Extrait du Tome 2
Perséphone et les faux-semblants
Une cloche-lyre sonna, signalant ainsi la fin d’un autre lundi à l’AMO, l’Académie du mont Olympe. Perséphone fourra le rouleau de texte qu’elle était en train de lire dans son sac à rouleaux et se leva pour quitter la bibliothèque. Comme elle rejoignait la multitude de jeunes dieux et déesses qui déferlaient dans le couloir, un héraut apparut au balcon au-dessus d’eux.
— Le vingt-troisième jour d’école tire maintenant à sa fin, annonça-t-il d’une voix forte et importante.
Puis il frappa la cloche-lyre encore une fois avec un petit maillet.
Une déesse aux cheveux châtains tenant tant de rouleaux dans ses bras qu’elle pouvait à peine voir par-dessus se mit à marcher à côté de Perséphone.
— Pardieu ! Ce qui signifie qu’il ne reste plus que 117 jours d’école avant la fin de l’année !
— Salut, Athéna. Un peu de lecture légère ? plaisanta Perséphone en montrant la pile de rouleaux.
— De la recherche, dit Athéna.
C’était la plus intelligente des amies de Perséphone, et aussi la plus jeune, bien qu’elles soient toutes dans les mêmes classes.
Les deux déesses passèrent devant une fontaine dorée. Les yeux de Perséphone s’attardèrent sur une peinture accrochée au mur derrière la fontaine illustrant Hélios, le dieu du soleil, qui montait dans le ciel sur son carrosse tiré par des chevaux. L’Académie était remplie d’œuvres d’art relatant les exploits des dieux et des déesses. C’était si inspirant !
— Hé, les filles, attendez-moi ! leur lança une déesse vêtue d’un chiton bleu pâle, la robe fluide qui faisait alors rage parmi les déesses et les mortelles grecques.
Aphrodite, la plus belle des amies de Perséphone, accourut vers les deux filles sur le sol de marbre brillant. Ses longs cheveux dorés, retenus par des barrettes en coquillage, volèrent derrière elle alors qu’elle dépassait en coup de vent un dieu mi-homme, mi-bouc. Celui-ci bêla, mais lorsqu’il vit de qui il s’agissait, il la suivit des yeux avec un regard admiratif de biche éperdue.
— Je m’en vais au marché des immortels, cet après-midi, dit Aphrodite à bout de souffle. Artémis était censée venir avec moi, mais elle a un entraînement de tir à l’arc. Vous voulez m’accompagner ?
Athéna ployait sous le poids de ses rouleaux.
— Je ne sais pas, dit-elle. J’ai tellement de travail.
— Ça peut attendre, dit Aphrodite. Ne préfères-tu pas venir faire du lèche-vitrine ?
— Eh bien, dit Athéna, je pourrais avoir besoin de nouveau fil à tricoter.
Athéna était toujours en train de tricoter quelque chose. Son dernier projet était un bonnet de laine rayé. Elle l’avait fait pour monsieur Cyclope, le professeur d’héros-ologie, pour couvrir sa tête chauve.
— Tu vas venir toi aussi, Perséphone, n’est-ce pas ? demanda Aphrodite.
Perséphone hésita. Elle n’avait pas vraiment envie d’aller courir les boutiques, mais elle avait peur de faire de la peine à Aphrodite. Dommage qu’elle n’ait pas une bonne excuse comme Artémis. Mais à part sa participation à la troupe des apprenties déesses, Perséphone n’aimait pas trop les sports.
— Euh… je… j’aimerais beaucoup y aller, dit-elle enfin.
Sa mère aurait été fière d’elle. Elle disait toujours à Perséphone d’être polie et de « suivre le courant pour ne pas faire de vagues ».