure d’aller voir Lorian.
Ils rangèrent tout d’abord leurs affaires dans la chambre, une petite pièce située sous les toits. Ils ne faisaient à l’évidence pas partie de ces « importants invités » que le tenancier avait mentionnés.
Ils sortirent de l’auberge et se dirigèrent vers le chemin qui menait à la forêt. Obi-Wan fit apparaître les coordonnées de rendez-vous sur son datapad. Ils se rencontreraient non loin du village, dans une clairière que Lorian avait déclaré isolée mais facile à atteindre.
En arrivant à la frontière du village, ils virent un villageois dévaler le chemin. Le bruit sourd de ses pas affolés leur parvint clairement.
— Sonnez l’alarme ! hurla-t-il. Il y a eu un meurtre ! Samish Kash a été assassiné !
Chapitre 3
Trois sonneries de cor retentirent tandis qu’Obi-Wan et Anakin fonçaient sur le chemin montagneux. Ils trouvèrent Samish Kash, étendu à quelques mètres du chemin principal. Des villageois accoururent autour de lui, et un speeder arriva. Samish Kash fut chargé sur celui-ci. Obi-Wan aperçut la blessure de blaster à proximité de son cœur. C’était un jeune homme aux cheveux bruns frisés, vêtu d’une simple tunique. De ce qu’Obi-Wan pouvait voir, il était désarmé.
Lorian Nod était là, le visage empli de tristesse. Il fit un signe aux Jedi, puis sauta à bord du speeder qui amenait le corps de Kash.
Obi-Wan vit la jeune femme en vert s’éloigner. Ses épaules tremblaient. Le chasseur aux armes trop nombreuses mit une main sous son coude.
— Une assistante de Samish Kash, murmura l’un des villageois. Elle a découvert le corps.
Alors nous avons vraiment besoin de lui parler, pensa Obi-Wan. Il observa la jeune femme et le chasseur. Il eut un déclic. Ils parlaient d’une façon qui lui fit comprendre qu’ils n’étaient pas étrangers. Obi-Wan commença à se rapprocher, espérant les entendre. Mais ils continuaient de s’éloigner du cercle des villageois, la femme essayant de s’éloigner du chasseur tout en continuant à lui parler.
Alors qu’elle faisait un abrupt mouvement pour se dégager, sa capuche tomba, et il vit qu’elle avait les cheveux blonds, finement tressés et enroulés autour de sa tête. Puis il vit un flash dans ses yeux bleus sauvages. Le chasseur se dépêcha de lui murmurer quelque chose à l’oreille.
— C’est Floria et Dane, fit Obi-Wan.
Anakin suivit la direction indiquée par Obi-Wan.
— Le frère et la sœur chasseurs de primes que nous avons rencontrés sur Ragoon 6 ? Comment pouvez-vous en être sûr ? C’était il y a longtemps.
— Observe attentivement.
Anakin les étudia.
— Vous avez raison. Que font des chasseurs de primes ici ?
— C’est exactement ce que je voudrais découvrir.
Les deux Jedi se déplacèrent rapidement parmi la foule. Floria et Dane s’étaient désormais bien éloignés du regroupement.
— Si tu as fait ce que tu avais à faire… disait Dane.
— Donc tu dis que c’est de ma faute ? (La voix de Floria était choquée, tant par les larmes que par la colère.) Tu as toujours…
— Tu n’as jamais…
Dane s’arrêta de parler lorsqu’Obi-Wan et Anakin se montrèrent.
— Je dois avouer que je n’avais jamais espéré vous revoir, fit Obi-Wan.
Floria et Dane les fixèrent durant un long moment.
— Par les trous noirs et les novas, ce sont les Jedi, fit Dane. (Obi-Wan vit alors ses yeux bleus, les mêmes que ceux de Floria.) Que faites-vous ici tous les deux ?
— Voilà exactement la question que je me pose à votre propos, répliqua Obi-Wan. (Il les éloigna des autres villageois, sous les arbres.) Qui chassez-vous ? Êtes-vous impliqués dans la mort de Samish Kash ?
— Non ! s’exclama Dane. Nous sommes ses gardes du corps !
— À l’évidence, vous faites un boulot formidable, rétorqua Anakin.
Floria fondit en larmes.
— Être chasseur de primes devenait trop dangereux, fit Dane en tendant un mouchoir à sa sœur pour qu’elle essuie ses larmes. Il y avait tant d’entre nous en activité que tout honneur était perdu. Quelques-uns utilisaient des méthodes d’assassins.
— J’en ai croisé, confirma Obi-Wan.
— Nous avons donc décidé de devenir gardes du corps. C’était plus simple. Samish Kash nous a engagés il y a deux mois pour assurer sa protection. Il ne voulait pas des habituels gros bonnets ou droïdes gardes. Il voulait que personne ne soit au courant. Donc Floria se présentait comme une assistante, et j’utilisai des déguisements. Puis la réunion a été planifiée. Samish nous a dit d’être particulièrement prudents. Il est celui qui maintient l’alliance du spatioport Station 88 entière. Sans lui, elle éclaterait. Il est celui en qui tout le monde a confiance. Il pensait donc que si un groupe voulait attaquer le spatioport, ils s’en prendraient à lui en premier. (Dane avait l’air désemparé.)
— Et au lieu de rester dans mon champ de vision, ou dans celui de Floria, comme il l’avait promis, il a disparu. Je l’ai suivi, et…
— Vous l’avez retrouvé mort ?
— Étendu ici, fit Dane. Un tir en plein cœur.
— Et vous n’avez rien vu ?
— En quoi est-ce important ? leur demanda Floria. (Elle avait essuyé ses larmes et son visage était pâle.) Il est mort.
Dane secoua la tête.
— Je suis arrivé trop tard. (Il se tourna vers les arbres.) J’aurais dû…
Dane s’arrêta soudainement et se précipita vers les arbres.
Sans un mot de plus, il décolla. Il laissa son swoop stagner à mi-hauteur un instant. Puis il s’éleva et partit.
— Viens Anakin, fit Obi-Wan, s’élançant à sa suite. Nous devons le suivre à pied.
Les arbres étaient denses par ici, et Obi-Wan vit que Dane avait des soucis pour naviguer entre les troncs. Il devait réduire en permanence sa vitesse. Il était à la poursuite de quelqu’un devant lui, sur un autre swoop, qui apparaissait puis disparaissait entre les arbres.
Ils gagnaient du terrain sur Dane, naviguant plus facilement entre les troncs. Lorsqu’ils ne furent plus qu’à quelques mètres, Anakin sauta pour attraper une branche. Utilisant la Force, il sauta et atterrit à l’arrière du swoop de Dane. Le swoop pencha et se dirigea vers un énorme tronc d’arbre. Dane laissa échapper un cri perçant. Calmement, Anakin se redressa et se pencha pour prendre les contrôles. Il s’éloigna du tronc, fit demi-tour, et revint vers Obi-Wan.
— Il va s’enfuir ! cria Dane.
— Qui ? demanda Obi-Wan.
— Je ne sais pas ! Mais je pense qu’il a tué Kash ! s’exclama Dane, à bout de souffle. Je ne sais pas comment je le connais, mais il m’est connu. C’est un chasseur de primes.
— Ça vous dérange si je prends votre place ? demanda Obi-Wan à Dane.
Ce dernier sauta à terre.
— Avec grand plaisir. Faites juste attention à mon swoop ! prévint-il.
Anakin poussa les moteurs au maximum. Soudain, Obi-Wan souhaita que ce soit lui aux commandes.
Le suspect se retourna et vit qu’il était toujours poursuivi. Il choisit un chemin difficile à travers les arbres. Les passages étroits étaient difficiles à prendre, surtout à haute vitesse. Anakin faisait zigzaguer le swoop, tournant constamment afin de prendre les ouvertures avec le meilleur angle, sans ralentir. Il fonçait à travers les feuilles et les branches. Ils gagnaient du terrain, mais Obi-Wan était sûr qu’il allait perdre un bras ou une oreille dans l’affaire.
