LE DERNIER COMBAT
DU COLONEL JACE MALCOM

Alexander Freed

Chronologie

-3641 av. BY

Alexander Freed avait jusqu’à présent écrit les deux comics Le Sang de l’Empire et Soleils Perdus, se déroulant tous deux durant l’époque Old Republic.

Le Dernier Combat du Colonel Jace Malcom est une nouvelle parue dans le magazine Star Wars Insider 137 en Novembre 2012. Elle se déroule 3641 ans avant la Bataille de Yavin.

Le Colonel Jace Malcom est en mission avec son équipe sur la planète Kalandis Sept, afin de porter un coup dur à l’Empire.

Titre original : The Last Battle of Colonel Jace Malcom

 

H MOINS SEPT HEURES

L’amure de l’homme mourant dégoulinait de sueur dans le brouillard, des perles de moisissure – mais pas d’eau, jamais d’eau sur cette planète – se formant sur le poitrail en plastoïde blanc avant de tomber au sol. L’homme mourant lui-même était écroulé contre un rocher et le Sergent Immel s’accroupit au-dessus de lui en luttant pour lui ôter son casque.

— Il ne fonctionne plus, Colonel, dit-elle. Il est bloqué en position critique.

Jace Malcom observa l’horizon. À travers les filtres de vue de son casque, le brouillard semblait se dissoudre devant le ciel jaunâtre et les abords rocheux, avant de revenir à sa place lorsque le filtre lâcha dans un soupir. Pas d’autre présence ennemie. Rien d’évident, tout du moins.

— Votre comlink, fit Jace, son traceur fonctionne ?

— Oui. Et à propos des vautours ?

— Si l’Empire a le temps d’envoyer des vautours, cela voudra dire que la mission sera un échec.

Ce n’était pas vrai, bien sûr. Les troopers vêtus de noir pouvaient débarquer en masse sur le champ de bataille à tout moment – tels les hérauts de la mort, suivant les traceurs médicaux pour trouver les victimes. Mais Immel connaissait les probabilités, donc Jace pouvait s’autoriser ce mensonge.

— Pourquoi moi ? demanda Immel ?

— Les Forces Spéciales sont ici pour conseiller et je suis heureux d’être une arme supplémentaire. Mais en combat, c’est à vous de jouer.

— Vous n’êtes que de la vermine pitoyable, Colonel Malcom.

— Les Forces Spéciales ne sont rien d’autre.

Jace observa Immel. Ses épaules rembourrées s’élevèrent et s’abaissèrent alors qu’elle prenait une grande inspiration, puis, en silence, elle s’allongea au-dessus de son camarade mourant et attrapa un appareil à sa ceinture. Sa voix grésilla dans le comlink de Jace un instant plus tard.

— À toutes les unités, on continue.

Immel prit son sniper poussiéreux et commença à vérifier ses signaux. Jace s’agenouilla prêt de l’homme mourant et posa une main sur son épaule.

— Caporal Amden von Keioidian. La République est fière de vous. Nous sommes tous fiers de vous. Et nous reviendrons pour vous.

Jace se releva, fit un signe à Immel, et ils s’enfoncèrent ensemble dans le brouillard, les snipers à portée. Immel ne se retourna pas, et Jace sourit amèrement, son expression atténuée par les cicatrices de son visage. Elle avait fait le bon choix. Elle finirait par être un bon leader, après tout.

Et puis, pensa-t-il, cela vaudrait mieux. Les troupes allaient avoir besoin de quelqu’un pour les surveiller, et il ne lui restait pas beaucoup de temps.

H MOINS QUATRE HEURES

Le champ de bataille se rétrécissait en une série de canyons, conduisant le brouillard tel le lit d’une rivière. La gravité de Kalandis Sept – assez basse pour faire du pousser de rochers un sport, mais assez haute pour rendre chaque chute douloureuse – rendait la marche plus facile, mais non moins ennuyeuse.

Un fort brouhaha affaibli par la statique rompit le long silence du comlink de Jace. Des enfants hurlèrent, des coups de feu résonnèrent, chacun d’eux accompagné d’une explosion. Dans le même mouvement, sans même ralentir leur foulée tandis qu’ils traversaient le paysage stérile, Jace et Immel baissèrent le volume de leur casque.

