– 44 –

Le halo de la lampe torche diffusait une lueur qui éclairait à peine les visages de Christopher et de Sarah. Et ni l’un ni l’autre ne trouvait les mots pour formuler son malaise.

— C’est de la folie, laissa finalement échapper Christopher.

— Lazar va téléphoner d’une seconde à l’autre, c’est pas le moment de réfléchir à ce que l’on vient de lire.

En l’espace d’un flash, Christopher revit son père assis dans son fauteuil à la maison, feuilletant le journal comme si de rien n’était alors que toutes ces idées et ces recherches vertigineuses tournaient en boucle dans sa tête. Comment faisait-il pour ne rien montrer ?

Christopher consulta sa montre. Lazar allait appeler dans quelques minutes. Il était prêt.

Ils attendirent en silence, tous deux troublés, réfléchissant aux implications de ce qu’ils venaient de lire.

Quand le téléphone sonna, Christopher décrocha tout de suite.

— Vous avez trouvé la bonne réponse ? demanda immédiatement Lazar.

— Quand je vous aurai donné ce que vous cherchez, où retrouverai-je Simon ?

— Je vous indiquerai une adresse dans un endroit peu fréquenté. Il sera là et vous attendra.

Christopher s’humecta les lèvres.

— Nous avons finalement mis au jour une pièce secrète attenante au bureau de mon père. Elle contenait cette fois des documents révélant, vous aviez raison, la véritable teneur du projet 488. Je vais vous lire ce que nous avons trouvé. Cela devrait vous suffire à vous prouver l’authenticité de ce que vous allez entendre.

— Je vous écoute, répondit Lazar de sa voix fatiguée et malade.

Christopher prit une inspiration et lut l’intégralité du texte et des notes à Lazar.

Un long silence suivit ses derniers mots. Il regarda Sarah, son cœur tapant contre sa poitrine, attendant le verdict de vie ou de mort du ravisseur de Simon.

— L’âme… répéta Lazar. C’est donc ça dont votre père cherchait à prouver l’existence… Votre père était une ordure, mais un génie à qui on aurait dû donner tous les moyens dont il avait besoin pour aller au bout de sa recherche.

— Maintenant que vous savez, à vous de tenir votre promesse.

— Vous avez fait un excellent travail, vous et votre collègue, reprit Lazar avant de partir dans une quinte de toux.

Il se racla la gorge et poursuivit :

— Vous m’apportez des réponses que j’attendais depuis si longtemps. Vous ne pouvez imaginer le sens que vous venez de donner à mon existence…

— Je viens chercher Simon. Dites-moi où !

— Ce que vous venez de lire ne vous donne pas le vertige ? N’avez-vous pas le sentiment que 99 % des hommes et des femmes vivent dans l’ignorance la plus crasse ?

Christopher mordait désormais la chair de son pouce.

— Passez-moi Simon ! Tout de suite !

Et à sa grande surprise, il entendit la voix du petit garçon. Sarah fut elle aussi étonnée, mais n’osa dire à Christopher que ce n’était pas bon signe.

— Simon ! Fais tout ce qu’on te dit et j’arrive, d’accord ? C’est bientôt terminé. J’ai trouvé ce que le monsieur cherchait. Il te fera plus rien.

— J’ai mal, gémit le petit garçon.

— Vous ne lui avez rien donné contre la douleur ?! hurla Christopher.

— Vous l’aimez ce petit, hein ? reprit Lazar.

— Ça suffit maintenant, vous valez mieux que ça.

— Vous l’aimez, oui, bien sûr, mais jusqu’où seriez-vous prêt à aller pour le sauver ?

— J’ai fait tout ce que vous m’aviez demandé ! Tout !

— Vous m’avez apporté la théorie, Christopher. Je veux la pratique. Je veux connaître la réponse à la question que votre père a posée. Je veux savoir s’il y a quelque chose après la mort ! Et si oui, quoi. Vous seuls avez le graphortex en votre possession.