— Tu ne pourrais pas ralentir ? hurla Obi-Wan par-dessus le son des moteurs qui hurlaient et des branches qui craquaient.
— Et cesser de m’amuser ? demanda Anakin.
Il exécuta un léger virage sur la gauche, puis fit tanguer le swoop, dans un sens puis dans l’autre. Obi-Wan essayait de retrouver son souffle.
Le sol s’éleva brusquement. Le suspect accéléra. Il passa entre deux arbres, mais perdit le contrôle. Le swoop tangua, heurta le bord de l’arbre suivant, ce qui envoya tourbillonner l’appareil. L’assassin sauta juste avant que son véhicule ne s’écrase contre le tronc d’un gros arbre. Il heurta le sol et se mit à courir.
— Nous le tenons, fit Anakin, poussant les moteurs.
Obi-Wan capta des tâches marron qui naviguaient entre les arbres alors qu’ils continuaient d’avancer. Une sorte de terre sombre ? se demanda-t-il. Les tâches avaient des cheveux qui partaient en l’air tel des jambes. C’était des jambes, réalisa-t-il.
Des araignées. De la taille d’un petit rongeur. Obi-Wan avait lu quelque chose à leur propos sur ses notes avant son départ pour Null. Elles n’étaient pas dangereuses, mais on devait faire attention à leur…
— Anakin, attention !
Devant eux, l’éclat du soleil permit de distinguer les épais filaments de la toile d’araignée géante tissée entre deux arbres. Le swoop y fonça la tête la première. La toile ne se cassa pas. Les araignées de l’espèce reclumi tissent une toile si forte qu’elle est capable d’arrêter un véhicule en mouvement.
Ce qu’elle fit.
Chapitre 4
Le swoop rebondit, s’écrasa dans l’arbre derrière eux, puis revint s’engluer dans la toile. Les épais filaments s’accrochèrent à la peau et aux cheveux d’Obi-Wan, et certains furent pris dans sa bouche. Lorsqu’il essaya de les retirer, il eut ses doigts collés.
— Aarrgh ! s’étrangla Anakin alors qu’il essayait lui aussi de retirer la toile de son visage.
Obi-Wan réussit à dégager son sabre laser et à l’allumer. Il découpa un trou dans la toile, et tomba sur le sol de la forêt. Anakin atterrit près de lui. Des filaments de toile étaient toujours accrochés à leur peau. Ils essayèrent de les enlever, mais ils collaient aussi bien que de la colle forte. Le swoop pendait mollement devant eux, et une araignée aux jambes longues de plus d’un mètre s’approcha pour voir ce qu’elle avait attrapé.
Pendant ce temps, l’assassin avait disparu. Ils devraient le pister.
Ils se mirent à courir à travers les arbres, serpentant au milieu de la forêt. L’assassin avait fait demi-tour. Après un peu plus d’un kilomètre de poursuite, Obi-Wan suspecta qu’il revenait vers le village.
Ils arrivèrent sur un autre chemin qui descendait abruptement. À travers les arbres, ils distinguaient de temps à autres les toits du village. Le chemin s’arrêta à la frontière du village, près des bâtiments extérieurs. Une grosse bâtisse en pierre disposait d’un parking pour speeders.
— Anakin, stop. Le voilà.
L’assassin se déplaçait d’ombre en ombre à travers la rue. Désormais, ils pouvaient voir qu’il s’agissait d’un mâle humain, vêtu d’habits sombres et d’un casque avec une visière qui dissimulait son visage.
Puis Lorian Nod apparut, provenant d’un autre chemin issu de la montagne. Il marchait rapidement et ne remarqua pas les Jedi.
— Il va rencontrer Lorian, fit Anakin.
Les rues devinrent soudain emplies de villageois. Ils surgirent, criant dans leur langage, brandissant des blasters ainsi qu’une arme locale, une lame aiguisée placée sur un épais morceau de bois. L’assassin se fondit dans les ombres.
Les villageois dévalèrent la rue. Lorian était perdu au beau milieu d’entre eux. Soudain, Obi-Wan vit que Floria et Dane étaient poussés au devant de la foule. Leurs mains étaient liées par des menottes électriques.
Dane aperçut Obi-Wan.
— Ils pensent que nous avons tué Samish ! cria-t-il. Aidez nous !
Floria et Dane furent poussés sans ménagement. Les villageois entrèrent dans le bâtiment en pierre tels une bête géante. La rue fut soudain vide. Lorian s’était évanoui.
— Devons-nous partir à sa recherche ? demanda Anakin.
Obi-Wan soupira.
— Il n’ira nulle part. Nous ferions mieux de voir ce qu’il va advenir de Floria et Dane.
Ils entrèrent dans le bâtiment. C’était une simple prison, mais la sécurité n’était pas sophistiquée. La cellule était une petite pièce dans un coin avec une porte en duracier et un simple code de sécurité. Il n’y avait pas de gardes officiels, pas d’écrans, aucune preuve de dispositif d’enregistrement vidéo ou audio. Elle était à l’évidence utilisée comme cellule de détention en attendant que les villageois appliquent leur propre justice.
Les locaux s’assirent autour d’une immense table en bois, buvant du thé, des grogs, et débattant. Obi-Wan s’avança.
— Nous aimerions voir nos amis.
— Ils sont nos prisonniers.
Cela venait d’un gros villageois qui siégeait au bout de la table.
Obi-Wan plongea la main dans son sac et jeta la peau d’un laroon sur la table. Ils avaient apporté des peaux et des fourrures pour couvrir leurs identités.
— Nous aimerions voir nos amis, répéta-t-il.
La fourrure du laroon fut inspectée par des doigts experts. Puis le villageois acquiesça. Il se leva lentement, déverrouilla le loquet, et tapa le code de sécurité. La porte s’ouvrit.
Dane marchait dans la cellule. Floria était tranquillement assise sur une chaise. La porte se referma derrière les deux Jedi.
— Par les étoiles vous êtes là, fit Dane. Ils vont nous tuer.
— Ne sois pas si pessimiste, fit Floria. Tu n’en sais rien.
— Laisse-moi t’expliquer. Ils ont débattu entre l’utilisation de blasters ou le faire plus lentement en nous jetant dans un nid de laroons. Qu’est-ce que tu en conclus ? demanda férocement Dane.
— Ils ne peuvent pas nous tuer sans procès, s’indigna Floria.
Obi-Wan remarqua que ses joues avaient retrouvé une certaine couleur. Floria avait été une jolie jeune fille. C’était aujourd’hui une belle femme.
— Bien sûr qu’ils le peuvent ! Nous sommes sur Null ! Ils ne s’embarrassent pas avec des procès ici ! s’exclama Dane.
— Floria, Dane, si vous pouviez arrêter de vous disputer un instant, fit Obi-Wan en levant une main. Ont-ils des preuves contre vous ?
— J’ai découvert le corps, et Dane est arrivé juste après, répondit Floria.
— En d’autres termes, ils n’ont pas besoin de preuves, reprit Dane. Nous sommes des étrangers. Nous ne faisons pas partie du voisinage. C’est tout ce qu’ils ont besoin de savoir.
Il s’appuya contre le mur de la cellule et glissa jusqu’à être assis par terre.
— Nous allons vous protéger des villageois, fit Obi-Wan. Mais vous devez nous aider.
— Vous étiez les gardes du corps de Kash, fit Anakin. Vous devez bien avoir quelques suspects. Qui aurait pu engager cet assassin ?
Floria secoua la tête, Dane soupira.
— Tout le monde et personne à la fois, répondit Dane. Il n’avait pas d’ennemis particuliers. Il avait amené paix et postérité à son peuple. Mais avec toute cette affaire Séparatiste, tout a changé. Cela pourrait être Dooku lui-même. Cela aurait pu être l’un des deux autres membres de l’alliance, Telemarch ou Uziel, s’ils veulent la contrôler.