Les émissions de propagande monopolisaient tous les canaux chaque heure, hurlées par des agents des Services d’Information Stratégique de la République en orbite. Cette fois, il s’agissait d’un autre reportage sur le retrait de l’Empire de Corellia et des Mondes du Noyau. Une nette et véritable victoire pour la République, mais à des années-lumière du système Kalandis, et ce n’était pas la première victoire apparente que Jace voyait dans sa carrière.

Cela faisait désormais quarante ans, pensa-t-il – et continuait de le penser, chaque jour à différents moments, lorsque des soldats le dévisageaient dans les couloirs du mess à cause de sa première cicatrice, ou bien lorsqu’il révisait des spécificités de vol d’un quelconque chasseur stellaire – quarante ans que l’Empire Sith était arrivé pour conquérir la galaxie, et il n’avait pas cessé de se battre depuis.

Il supposa qu’il n’allait pas continuer à se battre aussi longtemps.

La voix d’Immel se superposa aux commentaires concernant le dernier discours du Chancelier Suprême.

— Cible en vue.

Ils étaient sortis de la bouche étroite du canyon et se trouvaient aux abords d’une étendue craquelée, où des silhouettes de lances noires s’étiraient vers le ciel, transperçant le brouillard.

— Nous avons atteint le spatioport, continua Immel, rajustant son comlink. À toutes les unités, au rapport.

Jace écouta les voix grésillant s’élever les unes après les autres, alors qu’il décrochait un sac et en vérifiait le contenu. Il connaissait le nom des soldats (Zenhai, Kayle, Min-Reva), avait rencontré la plupart (Eron collectionnait des enregistrements de musique antique ; Camur était allergique au caf), en avait même sélectionné quelques-uns personnellement pour cette mission (Yennir des Verts voyait à travers le brouillard comme au travers du verre). Ils étaient jeunes, stupides et braves, mais il pouvait s’imaginer être servi par de bien pires hommes et femmes.

— Prêt ? demanda Immel.

Jace acquiesça et lança le sac à Immel.

— Balises chargées et prêtes. Plantez-les sur les cibles et le brouillard n’aura plus aucune importance – nos chasseurs sauront exactement où lâcher le chargement.

— En supposant que les pilotes ne soient pas en train de repartir à la base avec leurs droïdes. Vous as déjà fait ça ?

— Bombarder un spatioport ? Plus de fois que je ne peux compter.

— Quelles sont les chances pour qu’ils reconstruisent tout demain ?

Jace soupira.

— Je pense qu’il y a de pires méthodes pour éliminer des ressources, lorsqu’on est des Impériaux.

Détruire un spatioport allait être une avancée majeure dans la sécurisation de Kalandis, même s’il était reconstruit. Même s’il y avait une douzaine d’autres bases Impériales sur la planète. Jace avait préparé ce plan lui-même.

Mais Immel n’avait pas tort de s’inquiéter sur le bien que cela ferait.

Continue de lui mentir, pensa Jace. Tu as un exemple à suivre.

Le spatioport était un mélange de terrains d’atterrissage plats, d’imposants bunkers de commande, et de fines tours de contrôle. Jace et Immel s’approchèrent ensemble, en silence, observant les patrouilles ennemies – des paires de soldats Impériaux vêtus de noir et de rouge. Le brouillard rendait l’esquive d’ennemis assez facile, jusqu’à ce que la chaleur d’un chasseur en phase d’atterrissage éloigne le brouillard, projetant le mur brumeux au-delà de Jace et d’une patrouille à proximité.

Les Impériaux ne s’étaient pas retournés, n’avaient rien remarqué avant que deux tirs de blaster de Jace ne percent deux trous fumants dans le dos de leurs combinaisons. Les grondements des moteurs du chasseur continuèrent, et Jace et Immel se hâtèrent de cacher les deux corps sous un cargo Impérial à moitié réparé.

L’un des corps grogna tandis que le bruit des moteurs commençait à s’atténuer. Immel pressa le canon de son arme au dos du casque de l’homme, et pressa la détente avant de faire rouler le corps dans l’ombre du cargo.

— Tir de pitié, murmura-t-elle.

D’une façon ou d’une autre, pensa Jace.