— Mais c’est impossible, il faudrait mour…

Christopher ne termina pas sa phrase.

— Eh oui, l’un de vous deux va devoir mourir pour sauver l’enfant, confirma Lazar. Filmez le déroulé de l’expérience. Je veux être certain que vous n’avez rien inventé. Je vous rappelle dans une heure.

Christopher balaya d’un revers de main les notes de son père qui s’éparpillèrent dans l’obscurité.

— Espèce d’enfoiré ! Ça ne s’arrêtera jamais !

Sa colère déversée, il croisa le regard de Sarah.

— Tu penses à la même chose que moi ? demanda-t-elle.

— Je ne pourrai pas la tuer de sang-froid. Je n’ai pas pu le faire tout à l’heure. C’est pour ça que je l’ai ligotée.

— Avant de passer à elle, jetons un œil à son coéquipier. Il était à l’agonie, peut-être qu’il n’est pas encore mort…

Sarah ressortit du vestibule secret et courut vers le bloc opératoire, suivie de Christopher. Elle avisa immédiatement le corps d’Hotkins allongé par terre dans une flaque de sang.

Christopher, qui venait d’entrer à son tour, se dirigea vers le plafonnier opératoire et enclencha l’interrupteur. À son grand soulagement, la lumière éblouissante d’un spot irradia dans la pièce.

La salle d’opération devait être reliée à un circuit électrique indépendant, songea-t-il, raison pour laquelle le court-circuit qu’ils avaient provoqué tout à l’heure n’avait pas atteint cette partie du bâtiment.

Sarah s’agenouilla près du corps de l’ancien Marine et ausculta son pouls. Après quelques secondes, elle hocha la tête.

— Il vit encore… Aide-moi à le porter sur la table.

— J’arrive pas à croire ce qu’on est en train de faire, rétorqua Christopher en soulevant le corps du tueur sous les bras.

Ils le traînèrent péniblement et le hissèrent sur la table d’opération.

Quand ils lui fixèrent les poignets et les chevilles à l’aide des lanières de cuir reliées au chariot, Hotkins émit un gémissement. Par réflexe, Christopher s’écarta.

Sarah lui tendit les électrodes.

— Ne traînons pas.

Christopher ajusta les pastilles de plastique sur le front et les tempes de l’ancien Marine.

— Je sais même pas si c’est comme ça que ça se pose. Et puis j’ai l’impression qu’il est en train de se réveiller.

— Enclenche le graphortex ! Dépêche-toi !

Le tueur venait d’émettre un gémissement et de tourner la tête. Christopher s’assura qu’il restait suffisamment de papier dans l’imprimante, puis alluma l’appareil. Les cadrans s’éclairèrent et les aiguilles s’agitèrent. L’aiguille de la mesure du temps se plaça sous la lettre P pour désigner le présent. Et l’indicateur du rythme cardiaque afficha une faible cadence entre 19 et 20.

— Et maintenant, on fait quoi ? demanda Christopher. On attend qu’il meure ?

— Filme.

Christopher tira son téléphone de sa poche, enclencha le mode vidéo et cadra le corps d’Hotkins allongé sur la table d’opération, puis le graphortex auquel il était relié.

Le tueur gémit de nouveau et remua franchement cette fois.

Sarah trouva un scalpel parmi les ustensiles médicaux. Elle s’approcha d’Hotkins, sut qu’elle ne devait s’accorder aucun instant de réflexion, inspira et entama un mouvement du bras pour lui trancher la gorge.

Mais son cerveau ne put donner l’ordre à son corps de procéder au sacrifice. La main tremblante, elle tenta une nouvelle fois d’accomplir ce qu’elle considérait comme un devoir pour sauver Simon. Mais la lame glissa entre ses doigts et rebondit par terre dans un tintement métallique.