— Vous n’avez pas mentionné Lorian Nod, remarqua Anakin.
— Lui aussi aurait pu. (Lorian avait le regard sombre.) Je ne fais plus confiance en personne.
— Pas Lorian Nod, intervint Floria. Ils ont commencé l’alliance ensemble.
Obi-Wan s’accroupit près de Dane.
— Dane, l’assassin vous semblait familier. Vous devez vous rappeler où vous l’avez rencontré.
Dane enfouit sa tête dans ses mains.
— Floria et moi ont voyagé à travers toute la galaxie. J’ai rencontré tellement de gens. Il fait partie d’une lignée de mauvais. J’ai vraiment besoin d’arrêter tout ça… (Il leva la tête.) Au fait, comment va mon swoop ? En bon état ?
Obi-Wan et Anakin échangèrent un regard.
— Hé bien, il n’ira plus nulle part, fit Anakin.
— Nous avons foncé dans une reclumi, compléta Obi-Wan.
— Web ! s’écria Dane.
— Oui, et une grosse1, remarqua Obi-Wan.
— Non, Web ! C’est son nom ! À l’assassin, expliqua Dane. Je l’ai rencontré il y a environ deux ans. Robior Web. Nous avions été auditionnés pour le même boulot mais il n’a pas été engagé. De ce que j’en sais, il avait commencé comme officier de sécurité mais la force dans laquelle il était a été dissoute et il s’est retrouvé sans travail. Il a la réputation d’accepter les gros contrats, des assassinats, des choses comme ça. C’était un Gardien sur Jonction 5.
Obi-Wan se leva lentement.
— Voilà notre lien avec Lorian Nod, fit-il.
Chapitre 5
Promettant de revenir, Anakin et Obi-Wan sortirent de la prison et coururent vers l’auberge. Ils trouvèrent Lorian Nod dans un recoin sombre du salon, en pleine discussion avec les dirigeants de Bezim et Vicondor. Obi-Wan et Anakin restèrent cachés, et tendirent l’oreille.
— Que se passe-t-il ? demandait Yura Telemarch, la voix pleine de détresse. (Le dirigeant de Bezim était un grand humanoïde au crane arrondi et à l’air grave.) Pensez-vous que le Comte Dooku soit derrière le meurtre de Kash ?
— Je ne sais pas, Yura, répondit Lorian. Ils ont arrêté les gardes du corps de Samish. Il pourrait s’agir d’un complot interne à Delaluna.
— Nous ne sommes pas en sécurité ici, fit Glimmer Uziel, la dirigeante de Vicondor. (Elle avait une voix musicale et une peau pâle dorée. Quatre petits tentacules pendaient délicatement dans l’air.) Et si c’était un piège ? Il y en a parmi mes assistants qui disent que le Comte Dooku ne se montrera pas. Il nous a réunis ici pour tous nous tuer et prendre la station par la force.
— Sans Samish, notre alliance est plus faible, fit Yura. Il ne fait aucun doute que la pression va augmenter. Qu’en pensez-vous, Lorian ?
— Je pense que pour l’instant, nous devons faire confiance à Dooku, répondit-il en se levant. Je suggère que vous preniez un peu de repos. La réunion est prévue pour dans une heure.
À contrecœur, Yura et Glimmer se levèrent et se dirigèrent vers les escaliers. Dès que les dirigeants furent hors de vue, Obi-Wan et Anakin se dirigèrent vers Lorian.
— Faire confiance à Dooku ? demanda Obi-Wan d’un air sardonique. Bon conseil, Lorian.
— Qu’espériez-vous que je dise ? demanda-t-il. Dooku ne doit pas savoir que je suis contre lui.
— Êtes-vous contre lui ? demanda Obi-Wan. Les choses ont changé maintenant que Samish Kash est mort. Si quelqu’un voulait mettre à mal l’alliance, c’est réussi.
— Êtes-vous en train de m’accuser d’avoir tué Samish ? Il était mon ami.
— C’est vous qui le dites. Avez-vous entendu parler de Robior Web ? demanda Obi-Wan.
Lorian fronça les sourcils.
— Le nom m’est familier, mais…
— C’était un Gardien.
— Ne vous attendez pas à ce que je me rappelle de chaque Gardien.
— Il travaille en tant qu’assassin.
Lorian prit quelques instants pour répondre.
— Il se trouve sur Null ?
— Oui. Dane l’a reconnu.
Lorian acquiesça lentement.
— Vous pensez que ce Web a tué Kash, et que je l’ai engagé pour le faire.
Voyant qu’Obi-Wan ne disait rien, il continua.
— Je ne l’ai pas fait. Et si vous réfléchissez un instant, vous verrez que le seul moyen d’annuler l’alliance est de tuer un de ses membres et de faire porter le chapeau à un autre. Ce n’est pas un hasard si l’assassin est un ancien Gardien. À l’évidence, on veut que je sois suspect.
— À l’évidence, fit Obi-Wan.
— Et c’est exactement ce que Dooku veut que Yura et Glimmer fassent, continua Lorian. C’est ainsi qu’il fonctionne. Il attend. Il observe. Il aime ruiner les loyautés. Il aime fracturer des liens. Il aime encourager les trahisons.
Tout ceci était vrai, mais ça ne signifiait pas que Lorian n’était pas coupable. Simplement intelligent.
— Il y a plus en jeu ici que ce que la Force peut ressentir, fit Lorian. Et davantage que ce que notre logique peut déchiffrer. Il y a des sentiments à l’œuvre, Obi-Wan. Et parmi eux, ceux que j’éprouvais pour Samish. Je ne l’ai pas fait.
— Nous avons seulement vos mots pour le croire, et rien d’autre, fit Obi-Wan. C’est là le problème.
— Alors, il n’y a qu’une seule solution au problème, contra Lorian. Vous devez me faire confiance.
— Pouvez-vous me donner une seule raison de le faire ? demanda Obi-Wan.
Lorian hésita.
— Non. Je ne peux pas prouver mon honnêteté.
— Alors nous continuerons à vous suspecter, fit Anakin.
— Nous venons du même endroit, fit Lorian en les regardant tour à tour. J’ai été élevé au Temple. Je me suis éloigné de ses enseignements pendant un temps. Pourquoi ? Car j’étais effrayé. J’étais jeune et seul, et j’ai fait un pas en arrière, le seul que je me sentais capable de faire. Puis j’en ai fait un autre, et encore un autre, jusqu’à atterrir dans une vie que je ne reconnaissais plus.
— Ce sont des excuses, fit Obi-Wan. Allez dire ça au peuple de Jonction 5. Allez dire ça à Cilia Dil.
— J’ai blessé mon peuple, admit Lorian. Et je dois bien admettre que Cilia ne fait pas partie de mes soutiens. Elle n’a pas oublié ce que j’ai été. Je sais que tout ce dont je dispose, ce sont des excuses. Quand vous vivez une vie remplie de mauvaises choses, que vous reste-t-il hormis des excuses et des regrets ? (Il fit une pause.) Croyez-vous en la rédemption, Obi-Wan ?
Bien que la question ait été adressée à Obi-Wan, ce fut Anakin qui répondit.
— Oui.
— Moi également, jeune Anakin Skywalker, fit Lorian. C’est ce qui me permet d’avancer. À la fin de ma vie, je ferai le bien. C’est tout ce que je peux vous dire pour le moment.
— Est-ce que vous le croyez ? demanda Anakin alors qu’ils sortaient de l’auberge.
— Je pense qu’il s’exprime très bien, répondit Obi-Wan. Et je ne sais pas quoi croire. Pas encore.
Qui-Gon aurait-il su ? Il avait toujours semblé savoir en qui faire confiance.
