Chapitre 23
— Euh… capitaine…
— Oui, Numéro Un ?
— Simplement un rapport… épineux que vient d’envoyer Numéro Deux.
— Allons bon !
Tout là-haut sur la passerelle du vaisseau, le capitaine leva les yeux vers l’infini de l’espace avec un soupçon d’irritation. De sa position, sous le dôme d’une vaste bulle, il pouvait contempler le vaste panorama des étoiles parmi lesquelles ils avançaient – un panorama qui s’était notablement amenuisé au cours de leur voyage. S’il se tournait pour regarder vers l’arrière, au-delà de la masse du vaisseau, longue de trois kilomètres, il pouvait apercevoir l’amas considérablement plus dense des étoiles qui formaient pratiquement un ruban continu : la vue en coupe du centre galactique qu’ils étaient en train de traverser – qu’ils traversaient en fait depuis des années – à une vitesse dont il ne se souvenait plus au juste, mais enfin de toute manière c’était terriblement rapide : quelque chose de l’ordre de la vitesse de quelque chose, ou alors était-ce trois fois la vitesse d’autre chose… ? Bigrement impressionnant, en tout cas. Il scruta le lointain, derrière le vaisseau, à la recherche de quelque chose. Il faisait ça à peu près toutes les cinq minutes mais sans jamais savoir au juste ce qu’il recherchait. Mais il ne se laissait pas inquiéter pour autant : ses grosses têtes avaient bien souligné que tout marchait à la perfection, pour autant que personne ne panique et que chacun continue d’accomplir sa tâche dans l’ordre et la discipline.
Il ne paniquait pas. Pour autant qu’il sache, tout se passait à merveille. Il se tamponna l’épaule avec une grosse éponge pleine de mousse. Puis il lui revint à l’esprit qu’il se sentait vaguement irrité à propos de quelque chose. Mais quoi au fait ? Une toux discrète lui rappela que son second attendait toujours à côté de lui.
Un brave type, ce Numéro Un. Pas une lumière, non, plutôt le genre à avoir du mal à lacer ses souliers, mais de la bonne graine d’officier en tout cas. Le capitaine n’était pas homme à botter le train d’un gars occupé à lacer ses chaussures – si long fût-il. Rien à voir avec ce sinistre Numéro Deux, toujours à hanter les coursives, polir ses boutons et passer au rapport régulièrement toutes les heures : « le vaisseau avance toujours, mon capitaine » ! « On tient bon le cap, mon capitaine ! » « Niveau d’oxygène toujours normal, mon capitaine ! » « Mais qu’il écrase un peu ! » tel était l’avis du capitaine. Ah oui : voilà enfin ce qui l’avait tant irrité. Il baissa les yeux vers Numéro Un.
— Oui mon capitaine. Il craint je ne sais quoi au sujet de prisonniers qu’il aurait trouvés…
Le capitaine réfléchit à tout ceci. Tout ça lui semblait bien abracadabrant mais il n’était pas homme à se mêler des affaires de ses officiers.
— Eh bien, peut-être que ça le tiendra heureux un moment, dit-il enfin. Il a toujours voulu en avoir.
Arthur Dent et Ford Prefect parcouraient les coursives, apparemment interminables, du vaisseau. Numéro Deux marchait derrière eux, aboyant de temps à autre l’ordre de ne faire aucun faux mouvement ou autre coup en douce. Il leur semblait avoir longé déjà deux kilomètres de toile de jute marron sans solution de continuité. Enfin, ils atteignirent une grande porte d’acier qui coulissa lorsque Numéro Deux lui eut hurlé dessus. Ils entrèrent.
Aux yeux d’Arthur Dent et de Ford Prefect, le trait le plus remarquable de la passerelle du bateau n’était pas le dôme hémisphérique de quinze mètres de diamètre qui la recouvrait, révélant un vertigineux panorama d’étoiles : pour des gens qui ont dîné au Dernier Restaurant avant la Fin du Monde, de telles merveilles apparaissent bien banales. Ce n’était pas non plus l’impressionnant ensemble d’instruments qui tapissait le mur circulaire tout autour d’eux. Pour Arthur, tout cela correspondait exactement à l’image traditionnelle d’un astronef et pour Ford, c’était une vision parfaitement désuète qui le confirmait dans ses craintes : le vaisseau d’acrobatie de Disaster Area les avait bien fait reculer d’un million d’années dans le temps, si ce n’était pas deux.