Immel retira une balise et l’accrocha à un terminal tandis que le brouillard reprenait sa place. Jace jeta un coup d’œil, puis rajusta les filtres de son casque, se tournant dans la direction du vaisseau qui venait juste d’atterrir.

— La tour sud est à cinquante mètres dans cette direction, fit Immel. Cible principale. Tu prévois d’aider ?

Jace ne se retourna pas, continuant de scruter l’ombre grandissante du vaisseau à travers le brouillard. Il était trop grand pour être un bombardier. Il avait une coque plus lisse que la plupart des transporteurs.

— Comment faisons-nous pour le timing ?

— Nos chasseurs doivent avoir décollé maintenant. Nous avons au moins deux heures avant qu’ils ne se montrent.

Jace jura, puis pointa un pouce en direction du vaisseau.

— Très bien – on change de plan. Cette chose qui vient d’atterrir ? Je suis presque sûr qu’il s’agit d’un vaisseau capital planétaire qui vient se recharger en carburant.

Immel se déplaça aux côtés de Jace et s’agenouilla, lui indiquant de faire de même.

— Une autre patrouille, fit-elle. Continuez de parler.

— Ce vaisseau sera parti le temps que nos chasseurs arrivent, mais si nous réussissions à le capturer ? Son navordinateur pourrait nous indiquer toutes les cibles Impériales de la planète.

Immel jeta un œil vers le terminal où la balise en forme de disque métallique ronflait doucement.

— Faire sauter toute la planète serait un sacré coup, acquiesça-t-elle. Mais nous ne sommes pas équipés pour une mission d’abordage.

— Nous ne le sommes pas, fit Jace. Et nous n’avons pas beaucoup de puissance de feu, mais nous n’allons pas laisser passer cette chance.

Immel fit une pause.

— Monsieur, fit-elle, je suis aux commandes de ces hommes, et je ne vais pas les envoyer…

Bonne femme, pensa Jace, alors qu’il l’interrompait.

— Vous n’allez les envoyer nulle part. Vous terminez la mission, et je vais à l’intérieur seul. Je n’attirerai pas l’attention ainsi.

Et ce n’est pas non plus une mauvaise façon d’en finir, ajouta-t-il silencieusement.

H MOINS UNE HEURE

La sentinelle avait presque l’air innocente sans son casque – jeune, cheveux blonds, la trace d’une tâche de naissance dans son cou. Il descendait le couloir du vaisseau capital, un bras dans son dos, mangeant une ration énergétique.

Trois pas, et Jace fut hors de sa cachette, ses mains gantées enfonçant le canon de son arme dans la tête de la sentinelle. L’homme s’écroula sur le sol sans un bruit. Jace haleta de douleur.

— Vous allez bien ? demanda Immel, sa voix à peine audible à travers le comlink.

— Ça va, fit Jace. J’ai été touché sur le point inférieur. Ça a fait fusionner un peu de mon armure avec ma peau, mais ça va.

C’était vrai, et les injections de kolto atténuaient la douleur. Ce qui l’inquiétait, c’est qu’il faisait part de sa douleur à tous. Les cadeaux d’un grand âge.

— Les balises sont toutes prêtes, les chasseurs sont presque sur place. Je vous rejoindrais bien, mais vous avez dû remarquer que le vaisseau vient juste de décoller.

— J’ai remarqué. Tout ira bien. (Jace suivit les traces de la sentinelle jusqu’à une porte lourdement blindée – l’entrée du pont.) Qu’est-ce que vous pensez de Kayle ? demanda-t-il.

— Mauvais tireur, ne sait pas lire, va probablement se suicider un jour. Reconnaît ses torts et sait obéir aux ordres.

— Il pourrait devenir votre nouvel équipier au jeu des raquettes. Son jeu est moyen. Pensez-y.

La réponse d’Immel fut longue à venir.

— Vous allez quelque part ?

— Possible, répondit Jace. Gardez-le simplement à l’esprit. C’est bien d’avoir passé du temps avec votre équipe.

Jace coupa son comlink et heurta le panneau de contrôle. La porte blindée s’ouvrit et le pont apparut – métal noir et consoles clignotantes, et un dôme en transparacier qui donnait sur le ciel et le brouillard. Seule une poignée d’officiers était à leurs postes ; quarante ans d’instincts et de menaces indiquaient à Jace qu’ils ne seraient pas un problème.