— Parfois, vous être trop dur, fit Anakin. Des erreurs sont faites. Ce sont des choses qui arrivent. Ce qui veut dire que le changement peut arriver, également.
— Le sens même de la vie est le changement, fit Obi-Wan, un peu surpris par la caractérisation qu’Anakin avait donnée de lui.
Elle lui fit mal. Il ne pensait pas être dur envers les autres. Peut-être cela avait-il été vrai jadis, mais Qui-Gon lui avait beaucoup appris.
— Je n’ai pas dit que je ne croyais pas Lorian. Mais je ne peux pas oublier le reste de sa vie simplement parce qu’il me dit que je le devrais. S’il est allié à Dooku, nous devons découvrir ce qu’ils préparent. Et s’il ne l’est pas, nous devons quand même découvrir ce qu’il se passe.
— Quelle est donc notre prochaine étape ? demanda Anakin.
— N’as-tu pas une suggestion ? demanda en retour Obi-Wan.
— Je me pose une question, fit Anakin. Si Robior Web a été engagé pour tuer Samish Kash, alors sa mission est accomplie. Pourquoi est-il toujours sur Null ? Les assassins restent rarement sur les lieux après avoir accompli un travail.
— Il allait rencontrer Lorian et faire son rapport, proposa Obi-Wan.
— Cela pourrait être vrai, fit Anakin, mais cela se fait habituellement par comlink ou datapad. Habituellement, un assassin et son employeur n’aiment pas être vus ensemble.
— Donc s’il est encore sur Null, c’est qu’il doit avoir une autre mission à accomplir avant la réunion, déduisit Obi-Wan. Peut-être devrions-nous le trouver.
— Bien sûr, fit Anakin. Mais comment ? C’est une grande montagne.
— Tout à fait, fit Obi-Wan. Si j’étais Web, je chercherais un moyen de transport. Le sien a été détruit. Je procéderais sans attirer l’attention, donc cela signifie oublier ceux des villageois et des assistants. Mais il sait où un autre…
Anakin sourit et termina la phrase.
— … se trouve.
Lorsqu’ils arrivèrent là où se trouvait le speeder de Dane, emmêlé dans la toile d’araignée, Robior Web se trouvait déjà dans l’arbre, en train d’essayer de couper la toile avec sa vibrolame. Il était clair qu’il était là depuis un bon moment. Ses mains et sa tunique étaient recouverts de l’épaisse toile gluante. Il avait réussi à libérer l’arrière du swoop, et il pendait par les poignées, celles-ci toujours collées à la toile. Sur le sol gisait une araignée reclumi, taillée en pièces, victime de la même vibrolame en essayant surement de défendre sa toile.
Robior Web consulta son chrono, puis attaqua la toile encore plus férocement. Il réussit seulement à enrouler un gros filament autour de son bras. Ils ne pouvaient pas entendre ses jurons, mais ils percevaient sa frustration.
— Le temps presse, remarqua Obi-Wan. M’est avis qu’il a un rendez-vous.
Dans un dernier coup sauvage, Robior Web réussit à couper l’un des filaments, mais il s’étira, puis revint sèchement sur le corps du swoop. Celui-ci devint alors encore plus englué.
Dans un cri étranglé, l’assassin sauta de l’arbre et se mit à courir dès qu’il heurta le sol.
Obi-Wan et Anakin le suivirent. Ils prirent garde à rester bien en retrait, mais sa piste était facile à suivre au milieu de la forêt. Il se dirigeait vers la montagne et grimpait continuellement.
— Je pense qu’il se dirige vers la plateforme d’atterrissage, fit Obi-Wan. Nous allons arriver par en haut.
Après une montée difficile, ils réalisèrent qu’Obi-Wan avait raison. Robior Web franchit un sommet et disparut au-delà. Obi-Wan et Anakin attendirent un instant, puis grimpèrent derrière lui et le guettèrent. Web se dirigeait vers la plateforme d’atterrissage en contrebas.
Au-dessus de leurs têtes, le soleil fut soudain masqué. Ils levèrent la tête, et virent qu’un immense vaisseau arrivait. Robior Web accéléra son allure et glissa sur la plateforme déserte. Derrière le transporteur, un petit vaisseau descendit du ciel, qui ne ressemblait à aucun autre dans la galaxie.
— Dooku est arrivé, fit Obi-Wan.
Le vaisseau solaire se posa. La rampe de débarquement s’abaissa et la grande et élégante silhouette du Comte Dooku apparut. Obi-Wan sentit qu’Anakin se tendait. Inconsciemment, il toucha la main métallique qui remplaçait celle que Dooku avait prise.
— Ainsi donc, Dooku a engagé l’assassin, murmura Obi-Wan lorsqu’il vit Robior Web s’arrêter et s’incliner devant le Comte. Avec ou sans l’aide de Lorian, nous ne savons pas.
Distrait, il n’avait pas vu qu’Anakin avait commencé à se lever jusqu’à ce que celui-ci soit presque debout.
— Anakin, qu’est-ce que tu fais ? Baisse-toi.
— Allons-y, maintenant, fit Anakin.
— Baisse-toi, insista Obi-Wan.
À son grand soulagement, Anakin s’accroupit à nouveau. Il le fixa, les yeux plein d’envie et de colère.
— Nous avons une chance d’en terminer ici et maintenant, fit le Padawan. Allons le tuer. Nous pouvons l’avoir ensemble. Nous ne referons pas les mêmes erreurs.
— Comme agir trop vite sans même avoir un plan ? demanda Obi-Wan. C’est ce qui t’as coûté ta main l’autre fois, et tu veux le refaire, Padawan ?
— Qu’est-ce qu’on attend ? continua Anakin. Nous l’avons loupé à Raxus Prime, mais ce ne sera pas le cas ici. Si nous le tuons, nous éliminons le mouvement Séparatiste. Qu’est-ce qu’une vie contre des milliers ? Peut-être des millions ?
— Anakin…
— Il a tué nos frères et sœurs sur Géonosis, fit Anakin amèrement. Avez-vous oublié comment ils sont morts ?
— Je m’en rappelle à chaque instant, répondit Obi-Wan. Mais ce n’est pas le moment. Ce n’est pas la bonne voie.
— Vous ne savez pas ce dont je suis capable, fit Anakin d’un ton impérieux. Ma connexion à la Force est plus puissante que la votre. Je vous dis que je peux le faire ! Peu importe ce que vous en pensez.
Obi-Wan était choqué.
— Tu es encore mon apprenti, fit-il sèchement. Je suis ton Maître. Tu dois obéir.
Anakin eut un air maussade.
— Anakin, tu dois me faire confiance, fit Obi-Wan avec conviction. Il y aura un autre moment pour affronter Dooku. Mais ce n’est pas l’heure.
Anakin l’observa. L’air maussade avait disparu. Son regard était clair et calme. Obi-Wan pouvait presque y lire un certain contentement. Mais au moment où cette pensée le traversa, cet air quitta le visage de son Padawan. L’avait-il réellement vu ?
— Regarde là-dessous, fit Obi-Wan. Que penses-tu qu’il y ait dans ce transporteur ? Des super droïdes de combat. Nous serions morts avant d’avoir fait deux pas sur cette plateforme. Regarde, ils sont en train d’être déchargés.
Anakin baissa les yeux vers la plateforme. Des lignes de droïdes se rangèrent en formation en descendant du transporteur. Obi-Wan vit clairement la façon dont l’esprit d’Anakin se focalisait sur le problème immédiat. Il ressentait presque la colère de son Padawan s’éloigner de lui.
Mais pourquoi cette colère s’était-elle manifestée en premier lieu ? Obi-Wan eut un pressentiment, il vit en un flash quelque chose de beaucoup plus sombre que tout ce qu’il avait connu auparavant.
— Il ne prend aucun risque, devina Obi-Wan. Si les choses ne vont pas comme il le souhaite à la réunion, il utilisera la force.
