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Quand elle quitte le franchulat de la Nouvelle-Sicile, il y a un type qui l’attend à la sortie. Il lui sourit, non sans ironie, et esquisse un début de courbette, histoire d’attirer son attention. C’est ridicule, mais après avoir passé quelques instants en compagnie de tonton Enzo elle ne réagit plus de la même façon. Au lieu de lui éclater de rire à la figure, elle détourne les yeux et se contient.

— Y.T., j’ai un boulot pour toi, lui dit-il.

— Pas le temps. J’ai d’autres livraisons à faire.

— Tu mens comme un programme, dit-il avec un sourire appréciateur. Tu vois ce gargouille là-bas ? Il est en liaison avec l’ordinateur de chez RadiKS pendant que nous parlons. Nous savons très bien que tu n’as aucune autre livraison de prévue.

— Je n’ai pas le droit d’accepter du travail directement. Nous avons un service de routage centralisé. Faites le 1-800.

— Bon Dieu ! Tu ne me prendrais pas pour un con, des fois ? fait l’autre.

Y.T. s’arrête, se retourne et le regarde enfin. Il est grand et maigre, avec un costume noir et des cheveux noirs. Il a aussi un œil de verre qui ressort un peu trop.

— Qu’est-ce qui vous est arrivé à l’œil ? demande-t-elle.

— Un pic à glace, Bayonne, 1985. Autres questions ?

— Excusez-moi, mon vieux. Je me renseignais, juste comme ça.

— Revenons à notre affaire. Vu que je n’ai pas la tête aussi près du cul que tu sembles l’imaginer, je sais que les kouriers ont un système de routage centralisé et qu’il faut faire le 1-800. Mais ici, on n’aime pas beaucoup le 1-800 ni le routage centralisé. C’est une petite manie qu’on a. On aime bien les livraisons de personne à personne, à l’ancienne. Par exemple, quand c’est l’anniversaire de ma maman, je ne fais pas le 1-800-MAMAN sur mon clavier de téléphone. Je vais la voir en personne et je l’embrasse sur la joue. D’accord ? Et dans le cas présent, c’est toi qu’on veut et personne d’autre. Tu saisis ?

— Comment ça se fait ?

— C’est parce qu’on adore discuter avec les poulettes chiantes comme toi, qui n’arrêtent pas de poser des putains de questions. Tu vois ? Notre gargouille s’était déjà branché sur l’ordinateur que RadiKS utilise pour router ses kouriers.

Le type à l’œil de verre se tourne. Sa tête pivote comme celle d’un hibou et fait signe au gargouille qu’il peut y aller, c’est bon. Une seconde plus tard, le téléphone portable de Y.T. sonne.

— Réponds, bordel ! lui crie le mec.

— Oui ? fait Y.T. dans le combiné.

Une voix d’ordinateur lui explique qu’elle doit aller chercher un paquet à Griffith Park et le livrer à un certain révérend Wayne dans sa franchise des Portes du Paradis, boulevard Van Nuys.

— Si vous voulez juste livrer un paquet du point A au point B, pourquoi vous ne vous en chargez pas vous-même ? demande Y.T. Prenez une de vos grosses Lincoln noires et allez-y.

— Dans ce cas précis, le paquet en question ne nous appartient pas précisément, et les gens du point A ne sont pas… euh… dans les meilleurs termes avec ceux du point B, si tu veux vraiment savoir.

— Vous voulez me faire chouraver un truc ? demande Y.T.

Le type à l’œil de verre prend un air profondément peiné.

— Mais non, mais non, petite. Écoute-moi bien. On est la Mafia, bordel de merde. Si on veut voler quelque chose, on sait déjà comment s’y prendre. Tu saisis ? On n’a pas besoin d’une fillette de quinze berges pour faire le boulot à notre place. Il s’agit plutôt d’une opération confidentielle.

— Un truc d’espionnage ?

Des infos.

— Si tu veux. Un truc d’espionnage.

Il dit ça sur le ton de quelqu’un qui a décidé de ne pas contrarier son interlocuteur.

— La seule manière d’assurer le succès de cette opération, reprend-il, c’était d’obtenir la coopération partielle d’un kourier.

— Toute cette histoire avec tonton Enzo, c’était de la frime, alors ? Tout ce que vous voulez, c’est vous mettre bien avec un kourier ?

— Non mais, écoutez-moi un peu ça ! fait l’homme à l’œil de verre, sincèrement amusé. Tu crois qu’on va déclencher le plan d’urgence rien que pour impressionner une gamine ? Il y a un million de kouriers comme toi qu’on pourrait payer pour faire ça. Si c’est toi qu’on veut, c’est parce que tu représentes quelque chose de spécial pour notre organisation.

— Qu’est-ce que vous voulez que je fasse ?