Non, ce qui les prit vraiment de court, ce fut la baignoire :
La baignoire trônait sur un piédestal de deux mètres en cristal d’eau bleu grossièrement taillé, ensemble d’une baroque monstruosité rarement rencontrée hors des murs du musée des Rêves malades de Maximégalon. Surmontant l’objet, un fouillis de tuyauterie quasiment intestinal et qu’on aurait décemment mieux fait d’ensevelir à minuit dans quelque sépulture anonyme ; quant aux robinets et à la pomme de douche, ils auraient eu de quoi faire s’étrangler une gargouille.
En tant que pièce maîtresse de la passerelle d’un astronef, l’objet semblait terriblement déplacé et c’est avec l’air fort amer de l’homme conscient de ce fait que Numéro Deux s’en approcha.
— Mon capitaine ! hurla-t-il entre ses dents serrées – exercice passablement difficile mais qu’il avait eu des années pour perfectionner.
Un grand visage jovial suivi d’un bras jovial et couvert de mousse jaillit au-dessus du rebord de la monstrueuse baignoire.
— Ah ! salut, Numéro Deux, dit le capitaine en agitant joyeusement son éponge, la journée se passe bien ?
Numéro Deux parvint à se mettre encore plus au garde-à-vous qu’il n’était déjà. Il aboya :
— Je vous ai amené les prisonniers que j’ai découverts dans la chambre froide numéro sept, mon capitaine !
Arthur et Ford toussotèrent, confus :
— Euh… salut ! lancèrent-ils.
Le capitaine leur adressa un sourire épanoui. Ainsi donc Numéro Deux avait effectivement réussi à dénicher des prisonniers ! Eh bien, tant mieux pour lui, songea le capitaine : ça fait toujours plaisir de voir un gars qui se débrouille bien dans sa branche.
— Oh ! salut, leur dit-il, excusez-moi de ne pas me lever mais je prends juste un petit bain. Eh bien, Djinnain Tonnyx pour tout le monde, d’accord ? Allez jeter un œil dans le frigo, Numéro Un.
— Mais certainement, mon capitaine.
C’est un fait curieux (et auquel nul ne sait au juste quelle importance attacher) mais quelque 85 % de tous les mondes connus de la Galaxie, qu’ils soient primitifs ou hautement avancés, ont un jour ou l’autre inventé une boisson dénommée le Djinnain Tonnyx – ou Gee-N’N-T’N-Hic, ou Djin0nd-0-nicks, ou l’une ou l’autre des mille variations et plus sur ce même thème phonétique. Les boissons proprement dites ne sont jamais les mêmes et varient entre le « Chinanto-Nick » sivolvien, qui est de l’eau ordinaire servie légèrement chambrée au-dessus de la température ambiante, et le « Tzjin-anthony-ks » gagrakackien, capable d’occire une vache à cent pas ; et à vrai dire, le seul trait commun entre tous ces breuvages, outre le fait que leur nom sonne de manière identique, c’est que tous sans exception furent inventés et baptisés avant que les mondes concernés n’entrent mutuellement en contact.
Que peut-on déduire d’un tel fait ? Il demeure totalement isolé. Quelle que soit la théorie de linguistique structurale qu’on veuille bien envisager, il demeure en dehors de l’épure, et il y reste. Les vieux structuralistes s’irritent au plus haut point dès lors que leurs jeunes collègues abordent le sujet. Quant aux jeunes structuralistes, ils se passionnent pour la question et passent des nuits blanches dessus, convaincus d’être à deux doigts de quelque découverte primordiale et finissent par devenir avant l’heure de vieux structuralistes que leurs jeunes collègues irritent au plus haut point. La linguistique structurale est une malheureuse discipline amèrement divisée et nombre de ses pratiquants passent encore trop de nuits à noyer leurs problèmes dans les Ouizghiennes Zodahs.