Il en allait autrement pour le surveillant Sith.

Le Sith se trouvait au centre du pont, tel un nuage noir vêtu de robes sombres et d’une armure métallique, le visage recouvert d’un masque de cuivre. Jace n’attendit pas que le masque se retourne avant de se mettre à courir, les bottes résonnant sur le port, directement vers son adversaire.

Il n’existait aucune ruse pour combattre les Sith, Jace l’avait expliqué à plus de soldats et de fantassins qu’il ne pouvait se souvenir. Les Sith étaient puissants, rapides, mais ils se brisaient aussi facilement que n’importe qui d’autre. On ne pouvait pas se permettre d’en avoir peur – pas même une seconde. Le reste n’était qu’intelligence de combat.

La silhouette encapuchonnée, tourbillonna telle une danseuse, esquivant les tirs de blaster de Jace tandis qu’il se rapprochait. Elle – était-ce une femme ? – voulut attraper le sabre laser à sa ceinture au moment où Jace sautait et lui rentrait dedans, laissant le poids de l’armure les amener tous deux à terre.

Jace sentit quelque chose sous son corps – un bras qui n’était pas dans sa position habituelle, ou alors une côte cassée quelque part – alors qu’il jetait son coude vers l’endroit où la tête du Sith était supposée se trouver. Le violent impact avec le pont lui indiqua qu’il l’avait loupée, et une seconde plus tard, une main se trouva sur son casque et sa vision se brouilla.

La chaleur lui monta au visage, lancinant ses tempes et faisant dégouliner son nez de transpiration. Il roula, et cligna plusieurs fois des yeux juste à temps pour voir les derniers arcs électriques quitter la main du Sith et se diriger vers lui. Eussent-ils duré plus longtemps qu’ils lui auraient carbonisé sa chair.

D’une certaine façon, Jace avait réussi à reprendre en main son blaster. Il essaya de se relever, mais était incapable de sentir ses jambes, alors que le Sith voulut reprendre son sabre laser – seulement pour découvrir qu’il n’était plus là, éjecté sur le pont à environ un mètre de sa position.

Jace pressa la détente de son arme. Cette fois-ci, il vit les tirs toucher le cœur et les poumons, même si les filtres de son casque n’étaient pas encore remis des décharges électriques. Il entendit un son sourd provenant du Sith, sûrement un dernier ordre, puis il mourut.

Durant un instant, alors que Jace entendait des hurlements, voyait les officiers se diriger vers la sortie du pont, il sentit le vent de la victoire. Le vaisseau capital était sien. Kalandis Sept allait passer du côté de la République. Immel et son équipe allaient pouvoir gagner toute la planète.

Puis la voix se fit entendre dans les haut-parleurs du pont.

— Autodestruction enclenchée.

Les consoles se déchirèrent en morceaux, des fragments de métal, de plastique et de verre éjectés et brûlés dans les airs. Le dôme du cockpit en transparacier se déchirant, faisant pleuvoir des échardes. Jace jura et tomba, son corps tremblant alors qu’il essayait de ramper sur le pont tremblant et de s’éloigner du feu qu’il sentait dans son dos.

Si près, pensa-t-il.

Son corps atteignit le dôme brisé tandis que le vaisseau plongeait vers l’avant, fonçant vers la surface de la planète. Il observa le brouillard sans fin, et se prépara à la chute. Pas de parachute, pas de pack de saut, pas d’unité grav. Il y avait du bon à savoir ce qui allait se passer.

Le vaisseau tangua, et Jace roula dans le brouillard, en chute libre, distinguant une ombre grandissante en dessous. Il heurta rapidement la surface – beaucoup trop rapidement, beaucoup trop près pour être déjà au niveau du sol – et resta étendu, sonné, quelques instants. Puis il réalisa qu’il se trouvait sur l’aile d’un chasseur de la République, dérivant près de la masse tombante du vaisseau capital Impérial.

Il se redressa douloureusement et alluma son comlink.

— Immel à Malcom, entendit-il immédiatement. J’ai pensé que je pourrais partager un chasseur avec vous. Je vous aurais prévenu si vous n’étiez pas devenu silencieux.