— Exactement ce qu’on t’a dit de faire. Tu prends le paquet à Griffith Park.

— Et c’est tout ?

— Ensuite, tu le livres à l’adresse indiquée. Mais rends-nous un petit service, passe par l’I-5, d’accord ?

— Ce n’est pas le meilleur itinéraire pour…

— Fais-le quand même.

— D’accord.

— Et maintenant, amène-toi, on va te donner une petite escorte pour sortir de ce trou d’enfer.

 

Quelquefois, quand le vent souffle dans la bonne direction et que vous êtes dans la poche d’air juste derrière un dix-huit roues lancé à toute allure, vous n’avez même pas besoin de le poner. Le vide vous aspire, et vous restez collée derrière lui toute la journée si vous voulez. Mais au moindre faux mouvement, vous vous retrouvez seule et privée de force motrice dans la file de gauche, avec un convoi de semis juste derrière vous. Ou alors, et ce n’est guère mieux, si vous vous laissez happer, vous vous retrouverez collée au pare-boue, transformée en garniture d’essieu, et personne ne saura jamais ce qui s’est passé. On appelle ça le Ponage Magique Hoover. Cela rappelle à Y.T. ce qu’est devenue sa vie depuis le soir fatidique où elle a livré la pizza à la place de Hiro Protagoniste.

Elle remonte l’autoroute de San Diego en faisant tournoyer son pon dans sa main droite. Elle ne rate jamais son coup. Elle peut tirer parti de tout, même de la plus tocarde des caisses à savon chinoises tout alu et plastique. Les chauffeurs ne font pas les cons avec elle. Elle s’est fait sa place sur la chaussée.

Elle va déborder de boulot à présent. Il va falloir qu’elle sous-traite une partie de ses tâches à son copain Roadkill. De temps en temps, pour parler affaires, ils se donneront rendez-vous dans un motel. C’est ce que font les vrais hommes et femmes d’affaires. Dernièrement, Y.T. a essayé d’apprendre à Roadkill à lui faire des massages relaxants. Mais il n’a jamais pu descendre en dessous des omoplates sans s’oublier et jouer à Mr. Macho. Ce n’est pas que ce soit désagréable. Et de toute manière, dans la vie, il faut savoir prendre tout ce qu’on peut.

Ce n’est sûrement pas le meilleur itinéraire pour aller à Griffith Park, mais c’est ce que veut la Mafia. Qu’elle suive la 405 jusqu’à la Vallée et qu’elle reprenne la direction par où elle aurait dû arriver. Ils sont tous paranos dans ce métier.

Elle laisse l’aéroport de Los Angeles sur sa gauche. À droite, elle aperçoit le Garde-Tout où son couillon d’associé est probablement relié par ses grosses lunettes à son foutu ordinateur. Elle méandre à travers les flux complexes de la circulation aux abords de l’aéroport de Hughes, devenu dépendance privée du Grand Hong Kong de Mr. Lee. Puis elle continue vers l’aéroport de Santa Monica, qui vient d’être acheté par la Sécurité Nationale de l’amiral Bob. Elle coupe à travers Fedland, où sa mère vient travailler tous les jours.

Anciennement, Fedland appartenait aux Hôpitaux des Anciens Combattants et abritait des tas de bâtiments fédéraux. Aujourd’hui, tout cela a été concentré en un ensemble en forme de haricot sec, qui épouse la courbe de la 405. Il y a des clôtures tout autour ainsi qu’une enceinte périphérique constituée par des assemblages de grillage, de rouleaux de barbelés, de bric-à-brac et de glissières de Jersey faisant la jonction d’un bâtiment à l’autre. Les constructions de Fedland sont toutes d’une laideur monstrueuse. Les humains s’agglutinent à leur base et leurs costumes de drap ont la couleur du granité mouillé tandis que leurs maigres silhouettes se découpent sur les murs plus clairs des grands édifices.

À l’extrémité opposée de l’enceinte de Fedland, sur la droite, elle aperçoit l’UCLA[6], à présent sous la direction commune des Japonais, du Grand Hong Kong de Mr. Lee et d’un certain nombre d’importantes corporations américaines.

On dit qu’un peu plus loin, sur la gauche, à Pacific Palisades, il y a un gros immeuble dominant l’océan où la Central Intelligence Corporation a établi son QG pour toute la côte Ouest. Bientôt – demain, peut-être – elle grimpera là-haut, trouvera l’immeuble et passera devant en faisant de grands signes de main. Elle a des trucs sensationnels à annoncer à Hiro. Des tuyaux de première sur tonton Enzo. Des trucs que les gens paieraient des millions pour connaître.