Numéro Deux était toujours figé devant la baignoire du capitaine, tout raide et frémissant de frustration :
— N’avez-vous pas l’intention d’interroger les prisonniers ?
Le capitaine le considéra, perplexe :
— Pourquoi, par Golganfricham voudrais-je faire ça ?
— Mais pour leur soutirer des renseignements, chef ! Découvrir pourquoi ils sont venus ici !
— Oh ! non, non, non ! dit le capitaine : je parie qu’ils passaient juste boire un petit Djinnain Tonnyx, pas vrai ?
— Mais, chef, ce sont mes prisonniers ! Il faut bien que je les interroge !
Le capitaine prit un air dubitatif :
— Oh ! et puis d’accord. S’il le faut. Demandez-leur donc ce qu’ils veulent boire.
Une lueur dure et glaciale scintilla dans les yeux de Numéro Deux. Il s’avança lentement vers Arthur Dent et Ford Prefect. Et grogna :
— Eh bien à nous, bande d’ordures… vermines…
Il caressa le menton de Ford de la pointe de son Kill-O-Zap.
— Du calme, Numéro Deux, gronda doucement le capitaine.
— Qu’est-ce que vous voulez donc boire ? ? ? rugit Numéro Deux.
— Eh bien… le Djinnain Tonnyx m’a l’air parfait, dit Ford. Et toi, Arthur ?
Arthur cligna des yeux.
— Quoi ? Oh… euh, oui.
— Avec ou sans glace ? ? ? ? aboya Numéro Deux.
— Oh, avec, je vous prie, dit Ford.
— Citron ? ? ? ? ?
— Oui, volontiers, dit Ford. Et auriez-vous par hasard de ces biscuits d’apéritif, vous savez, ceux au fromage ?
— C’est moi qui pose les questions, ici ! ! ! brama Numéro Deux, le corps secoué d’une fureur apoplectique.
— Euh, Numéro Deux…, dit doucement le capitaine.
— Chef ?
— Un peu de calme, voulez-vous ? Vous serez gentil. Je prends un bain pour essayer de me détendre.
Le regard de Numéro Deux se rétrécit pour devenir (comme on dit dans le milieu des braillards et des tueurs) vitreux et glacé – l’idée étant sans doute de donner à l’adversaire l’impression que vous avez perdu vos lunettes ou que vous avez du mal à rester éveillé. Savoir pourquoi cette mimique est effrayante, voilà un problème encore non résolu.
Il avança vers le capitaine, la bouche dure et les lèvres serrées. Là aussi, pas facile de savoir en quoi cette attitude peut être jugée belliqueuse : si d’aventure en parcourant la jungle de Tron, vous vous trouviez soudain vis-à-vis du fabuleux Hanneton Glouton, vous seriez bien content de lui trouver la bouche dure et les lèvres serrées au lieu de cette grande gueule écumante et garnie de crocs qui lui est coutumière.
— Puis-je vous rappeler, mon capitaine, siffla Numéro Deux, que vous êtes à présent dans cette baignoire depuis plus de trois ans ? !
Et sur cette ultime pique, Numéro Deux tourna les talons et partit dans son coin s’entraîner à lancer des regards meurtriers contre un miroir.
Le capitaine se tortilla dans son bain puis se tourna vers Ford avec un sourire gêné :
— Eh bien, on a pas mal besoin de se détendre avec un boulot comme le mien.
Ford abaissa lentement les mains. Sans provoquer de réaction. Arthur l’imita.
Progressant avec un grand luxe de lenteur et de précaution, Ford s’approcha du piédestal. Caressant la baignoire, il mentit :
— Très joli.
Il se demanda s’il n’était pas imprudent de sourire. Avec un grand luxe de lenteur et de précaution, il esquissa un sourire. Ce n’était pas imprudent.
— Euh…, dit-il au capitaine.
