CHAPITRE II

QUI-VIENT-DU-BRUIT

Nous devons maintenant conclure, Sire, mesdames et messieurs, que les skadjes n’ont existé que dans l’imagination fertile des habitants des oasis. Les nombreuses expéditions qui se sont succédé dans le désert n’ont rapporté ni spécimen ni squelette, ni même fragment d’os. Les récits des oaseurs ou des guides caravaniers nous en fournissent des descriptions différentes, voire contradictoires, ce qui tendrait à prouver leur caractère fantaisiste, pour ne pas dire farfelu. Si l’esprit humain se nourrit aussi de fantasmes et de terreurs, comme l’affirment nos confrères spécialistes en psychologie, disons alors que les skadjes sont les objets des fantasmes et des terreurs les plus répandus dans les oasis. Nous ne recommandons pas pour autant de mettre fin aux expéditions dans le désert profond, nous proposons seulement d’en modifier les objectifs : les étendues du Mitwan nous paraissent en effet riches de ressources cachées qui pourraient, si nous apprenions à les identifier et à les exploiter, concourir à renforcer la grandeur et la pérennité du Royaume. Nous voulons ici parler des pierres aux couleurs somptueuses, de ces étranges fleurs minérales que les oaseurs appellent les « éphémères des sables » ou encore de la fantastique énergie dégagée par les créatures des roches.

Extrait d’un discours de Haïon Sangl,

 explorateur officiel du palais de la Cité des Nues,

Jezomine.