À regrets, Anakin détourna le regard.
— Nous devons les prévenir.
— Oui, fit Obi-Wan. Mais prévenir qui ? N’importe lequel d’entre eux peut être allié secrètement à Dooku. Nous devons agir avec précaution. Nous devons trouver à qui en parler en premier.
— Je dirais Floria, fit Anakin.
— Pourquoi Floria ? demanda Obi-Wan, intrigué.
Il ne voyait pas à quoi pensait Anakin. Il le voyait rarement d’ailleurs. Mais au moins, il était heureux qu’ils soient en train de parler.
— Je sens qu’elle ne nous dit pas tout ce qu’elle sait, expliqua Anakin.
Obi-Wan réfléchit. Lui aussi avait capté quelque chose émanant de Floria. Mais il avait été trop concentré sur Lorian pour s’en occuper.
Ton esprit doit se trouver partout à la fois, Padawan. La confiance a de nombreux visages.
Oui, Qui-Gon.
— Il y a plus en jeu ici que ce que la Force peut ressentir, fit Anakin, répétant les mots de Lorian. Il a parlé de sentiments. Que voulait-il dire ?
— Je ne sais pas, répondit Obi-Wan.
— C’est pourquoi nous devons aller parler à Floria, fit Anakin.
Il se leva rapidement et se mit à courir. Obi-Wan dut mettre un coup de boost pour le rattraper.
— Vous vous rappelez, demanda Anakin, comment elle était bouleversée lorsqu’elle a découvert le corps de Samish Kash ?
— Elle venait d’échouer dans sa mission de le protéger, fit Obi-Wan.
— Je pense que la perte est beaucoup plus personnelle, fit Anakin. Plus tard, elle en parlait en l’appelant “Samish”. Alors que Dane persistait à l’appeler “Kash”. Je pense qu’elle était amoureuse de lui.
— En quoi est-ce utile à notre mission ? demanda Obi-Wan.
Anakin le fixa longuement. Ils dévalaient une montagne, et Anakin trouvait encore l’énergie pour lui lancer un regard dédaigneux.
— L’amour est toujours utile, fit-il.
Chapitre 6
Une autre fourrure leur donna accès à la cellule.
— Prenez votre temps, fit le villageois en leur ouvrant la porte. Nous avons décidé de les tuer demain à l’aube.
Les autres villageois grognèrent et tapèrent du poing sur la table. Ils buvaient du grog depuis un bon moment. La porte se referma derrière les deux Jedi, étouffant leurs rires.
— Tu as entendu ça ? souffla Dane à Floria.
— Elle n’est pas effrayée, remarqua Anakin. Pourquoi donc, Floria ?
— Je ne panique pas comme mon frère, c’est vrai, admit-elle.
— Et vous ne pleurez plus, fit Anakin. Pourquoi ?
Floria tourna ses incroyables yeux bleus sur Anakin. Ils se fixèrent durant un long moment.
— Vous l’aimez, fit Anakin.
— Bien sûr qu’elle m’aime, fit Dane. Je suis son frère.
Un autre long silence. Anakin attendit. Obi-Wan restait très attentif.
— J’aime Samish, admit Floria.
Sa peau trembla et ses yeux étincelèrent, comme si dire les mots à voix haute lui avait procuré un immense plaisir.
— Tu aimes qui ? s’écria Dane.
— Et il est encore en vie, fit Anakin.
Floria acquiesça.
— Quoi ? hurla Dane, qui se précipita face à Floria. Tu aimes Samish Kash, et il est encore en vie ?
— Dane, arrête. On lui a tiré dessus, mais il a survécu, expliqua Floria. Il a décidé de laisser croire à tout le monde qu’il était mort. Il voulait découvrir qui avait mis un prix sur sa tête et pourquoi. L’alliance est très importante pour lui, et il ne fait pas confiance à Dooku.
— C’était notre employeur ! s’exclama Dane. Nous travaillions pour lui. Tu étais son garde du corps. Tu as agi contre tous les standards professionnels…
— Calmez-vous, ordonna Anakin en se tournant vers Dane. Floria ne pouvait pas exprimer ses sentiments.
— On peut toujours exprimer ses sentiments, fit Dane. Les sentiments ont besoin d’être partagés. Sinon ils deviennent totalement hors de contrôle.
Obi-Wan ignora Dane.
— Lorsqu’on vous a vus pour la première fois, vous pensiez que Samish Kash était mort. (Voyant que Floria acquiesçait, il continua.) Comment avez-vous découvert qu’il était vivant ?
— Tu m’as laissé croire que j’allais être exécuté, cria Dane, balayé par une soudaine vague d’indignation.
— Lorian me l’a dit, expliqua Floria. Il avait amené Kash à la clinique. Lui aussi avait cru qu’il était mort. Kash s’est réveillé sur la table médicale. Lorian a soudoyé le docteur et lui et Samish ont mis un plan au point. La première chose que Samish a demandée à Lorian a été de m’informer. Juste après, nous avons été arrêtés.
— Et tu n’as pas pensé à dire que la personne que nous soupçonnée avoir tué n’était pas morte ?
— Je ne pouvais rien dire. Pas avant la réunion. Si Dooku avait un plan, il aurait été mis en route à ce moment là. Lorian et Samish décidèrent que ce dernier se montrerait à la réunion. Si Dooku était à l’origine de son assassinat, cela devrait mettre à mal ses plans.
— Donc Lorian a dit la vérité, fit Obi-Wan. Il n’a pas engagé l’assassin. Il aurait pu nous vendre la mèche en disant que Samish était en vie, mais il ne l’a pas fait.
— Il a juré de garder le secret, fit Floria. Samish a toujours dit que Lorian a été à la fois matinal et tardif en ce qui concerne l’honneur. Je n’étais pas sûr de savoir ce que cela signifiait.
— Je pense savoir. (Obi-Wan se tourna vers Anakin.) Ils se dirigent droit dans un piège.
Un piège qu’il aurait pu prévoir. Il aurait pu informer Lorian sur les droïdes de combat, et il ne l’avait pas fait. En colère contre lui-même, Obi-Wan conduisit le speeder vers la villa de Dooku à haute vitesse. Il n’avait eu besoin que d’un soupçon de vérité, d’une très légère persuasion et de deux sabres laser allumés pour que les villageois relâchent leurs prisonniers. Dès qu’ils avaient appris que Samish Kash était en vie et que les deux chasseurs s’avéraient être des Jedi, ils leur avaient même prêté quelques speeders.
Obi-Wan et Anakin en avaient chacun pris un. Floria et Dane avaient insisté pour venir avec eux. Malgré tout, Dane considérait Samish Kash comme sous sa responsabilité. Floria voulait juste être avec lui, quoiqu’il arrive.
La villa s’éleva devant eux, aussi grise et froide que les roches de la montagne. La réunion allait débuter. Obi-Wan vit la porte de sécurité devant eux. Le speeder avait une légère armure montée sur sa coque. Il ouvrit le feu et voulut se frayer un chemin à travers la porte. Un bouclier en duracier se mit immédiatement à descendre par-dessus la double porte de l’entrée. Nul doute que celui-ci allait-être imperméable aux explosifs.
Avant qu’Obi-Wan ne puisse réagir, Anakin lança son speeder, tirant sur les doubles portes derrière le bouclier qui s’abaissait. En un incroyable mouvement, il coupa l’alimentation, relevant son speeder dans le même temps et sautant sur le sol. Le speeder s’arrêta, sa coque renforcée pointant vers le bouclier en duracier.
Le bouclier arriva au-dessus de speeder. Le métal se tordit et grinça, ralentissant la descente du bouclier. Anakin glissa sous le bouclier et sauta dans le trou qu’il avait percé dans la double porte. Il disparut dans l’obscurité de la villa.
