LA MESSE EN LANGAGE TAM-TAM
Grâce au jazz, avons-nous dit, le tam-tam a conquis le monde civilisé. Avec la « Messe des Piroguiers », composée par Mme Pepper, il vient d’accéder à de nouvelles destinées. Jadis, il présidait à des cérémonies fétichistes. Aujourd’hui, il chante les louanges du Christ. Cette « Messe des Piroguiers », destinée à être jouée lors de l’inauguration de la Cathédrale Sainte-Anne du Congo, à Brazzaville, et qui a déjà été exécutée dans diverses églises parisiennes, a ceci de particulier qu’elle laisse une part totale à la musique africaine et surtout au tam-tam. Les chœurs empruntent le dialecte des piroguiers Banda de l’Ubangui et la tessiture des voix indigènes y est respectée, tandis que le tambour scande les différentes phases de la cérémonie. Au « Kyrie », il dit dans son langage stéréotypé : « Ayez pitié de nous ! » Au « Gloria », sa voix s’amplifie pour clamer : « Dieu est tout-puissant. Dieu est fort ». Au « Sanctus », il se tait, et à l’« Agnus Dei », il se fait humble pour demander : « Donnez-nous la paix ».
Ainsi, à travers le monde, le grand tam-tam africain étend son pouvoir mystérieux. Il martèle les nuits haïtiennes, accompagné par les glapissements des poulets égorgés en l’honneur de Damballa Ouedo, le dieu-serpent. Il fait danser dans les bouges de la Nouvelle-Orléans et dans les palaces de New York. Bientôt dans les églises africaines, il entonnera les louanges du Créateur. Venu de la vie primitive, il accède à la civilisation par les chemins tortueux de l’Histoire.
[1] En Afrique Centrale, le nom de « Chipekwe », tout comme celui du « M’ngwa » d’ailleurs, revient souvent dans les récits des Noirs. La description que ceux-ci font du « Chipekwe » fait songer, à quelques détails près, à celle d’un dinosaure ou tout au moins, à celle d’un grand saurien d’une espèce encore inconnue. (H. V.)