— Oui ? dit le capitaine.
— Je me demande, dit Ford, s’il n’est pas indiscret de savoir quel est votre boulot, au juste ?
Une main lui tapa sur l’épaule. Il se retourna avec un sursaut. Ce n’était que le second :
— Vos verres…
— Ah, merci, dit Ford.
Arthur et lui prirent leur Djinnain Tonnyx. Arthur goûta le sien et découvrit avec surprise que ça ressemblait énormément à du whisky and soda.
— Je veux dire… je n’ai pas pu ne pas remarquer…, dit Ford en buvant lui aussi une gorgée, … les corps. Dans la cale.
— Des corps ?
Le capitaine était surpris. Ford se ménagea un temps de réflexion. Ne jamais se fier aux évidences, se dit-il. Se pouvait-il que le capitaine ignorât la présence de quinze millions de cadavres dans ses cales ?
Le capitaine hochait la tête chaleureusement en le regardant. Ford nota également qu’il était en train de jouer avec un canard en caoutchouc.
Ford tourna les yeux. Numéro Deux le fixa dans le miroir mais un instant seulement car son regard ne cessait de fureter. Numéro Un se contentait quant à lui de porter le plateau des apéritifs, en arborant un sourire benoît.
— Des corps ? répéta le capitaine.
Ford s’humecta les lèvres.
— Oui, dit-il, vous savez, tous ces désinfecteurs de téléphone et ces cadres commerciaux morts dans la cale.
Le capitaine le fixa. Puis rejeta soudain la tête en arrière en éclatant de rire.
— Oh ! mais ils ne sont pas morts du tout ! Seigneur non ! Ils sont simplement congelés. Destinés à se faire réanimer.
Ford fit alors une chose rare chez lui : cligner des yeux.
Arthur parut sortir de sa transe.
— Vous voulez dire que vous avez une cale bourrée de coiffeurs congelés ?
— Mais oui, dit le capitaine. Des millions. Des coiffeurs, des réalisateurs de télé surmenés, des courtiers en assurances, des responsables du personnel, des vigiles, des cadres commerciaux, des attachés de direction, des experts-comptables, tout ce que vous voulez : nous allons coloniser une autre planète.
Ford vacilla un tantinet.
— Super, non ? dit le capitaine.
— Hein ? Avec ces effectifs ? s’étonna Arthur.
— Ah ! attention ! Ne vous méprenez pas : nous ne sommes que l’un des éléments de la Flotte de colonisation. L’Arche « B », vous voyez. Excusez-moi… est-ce que je pourrais vous demander de me rajouter un poil d’eau chaude ?
Arthur s’exécuta et une cascade d’eau mousseuse et rose se déversa dans la baignoire. Le capitaine laissa échapper un soupir extasié.
— Merci du fond du cœur, mon ami. Et surtout, n’hésitez pas à vous resservir, bien sûr.
Ford reposa son verre, saisit la bouteille posée sur le plateau du second et s’en versa une rasade jusqu’à ras bord.
Puis il demanda :
— C’est quoi au juste, l’Arche « B » ?
— C’est celle-ci, dit le capitaine en éclaboussant joyeusement avec son canard.
— J’entends bien, dit Ford, mais…
— Eh bien, ce qui s’est passé, voyez-vous, c’est que notre planète, le monde d’où nous venons était, pour ainsi dire perdu.
— Perdu ?
— Eh oui. Si bien que tout le monde s’est dit : emballons toute la population dans quelque astronef géant et partons nous établir sur une autre planète.
Arrivé là de son histoire, le capitaine se carra dans son bain avec un grognement satisfait.
— Vous voulez dire, une planète moins perdue ? souffla Arthur.
— Qu’avez-vous dit, mon ami ?
— Une planète moins perdue. Pour vous y établir.
— Nous y établir, c’est ça. Il fut alors décidé de construire trois vaisseaux, vous voyez, trois Arches spatiales et… je ne vous ennuie pas, j’espère ?
— Non, non, non, s’empressa de dire Ford. C’est fascinant.