Dans son cœur, cependant, elle ressent déjà les coups de semonce de sa conscience. Elle ne peut pas cafarder la Mafia et s’en tirer comme ça. Ce n’est pas qu’elle ait peur d’eux. C’est plutôt parce qu’ils lui ont fait confiance. Ils ont été sympas avec elle. Il pourrait même, qui sait, en sortir quelque chose de bien. Une carrière meilleure que ce qu’elle pourrait obtenir de la CIC.

Il n’y a pas beaucoup de voitures qui prennent la sortie de Fedland. Sa mère l’emprunte chaque matin, en même temps qu’une bande de Feds. Mais tous les Feds vont travailler tôt le matin et rentrent tard le soir. C’est pour eux une façon de manifester leur loyauté. Ils ont un penchant fétichiste pour la loyauté. Comme ils gagnent peu d’argent et ne s’attirent pas beaucoup de respect pour ce qu’ils font, il faut bien qu’ils prouvent leur attachement personnel et leur mépris des signes extérieurs.

Exemple : Y.T. est restée ponée au même taxi depuis l’aéroport de Los Angeles. Il y a un Arabe sur le siège arrière. La manche de son burnous flotte au vent à travers la vitre baissée. La climatisation ne marche pas. Un chauffeur de taxi de L.A. ne se fait pas assez de blé pour acheter du Chili – du Fréon – au marché noir. Typique. Il n’y a que les Feds pour faire monter un de leurs visiteurs dans un taxi dégueulasse et non climatisé. Et elle ne s’était pas trompée. Le taxi prend la bretelle marquée UNITED STATES. Y.T. se dégage et pone un camion de livraison qui va dans la Vallée.

Au sommet de l’énorme bâtiment fédéral, une bande de Feds avec des talkies-walkies, des lunettes noires et des blousons marqué FEDS glandent avec des téléobjectifs qu’ils braquent sur le pare-brise des voilures qui passent dans Wilshire Boulevard. Si c’était la nuit, elle apercevrait probablement la lueur d’un scanner laser en train de balayer le code à barres de la plaque minéralogique du taxi quand il s’engage dans la sortie U.S.

La maman de Y.T. lui a parlé de ces types. Ils appartiennent à l’EBGOC, l’Executive Branch General Operational Command ou Commandement Opérationnel Unifié de l’Exécutif. Le FBI, les Marshals Fédéraux, le Service Secret et les Forces Spéciales revendiquent tous encore une identité spécifique, comme le faisaient l’Armée de terre, la Marine et l’Aviation à une époque. Mais ils sont tous sous le commandement de l’EBGOC, ils font tous la même chose et ils sont tous plus ou moins interchangeables. En dehors de Fedland, tout le monde ne les connaît que sous le nom de Feds. L’EBGOC se flatte de pouvoir entrer partout, n’importe quand, sur tout l’ex-territoire des États-Unis d’Amérique, sans mandat, sans même un prétexte valable. Mais ces types ne sont vraiment à l’aise qu’ici, à Fedland, derrière leurs téléobjectifs, leurs micros directifs ou leurs fusils de précision. Et plus leurs instruments sont longs, plus ils sont contents.

Au-dessous d’eux, le taxi qui transporte l’Arabe a ralenti pour s’engager dans un parcours de slalom délimité par des glissières de sécurité et parsemé de nids de mitrailleuses disposés aux endroits stratégiques. Il s’arrête devant un dispositif SDP à cheval sur une fosse où des types de l’EBGOC se tiennent avec des chiens et de puissants projecteurs pour rechercher des bombes ou des agents NBCI (nucléaires, biologiques, chimiques et informatiques) sous le châssis. Pendant ce temps, le chauffeur descend et ouvre le coffre pour que d’autres Feds complètent l’inspection. Il y en a un qui se penche contre la vitre du côté de l’Arabe et le passe au détecteur. On dit que les musées et monuments du District of Columbia ont fait l’objet d’une concession et ont été transformés en un parc à touristes qui assure aujourd’hui dix pour cent des revenus du gouvernement. Les Feds auraient pu gérer l’affaire eux-mêmes et s’assurer probablement une meilleure rentabilité, mais là n’est pas la question. Le débat est philosophique. Il s’agit de ne pas perdre de vue l’essentiel. Un gouvernement, c’est fait pour gouverner. Pas pour faire des affaires dans l’industrie des loisirs. Vrai ou faux ? Laissons le show-business aux spécialistes, munis d’un diplôme de danseur à claquettes. Les Feds ne sont pas comme ça. Ce sont des gens sérieux. Diplômés de Sciences-po, ex-présidents des associations d’étudiants, animateurs des clubs de débats. Le genre de types qui ont le courage de porter un costume de drap foncé et une cravate serrée par des températures de serre avoisinant les quarante-cinq degrés et avec une humidité assez dense pour arrêter un jumbo jet. Le genre de types qui se sentent le plus chez eux du côté opaque d’un miroir unidirectionnel.

Le Samouraï Virtuel
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