Tout ceci avait seulement pris quelques secondes. Obi-Wan avait immédiatement sauté de son speeder et courait vers le bouclier en duracier, qui aplatissait lentement l’engin. Il y eut juste assez de place pour Obi-Wan pour se glisser dessous et entrer dans la villa. Floria et Dane suivirent, roulant sous la porte juste avant que celle-ci n’écrase bruyamment le speeder désormais aplati comme une crêpe.
Anakin attendait dans l’obscurité du couloir. Le plafond était si haut qu’il se perdait dans les ténèbres. Ils coururent ensemble dans le grand couloir, inspectant les grandes pièces devant lesquelles ils passaient. Ils entendaient des voix devant eux.
Obi-Wan se glissa dans une pièce circulaire qui avait été bâtie au centre de la villa. Il n’y avait pas de plafond, seulement le toit au-dessus d’eux. Loin en haut des murs, d’étroites fenêtres étaient découpées dans la roche et laissaient passer une faible lumière. L’un des murs était occupé par une énorme cheminée, assez haute pour qu’un natif de Null s’y tienne debout. Une grande table circulaire en pierre trônait au centre de la pièce, mais elle semblait minuscule dans cet environnement. Dooku se tenait à un bout, Samish à l’opposé, lui faisant face. Yura, Lorian et Glimmer semblaient petits et sans défense. La table était si grande qu’il y avait énormément d’espace entre eux.
Obi-Wan devina que Dooku avait senti sa présence. Il sentait le côté obscur dans la pièce, la façon dont il grandissait. Anakin approcha et se tint près de lui. Floria et Dane suivirent, préférant rester contre le mur, dans l’ombre, pour rester invisibles.
— J’imagine que vous avez essayé de m’assassiner pour pouvoir détruire l’alliance, fit Samish.
— Tant d’émotions, si peu de logique, fit Dooku. Restons calme. Le spatioport Station 88 est un lien stratégique vital. Tout cela doit être décidé avec attention. Vous n’avez même pas écouté ce que mon organisation a à vous offrir pour les droits du spatioport. Je suis sûr que vos partenaires voudraient l’entendre. Allez-vous leur renier ce droit ?
Samish eut l’air incertain.
— Oui, nous voudrions au moins l’entendre, fit Yura.
Anakin tiqua. Obi-Wan mit une main sur son bras. S’ils bougeaient, Dooku serait capable de tout. Et il avait aperçu Robior Web contre un mur, presque perdu dans l’ombre. Il ne faisait aucun doute que Samish Kash était en danger, tout comme les autres dirigeants de l’alliance.
Samish se tourna vers les autres.
— Pourquoi écouterions-nous ? Tout ce qu’il va nous dire, ce seront des mensonges.
Dooku se tourna vers Lorian.
— Nous ne t’avons pas entendu, mon vieil ami. Dis à Samish ce que tu as décidé.
Lorian se redressa.
— Je soutiens Samish Kash. Et je soutiens la République.
Dooku agrippa le rebord de la table. Il était clair qu’une vague de colère venait de le posséder. Il la contrôla. Ses yeux sombres semblaient absorber la lumière de la pièce et la dévorer.
Il s’étendit au-dessus de la table.
— Ainsi donc, tu me trahis à nouveau. Je t’assure que cette fois-ci, ce sera la dernière, Lorian.
— Oui, fit Lorian. J’en suis certain.
— Vicondor se tiendra avec Delaluna et Jonction 5, avec mes amis Samish et Lorian, fit Glimmer. Cette alliance soutiendra la République.
Dooku jeta un coup d’œil dans la partie ombragée de la pièce et remarqua les Jedi.
— Ainsi, vous soutenez un gouvernement corrompu ? tonna-t-il. Avez-vous oublié la bataille de Géonosis, où ils ont détruit une petite planète grâce à leur armée d’invasion ? Ils sont sans pitié. Ils se cachent dans l’ombre. Regardez !
Les dirigeants se retournèrent et repérèrent les Jedi. Lorian sembla très heureux de les voir.
— C’est une façon de voir les choses, fit-il. Mais ce n’est pas la vérité.
— Je m’en tiens à la décision de l’alliance, fit Yura.
— Il semblerait que les négociations soient terminées, fit Dooku. (Il avait contrôlé sa colère et parlait désormais d’un ton adouci.) Quel dommage. Je pense que je pourrais essayer de vous persuader. Mais en vieillissant, j’ai découvert que je n’avais que peu de… patience pour de telles choses.
La porte derrière Obi-Wan, Anakin, Floria et Dane se ferma. Ils entendirent les loquets de sécurité se verrouiller. Des rideaux tombèrent et couvrirent les fenêtres, et la pièce fut plongé dans l’obscurité totale.
Puis des portes cachées dans les murs de la pièce circulaire s’ouvrirent, et pas moins d’une douzaine de super droïdes de combat entrèrent.
Obi-Wan vit toute la situation en un instant. Il y avait là Dooku. Il y avait là les droïdes. Il y avait là Robior Web, l’assassin capable de tout.
Yura, Glimmer et Kash n’étaient pas des combattants, mais des politiciens. Floria et Dane pouvaient se débrouiller seuls, mais peut-être pas face à une telle puissance de feu. Il y avait trop de monde à protéger. Et il était clair que Dooku voulait tous les tuer. Cette pièce était un piège. C’était un tombeau.
Il se rappela la bataille de Géonosis, l’arrivée des canonnières, la bataille, le massacre.
En cet instant, une pensée lui vint, brûlante et perçante : je ne supporterais pas une mort de plus. C’était une pensée illogique – il savait au plus profond de lui qu’il devrait en supporter bien d’autres – mais pas aujourd’hui.
Pas aujourd’hui.
Dooku s’éloigna de la table. Anakin chargea, s’interposant entre les droïdes et les politiciens. Les super droïdes de combat ouvrirent le feu au même moment. Yura et Glimmer s’aplatirent au sol.
Personne n’avait prévu que Floria bouge aussi vite.
Elle se rua dans la pièce au moment où Obi-Wan se déplaçait pour renvoyer les tirs de blaster des droïdes. Elle allait se placer entre Anakin et Dooku, une place dangereuse s’il en est.
Résolu, Anakin accéléra. Obi-Wan le vit passer de la lumière à l’ombre, de l’ombre à la lumière. Il sentit la Force déferler dans la pièce, telle un battement de cœur, une vague, une pulsation.
— Anakin, Floria ! cria-t-il.
Anakin trembla sous l’effort de stopper sa charge furieuse. Il modifia son trajet pour attraper Floria, la prit sous le bras tout en gardant son sabre laser en mouvement, renvoyant les tirs de blaster sur les droïdes. Il déposa Florian près de Samish Kash, si doucement au milieu de son mouvement que pas même un cheveu des tresses de Floria ne fut perturbé.
Obi-Wan vit le soulagement sur le visage de Samish Kash. Anakin avait eu raison concernant l’amour de Floria. Obi-Wan voyait désormais le même amour s’inscrire sur le visage de Samish. Il n’allait pas permettre que ces deux meurent.
Il plongea dans la Force qui entourait Anakin et l’embrassa, la fit grandir. Les droïdes revinrent vers les dirigeants. Ils étaient à l’évidence programmés pour les éliminer. Anakin sauta à nouveau, et Obi-Wan le rencontra à mi-hauteur. Ils balayèrent la pièce d’un regard. Ils n’avaient que quelques secondes pour décider d’une stratégie.
Dooku était en train de partir. Ils virent son manteau flotter alors qu’il se dirigeait vers un mur, vers l’une des portes qui étaient restées ouvertes.
Lorian le vit et se dirigea vers lui.
Yura et Glimmer n’avaient pas d’armes. Ils étaient assis, dos à dos, derrière une chaise massive qui était peu à peu déchiquetée par les droïdes. L’expression sur leurs visages fit dire à Obi-Wan qu’ils attendaient la mort et qu’ils l’accueilleraient bravement.