— Merci, fit Jace, avant de fermer les yeux. (Il s’autorisa à s’étendre sur l’aile.) Statut de la mission ?

— Le spatioport est en feu. J’aurais pu me sentir vraiment bien si vous n’étiez pas resté là-haut, à faire exploser des vaisseaux capitaux.

— J’essayais de le capturer, Sergent. Nous aurions pu gagner la planète.

Il put entendre un léger sourire dans la voix d’Immel, et lui-même serra ses lèvres d’irritation.

— Ouais, vous avez vraiment tout fichu en l’air – nous paierons un verre à la Base, Colonel, mais seulement un seul. Un truc spécial.

Jace observa le brouillard dériver autour de lui, sentit le doux bourdonnement de l’aile sous lui, et rampa vers la trappe supérieure du chasseur. Les sons distants de tirs de blaster et d’explosions venaient de très loin. Immel ne comprenait toujours pas, et c’était la dernière occasion de lui expliquer.

— Non, fit-il. Vous n’en ferez rien.

— Répétez ça ?

— J’ai été rappelé, Sergent. En ce moment même, il y a un transporteur en route pour m’emmener vers les Mondes du Noyau.

Jace entendit Immel jurer.

— Les gars des Forces Spéciales, vous n’êtes que de la vermine.

H PLUS QUARANTE MINUTES

Jace vit la tâche sombre de Kalandis Sept se rétrécir à travers la visière du vaisseau Justice Frontalière. Le capitaine – un Chevalier Jedi dont Jace n’avait pas saisi le nom, qui avait traversé une demi-douzaine de blocus pour arriver juste à temps sur Kalandis – ne s’était pas plaint lorsque Jace était arrivé en retard, et abattu. C’était une chose que Jace appréciait chez les Jedi : ils acceptaient tout sans sourciller.

— Une idée de la raison pour laquelle ils vous ont envoyé ? demanda Jace.

Le Chevalier Jedi ne jeta même pas un coup d’œil à Jace tandis qu’il retirait des fils tordus et à moitiés fondus de sous une console.

— Le Chancelier Suprême penses que votre talent est gâché ici, fit le Jedi. À part ça, je ne sais pas.

Un son électrique émergea de la console, et le Jedi l’arrêta avant de reprendre.

— Mon avis est que vous êtes bon pour une promotion. La guerre a tout changé.

— Ce n’est pas la première fois qu’on me le dit, fit Jace.

Il vit Kalandis Sept disparaître au milieu des autres étoiles, sa tâche sombre indiscernable des milliers d’autres mondes et autres soleils.

— Les troupes en bas ne dureront pas éternellement désormais, ajouta Jace. Ils n’ont pas l’entraînement pour garder les lieux. (Il se frotta la joue, ses cicatrices, puis continua.) Ils vont être dépassés dans les mois qui viennent. Les victimes vont être nombreuses.

Le Jedi se redressa et se tourna vers Jace.

— Vous n’en savez rien, fit-il.

Jace soupira.

— Effectivement.

Ils partageraient donc ce mensonge ensemble.

— Cela n’a plus d’importance. Les ordres du Chancelier Suprême étaient de vous ramener dans les Mondes du Noyau, et c’est là que je vous emmène.

Qu’elle soit maudite pour l’avoir sorti du champ de bataille. Depuis quarante ans, il laissait des soldats derrière lui et perdait des êtres chers, c’était un assez lourd fardeau à porter. Et une promotion ? Davantage de responsabilité ne rendait pas les choses plus faciles : cela modifiait juste l’importance du travail.

Jace s’excusa et se dirigea vers le quartier des invités – des baraquements spartiates où il s’étendit sur un lit et attrapa son datapad, recherchant la liste de ses camarades sur Kalandis Sept. Shanra Immel, Amden von Keioidian, Vaskus Kayle, Yennir des Verts. Tous ceux avec qui il avait combattu. L’équipe pour laquelle il était prêt à mourir. L’équipe pour laquelle il aurait tout donné pour pouvoir la sauver.

Lorsqu’il eut atteint la fin de la liste, il effaça les noms de son dossier personnel et reposa le datapad.

Il était temps de se diriger vers la prochaine bataille.