— Si vous saviez comme c’est agréable d’avoir quelqu’un à qui parler, nota le capitaine. Pour changer.
Les yeux de Numéro Deux parcoururent de nouveau fébrilement la pièce avant de se fixer à nouveau sur le miroir, tel un couple de mouches momentanément distraites de leur morceau de viande avariée préférée.
— L’ennui, avec les voyages de cette longueur, poursuivit le capitaine, c’est que vous finissez par vous parler tout seul, ce qui est on ne peut plus ennuyeux, vu que la moitié du temps vous savez d’avance ce que vous allez dire.
— La moitié du temps seulement ? demanda Arthur, inquiet.
Le capitaine réfléchit un instant.
— Oui, à peu près la moitié, je dirais. Au fait… où est le savon ? » Il tâtonna autour de lui, le retrouva et reprit : « Oui, alors donc, le plan était de fourrer dans le premier vaisseau, l’Arche A, tous les brillants leaders, les scientifiques, les grands artistes, enfin vous voyez, tous les concepteurs, les décideurs ; et dans le troisième, le C, tous les gens qui travaillaient effectivement, les manuels ; et puis…
Il scruta de nouveau le lointain. Ford le scruta lui aussi et fronça les sourcils, songeur.
— À moins, bien sûr, dit-il doucement, que le bouc ne les ait mangés…
— Ah oui…» dit le capitaine non sans l’ombre d’une certaine hésitation dans la voix. « Le bouc…», ses yeux parcoururent l’ombre tangible des instruments et des ordinateurs alignés autour de la passerelle et qui clignotaient innocemment vers lui.
Puis il contempla les étoiles mais elles restèrent muettes. Il jeta un œil vers ses seconds mais ils s’empressèrent de s’abîmer dans leurs pensées. Il reporta son regard vers Ford Prefect qui haussa les sourcils.
— C’est quand même un truc marrant, vous savez, dit enfin le capitaine, mais maintenant que je peux confier toute l’histoire à quelqu’un d’autre… je veux dire… ça ne vous paraît pas bizarre, à vous, Numéro Un ?
— Euhhhhhh…, dit Numéro Un.
— Eh bien, dit Ford, je vois que vous avez envie de discuter de tas de choses tous les trois, alors… merci pour l’apéritif et puis… si jamais vous pouviez nous déposer sur la première planète disponible…
— Ah, eh bien, c’est que ça risque d’être un peu difficile, expliqua le capitaine, voyez-vous, notre trajectoire ayant été prédéterminée dès avant notre départ de Golganfriche… sans doute parce que je suis personnellement un peu fâché avec les chiffres, je suppose…
— Vous voulez dire que nous sommes coincés ici à bord de ce vaisseau ? » s’exclama Ford, perdant soudain patience devant ce sac de nœuds. « Et quand êtes-vous supposé atteindre cette planète que vous êtes censé coloniser ?
— Ah ça, on y est presque, je pense, dit le capitaine. D’une seconde à l’autre, à présent. En fait, il serait sans doute grand temps que je sorte de ce bain, moi. Oh… quoique… je me demande. Pour quoi faire ? quand je m’y plais si bien.
— Donc, nous allons effectivement atterrir dans une minute ? demanda Arthur.
— Eh bien… pas exactement atterrir, en fait, pas à proprement parler, non… euh…
— Que voulez-vous dire ? intervint Ford d’une voix dure.
— Eh bien (le capitaine choisissait ses mots avec prudence) je crois, pour autant que je m’en souvienne, que l’arche est programmée pour s’écraser dessus.
— S’écraser ? s’écrièrent en chœur Arthur et Ford.
— Euh, oui, dit le capitaine, oui, cela fait partie intégrante du plan, je pense. Ils avaient pour ça une raison terriblement bonne mais qui m’échappe un peu pour l’instant, quelque chose en rapport avec le fait que… euh…
Ford explosa :
— Mais c’est que vous êtes une bande d’emplâtres pas croyables !
— Ah oui, c’est ça ! dit le capitaine, radieux. La voilà, la raison !