Floria tendit un blaster à Samish et garda l’autre dans sa main. Tandis que Samish et Dane essayaient de la couvrir, elle tira à plusieurs reprises sur un droïde avec une précision chirurgicale. Il s’enflamma et tomba lourdement sur la table.
Robior Web mit Samish en joue.
Obi-Wan atterrit, puis sauta à nouveau, effectuant un saut périlleux en l’air et atterrissant près de la poitrine de Web les deux pieds en avant. L’assassin recula vivement et heurta une pierre qui dépassait du mur. Il resta étendu par terre.
Obi-Wan eut le temps d’enregistrer la position du morceau de pierre qui dépassait et, en un flash, il sut qu’il s’agissait de quelque chose d’important. Il était occupé à renvoyé des tirs de blaster lorsqu’il passa près de Yura et Glimmer.
Anakin avait réussi à regrouper tout le monde dans un coin de la pièce afin qu’ils soient plus faciles à protéger. D’un coup de sabre laser, il découpa un morceau de la table et poussa les autres derrière.
Ils ne pourraient pas résister longtemps, pensa Obi-Wan. Ils ne pouvaient pas gagner contre ces droïdes.
La pierre qui dépassait – pourquoi l’avait-il toujours en tête ? La clé de voûte. Un coup sur la clé de voûte et le mur entier s’écroulait.
Obi-Wan courut vers Anakin. Ils se mirent à parler tout en protégeant les autres, renvoyant les tirs de blaster. Samish, Dane et Floria émergèrent pour tirer sur les droïdes, puis se cachèrent à nouveau.
— Glimmer a été touché à la jambe, fit Anakin. Lorian a suivi Dooku. Nous devons aller l’aider. Nous devons sortir d’ici.
— La clé de voûte dans la cheminée, fit Obi-Wan. Si nous emmenons rapidement les autres à l’opposé de la salle, puis que nous la frappons, cela écrasera la plupart des droïdes.
Tout en parant avec son sabre laser, Anakin promena ses yeux sur le mur de la cheminée.
— La trouver, bien entendu, est le problème, fit Obi-Wan.
Il sentit Anakin puiser dans la Force, la sentit fourmiller autour des pierres, du bois, et des êtres vivants, la sentit s’amplifier… Anakin se concentra sur le mur.
Obi-Wan vit l’une des pierres, à mi-hauteur du mur, sortir d’un seul coup. Il entendit un grondement.
— Courez ! hurla-t-il, sautant vers les autres. (Il attrapa Glimmer, poussa Yura, et cria dans l’oreille de Samish.) À la porte !
Ils coururent, paniqués, alors que le mur commençait à descendre et que le grondement et l’effritement se faisaient de plus en plus forts. Puis les rochers tombèrent, telle une avalanche mortelle, expédiant de la poussière et des débris plus grand qu’un être humain. Les rochers et une partie du plafond s’écroulèrent sur les droïdes, les envoyant valser contre les murs.
Anakin et Obi-Wan poussèrent les autres à terre en essayant de les couvrir de leurs corps pour les protéger du mur. De la poussière et de la fumée entrèrent dans leurs narines et leur piquèrent les yeux. Ils avaient le goût de la montagne dans la bouche.
Mais ils étaient vivants.
Trois droïdes se tenaient encore debout. Anakin et Obi-Wan coururent, couverts de poussière, et les détruisirent rapidement.
Puis ils firent face à la pile de gravats. Derrière lui se trouvait la porte par laquelle Dooku s’était échappé et que Lorian avait franchie. Cela allait prendre du temps de sortir de la pièce.
— Que la Force soit avec lui, fit Obi-Wan.
Chapitre 7
Lorian n’avait pas ressenti la Force depuis de nombreuses années. Lorsqu’il la sentit autour de lui, il fut intrigué, comme si sa main lui brûlait.
Mais en quelques secondes, la sensation disparut, et il sut que tout ce qui allait suivre en dépendrait.
Dooku courait devant lui dans l’étroit passage, en direction d’un airspeeder. Dooku devait très bien savoir que Lorian se trouvait derrière lui, mais il ne perdit pas de temps à se retourner et à engager le combat contre lui. Lorian était sûr qu’il lui prêtait à peu près autant d’attention qu’à une mouche.
Il n’avait pas le temps de réfléchir à une stratégie. Il savait que Dooku était bien plus puissant que lui. Pourquoi faisait-il cela ? pensa-t-il en courant. Pourquoi ? La mort lui était promise, c’était de la folie, et pourtant il n’avait jamais souhaité mourir.
Tous les torts de sa vie, toutes les erreurs, toutes les choses impardonnables, toute la douleur qu’il avait causé, toutes les vies qu’il avait brisées, elles se trouvaient là, dans ce couloir sombre. Elles le choquaient, elles l’affaiblissaient, mais la Force l’avait touché juste au moment où il en avait besoin, lui remémorant une enfance durant laquelle il savait ce qui était juste et souhaitait le faire.
Il avait un blaster, mais il savait que sa puissance dérisoire ne représentait rien face à Dooku. Dans quelques secondes, il serait hors de sa portée et s’échapperait dans le couloir.
Alors pourquoi l’utiliser ? Pourquoi utiliser une arme dont Dooku se débarrasserait comme il se débarrasserait d’une mouche ?
Lorian ne s’était pas arrêté de courir tout en réfléchissant. Qu’avait-il que Dooku n’avait pas ? Que savait-il à propos de Dooku que personne d’autre ne savait ? Que savait-il de lui en tant qu’enfant qui n’avait pas changé ? Avait-il un défaut ?
La fierté. Il était fier. Il aimait être admiré.
Mais ça ne faisait pas beaucoup avancer les choses.
Puis Lorian remarqua l’airspeeder au bout du couloir, devant Dooku. C’était un modèle familier. C’était une Mobquet à double turbojets et à vitesse maximale accrue. Les Industries Mobquet étaient connues pour leurs swoops, mais pas leurs speeders. Le transport de Dooku était un bon choix pour des fuites rapides, avec sa vitesse accrue et sa forte maniabilité. Mais il se pouvait, peut-être, que Dooku ne sache pas ceci : les speeders de chez Mobquet avaient un défaut. Les câbles de données qui connectaient les contrôles avant et la cabine étaient assemblés derrière un fin panneau qui se trouvait sous le ventre du speeder. Cela prendrait à Lorian seulement six secondes pour trouver ce panneau et faire fondre les câbles d’un tir de blaster.
Il avait juste besoin de six secondes.
Il se mit à parler, sa voix faisant écho.
— Tu t’es bien débrouillé, Dooku, mais as-tu réalisé que tu n’aurais rien pu faire sans moi ?
Dooku s’arrêta et se retourna, comme Lorian avait supposé qu’il le ferait.
— Pardonne-moi, mon vieil ami ?
— L’Holocron Sith. Tu y as accédé, n’est-ce pas ? Quelques temps plus tard. Tu n’aurais pas supporté de ne pas savoir quelque chose que je savais.
— Et pourquoi n’aurais-je pas dû y accéder ? demanda Dooku.
Lorian continuait d’avancer.
— Bien sûr que tu en avais le droit. Mais tu n’en aurais jamais eu le courage si je ne l’avais pas fait en premier.
Dooku éclata de rire.
— Tu es incroyable. Ne réalises-tu pas à quel point j’ai envie de te tuer ? Et maintenant, voilà que tu me provoques. Tu vis très dangereusement, Lorian.
Lorian avait fait un cercle autour de Dooku et se tenait maintenant près du speeder. Dooku n’avait pas peur de lui ; il allait lui permettre de venir aussi près qu’il le souhaitait. Lorian s’étendit contre le speeder, croisant l’une de ses jambes comme s’il avait tout le temps devant lui pour discuter.
— Je réalise maintenant que j’ai eu tort de te demander de me couvrir pour l’Holocron.
