Viens et je t'apprendrai à écouter la mer. Viens plus près, viens, et je te montrerai cent vingt miles étoiles, et te ferai sentir le parfum de la nuit, et te ferai goûter le sel de la mer et le sel de la terre et le sel de mon corps, et je t'entraînerai dans une course folle, et l'eau se mêlera à ta peau, et le sable à ta peau, et ma main sera tienne; et tu ne sauras plus si tu cours encore, et tu croiras tomber mais je t'entraînerai plus vite, et tu seras comme ivre.
Viens … Viens, et je te laisserai choir sur cette couche de sable pour un autre voyage, et pour une autre ivresse, et la mer et le sable seront notre univers, et nous serons nous-mêmes comme la mer et le sable, et je t'envahirai, et nous serons le vent et la tempête et je serai tiens, et nous serons comme ivres …
Viens..
Et puis on se réveille; mais je ne dormais pas; non, je rêvais un peu. La mer est à cent lieues, et tu n'y es même pas. Tu es encore plus loin; tu es un autre monde et je suis dans ce monde; tu n'es même pas partie, tu n'es jamais venue, et mes insultes sont comme ma tendresse, égarées.
Il faut que je sorte, je vais descendre; l'escalier, la rue, la porte, la maison; rentrer, sortir, rentrer, sortir, métro et train, et patapin, croiser des routes, et la déroute, rentrer, sortir, rentrer, sortir, rentrer, sortir, tutt!
Il faut que je sorte; oui je vais descendre. Je vais prendre l'escalier et je vais prendre les clés. Une à une les marches, je descends au marché, il me faudrait un livre, donnez m'en un kilo, ou peut-être un peu plus, d'ailleurs plus on en a… . Et puis on en a marre… . ça n'fait même pas l'bonheur, mais ça fait bien dix francs. Un sous est un sous, allez aur'voir madame. Marcher sur les trottoirs, regarder les vitrines, trotter sur les vitrines et lécher les trottoirs, vitrifier les trottoirs et regarder marcher. C'est un marché. On le passe? Passera, passera pas … oui comme la minijupe … ça y est c'est à l'orange; il est passé quand même. Quand même il exagère. Et personne n'a rien dit. Veux-tu que je te dise? Je trouve ça écœurant… C'est une affaire de cœur … . Un cœur est un cœur; et puis on dévalue.
Je dévale la rue, je me mets à courir, et je me mets à l'aise, ah ça va mieux, il fait chaud. Qu'est-ce que je vais lui dire? Elle ne comprendra pas.
Je prends l'ascenseur, tiens j'ai pris deux kilos, il va falloir les perdre, il va falloir la perdre, la quitter, pour un rêve, pour un … .. un rien, un inexistant. Elle ne comprendra pas. Et je la quitte pour ça, parce qu'elle ne comprendra pas.
Pourquoi te dire que tu es jolie si tu ne l'es pas. Comment te dire: «tu es jolie, je t'aime» si tu ne l'es pas. Pourquoi vouloir que tu soies jolie si tout ne l'est pas.
Je renonce à aller chez elle; j'ai peur de me voir en la regardant. Je vais lui écrire un mot, elle le recevra demain. Douze heures d'attente… … . Interminablement.
je me suis trompe. je ne t'aime pas. adieu.