— Une excuse maintenant, si tard ? Je suis abasourdi.
— J’aurais dû prendre mes responsabilités. Je n’aurais pas été exclu de l’Ordre Jedi. Je le sais maintenant. Mais je me demande aussi… pourquoi l’aurais-je fait ?
Couvert par sa cape, les doigts de Lorian cherchaient le panneau d’accès.
— Je trouve ça très ennuyeux de revisiter le passé, fit Dooku. Tu voudras bien m’excuser…
Il posa un pied sur le speeder, prêt à décoller.
— Peut-être est-ce parce que tu alimentais mes peurs ? En y repensant, je trouve ça étrange. Je ne t’aurais jamais fait ça. Je n’aurais jamais nourri tes peurs, j’aurais essayé de les apaiser.
Ses doigts glissèrent sur une ouverture. Il avait trouvé le panneau d’accès.
Les yeux de Dooku flamboyèrent. Lorian prit son blaster et le colla contre le panneau.
Le Côté Obscur survint, tel une vague de pouvoir, et Lorian se retrouva en train de voler comme une poupée dans les airs. Il s’écrasa contre le mur et heurta le sol, sonné. Il avait réussi à garder son blaster.
Dooku le vit, bien entendu.
— C’était ta pitoyable tentative de diversion, je suppose, fit-il en brandissant son sabre laser à poignée incurvée. Je pense que j’ai fait preuve d’assez de pitié. Finissons maintenant ce que nous aurions dû finir il y a bien longtemps.
Il avait une dernière chance. Une seule. Il pouvait détruire le panneau d’accès et empêcher Dooku de décoller. Obi-Wan et Anakin n’auraient qu’à s’occuper du reste. S’il échouait, il mourrait. S’il réussissait, il mourrait également. Cela ne faisait aucun doute.
Lorian s’immergea dans la Force pour s’aider. Il en avait besoin, finalement. Il la sentit grandir, et vit Dooku écarquiller les yeux.
— Ainsi tu ne l’as pas complètement perdue, fit-il. Quel dommage que ce ne soit pas suffisant.
Il se dirigea vers Lorian. Celui-ci se rappela de ses séances d’entraînement. L’attaque viendrait de la gauche. Au dernier moment, il roula sur la droite et le sabre laser de Dooku ne heurta que la roche, en déchiquetant un morceau. S’attendant à un coup facile, Dooku se tourna une seconde trop tard, et Lorian s’était déjà mis à courir. Il savait que Dooku s’attendait à ce qu’il se tourne et passe derrière lui, pas à ce qu’il coure vers le speeder.
Son blaster était armé et prêt à tirer, mais il savait qu’il n’aurait droit qu’à un seul tir, et qu’il devrait être parfait. Monstrueusement parfait.
Derrière lui, il y eut un murmure. C’est tout ce qu’il entendit. Il baissa le regard et vit le sabre laser. Bizarre, pensa-t-il, Dooku est derrière moi, alors pourquoi le sabre laser se trouve-t-il devant moi. Puis il réalisa qu’il avait été transpercé.
Il tira, mais le rayon partit au loin. Il s’effondra.
J’ai échoué, pensa-t-il. J’ai échoué.
Dooku se tint au-dessus de lui. Il vit ses yeux noirs briller comme de profondes grottes. Il ne voulait pas que ceci soit sa dernière vision. Il avait vécu si longtemps dans la haine, il ne voulait pas mourir en la contemplant. Ainsi, dans un effort surhumain, il tourna la tête. Il vit les roches du couloir, les pierres lisses et déchiquetées, et remarqua pour la première fois qu’elles n’étaient pas grises, mais veinées d’argent, de noir, de rouge, et d’un bleu qui rappelait la couleur des étoiles…
Cette pensée le traversa avec la même douleur qu’un sabre laser. Qu’ai-je manqué d’autre ?
Trop tard pour le découvrir.
La Force l’entoura telle une couverture, et dans une explosion de lumière, il sourit et laissa la vie le quitter.
Chapitre 8
Anakin était assis sur le sol froid, observant des raies orange poindre à travers la grisâtre. Le soleil se levait.
— Il est temps d’y aller, fit Obi-Wan.
Anakin se leva. Il était épuisé après avoir déplacé la centaine de grosses pierres qui leur barraient le passage.
— J’ai amené le corps de Lorian à bord, fit Obi-Wan. (Il se tenait à côté d’Anakin, face au soleil levant.) Nous allons le ramener au Temple.
Ils l’avaient trouvé dans le couloir, un blaster à proximité, les yeux ouverts et, bizarrement, un léger sourire sur le visage. Il y avait des preuves d’un combat parmi la poussière des gravats. Des tirs de blaster avaient marqué les murs. Ils virent également les traces d’accélération caractéristiques d’un speeder. Dooku s’était enfui.
— Lorian a joué contre le sort, fit Obi-Wan. Il n’a jamais autant été un Jedi qu’à la toute fin.
— La rédemption est donc possible, fit Anakin.
— Bien sûr, fit Obi-Wan. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Sinon, pourquoi nous battons-nous ?
— J’aurais aimé ne pas ressentir que j’avais échoué, continua Anakin. Dooku s’est échappé. Le spatioport Station 88 est sauvée pour la République, mais pour combien de temps ? Qu’est-ce qui va empêcher Dooku de les tuer à nouveau ?
— Nous, répondit Obi-Wan.
— Il y a tant d’obscurité, fit Anakin. (Il s’arrêta à l’extérieur du croiseur et leva la tête vers les étoiles. Elles disparaissaient dans le soleil levant.) Je la sens. Elle me pèse.
Tu t’inquiètes beaucoup trop. Qui-Gon avait plus d’une fois dit ceci à Obi-Wan. Était-ce son héritage envers Anakin ? Il avait pourtant essayé de lui donner bien plus.
— Tu n’as pas échoué, Anakin, fit Obi-Wan. Notre mission était de s’assurer que le spatioport ne tombe pas aux mains des Séparatistes, et de rassembler des informations. Nous avons réussi. La villa de Dooku contient des informations vitales.
— Une bien maigre victoire, fit Anakin dans un sourire forcé. Gagnerons-nous cette guerre un jour ?
Il n’avait pas atteint son objectif. Anakin aurait voulu achever la Guerre des Clones ici-même. Il aurait voulu détruire le Comte Dooku. Son ambition était d’être toujours meilleur à chaque mission. Obi-Wan le voyait clairement, et ça le touchait. Il avait tout enseigné à Anakin, et ce dernier avait appris beaucoup – mais avait-il loupé le plus important.
J’ai échoué, Qui-Gon. J’ai échoué.
Ils montèrent la rampe d’embarquement. Anakin se glissa à l’intérieur avant la fermeture de la rampe. Obi-Wan s’assit devant le navordinateur pour rentrer les coordonnées de leur voyage de retour. À la surface, tout était comme ça l’avait toujours été.
Ils en auraient bientôt terminé de leurs missions ensemble.
Ils le savaient tous les deux. Obi-Wan n’avait jamais eu à faire ses adieux à Qui-Gon en tant que Maître. Il était encore Padawan lorsque son Maître était mort. Peut-être était-ce la raison pour laquelle il se sentait toujours aussi proche de lui.
Il ne savait pas si Qui-Gon l’aurait laissé avec des mots de sagesse, avec une direction à suivre. Aujourd’hui, il n’avait aucune idée de savoir ce qu’il pourrait donner à Anakin. Il lui avait donné tout ce qu’il pouvait. Mais ce n’était pas suffisant.
La tristesse emplit le cœur d’Obi-Wan alors qu’ils quittaient l’atmosphère de la planète. Il aimait Anakin Skywalker, mais il ne le connaissait pas vraiment. Il lui avait appris les choses les plus importantes qu’il avait à enseigner. Il devrait le laisser partir en sachant cela. Il devrait le laisser partir.
1 En anglais, web signifie toile.