Hotkins émit une protestation qui se termina dans un borborygme. Du sang coulait de sa bouche, mais ses yeux vitreux crachaient encore leur haine.

Sarah et Christopher contemplèrent son agonie, écœurés de guetter ainsi le dernier souffle d’un homme pour user de sa mort à leur profit.

Hotkins lutta encore quelques minutes qui furent un supplice d’impatience pour ses bourreaux silencieux. Et enfin, il rendit son dernier souffle dans un murmure à peine audible où l’on ne distingua que le mot « enfer ».

Sarah détourna le regard pour l’orienter vers l’aiguille mesurant les battements du cœur. Elle se rabattit vers la gauche du cadran et se rapprocha lentement de 0.

— C’est fini… Il est mort.

Hotkins avait le visage blanc et sa tête était retombée sur le côté, un filet de salive mêlée de sang coulant au coin de sa bouche. Sarah était de plus en plus dubitative quant à l’issue de leur macabre expérience. Mais, après une trentaine de secondes, on entendit un bip régulier se déclencher. Il émanait du graphortex, comme s’il était en attente d’un signal.

Christopher continuait à filmer, passant du graphortex au visage du cadavre, guettant la moindre manifestation du capteur d’ondes cérébrales qui égrainait son signal comme un radar ne captant qu’un infini silence.

Et puis soudain, l’imprimante se positionna en mode attente, comme si elle venait de recevoir une information qu’elle s’apprêtait à traiter.

Christopher pointa son téléphone vers l’imprimante.

Sarah ne bougeait plus.

L’aiguille du cadran du graphortex marquée de la lette T s’affola et se mit à taper contre la limite – X.

L’appareil émit un son strident, et l’imprimante se déclencha.

Christopher et Sarah ne quittaient pas des yeux la feuille qui sortait lentement dans un concert de crissements.

Quand le bruit cessa, le bras mal assuré, Christopher souleva la feuille et la retourna d’un mouvement lent pour la filmer. Sarah détecta la circonspection dans le regard de Christopher.

— Quoi ?

Il lui tendit la feuille. Elle était blanche.

Sarah l’examina à son tour et leva la feuille en direction du plafonnier. Son regard se plissa sous l’effet de la surprise.

— Il y a quelque chose, murmura-t-elle.

— Quoi ?

— Regarde… là, là et encore à ces trois endroits.

Christopher saisit la feuille entre ses mains pour être certain de ne pas être victime d’une illusion. Mais il dut se rendre à l’évidence, Sarah avait raison.

— Qu’est-ce que ces marques peuvent signifier ? se demanda-t-il à voix haute.

— Pour le moment, ça veut déjà dire qu’on a la preuve… qu’il y a quelque chose… après.

Elle exposa de nouveau la page à la forte lumière du plafonnier.

Marqués d’une tonalité gris clair qui pouvait échapper au premier regard, cinq points étaient éparpillés à intervalles irréguliers sur la feuille d’imprimante.

*

— Et merde !

Christopher venait d’écraser son poing contre un mur. Cela faisait plus d’une demi-heure que lui et Sarah se torturaient l’esprit pour savoir à quoi pouvaient correspondre les cinq points qui apparaissaient sur la feuille.

Au départ, ils avaient immédiatement cherché à les relier entre eux pour voir si une forme finissait par surgir. Ils avaient tenté plusieurs combinaisons, mais aucune ne donnait de résultat intelligible, seulement des formes géométriques entremêlées sans aucune logique.

Christopher avait alors cru trouver la solution en voyant dans cette dispersion une constellation d’étoiles. Il avait immédiatement envoyé par téléphone le scan de la feuille à l’un de ses contacts. Un astronome avec lequel il entretenait une relation de confiance et qu’il avait coutume d’appeler lorsqu’il préparait des sujets sur les questions ayant trait à l’espace. Malgré l’heure tardive, le scientifique avait accepté de répondre à Christopher toutes affaires cessantes en comprenant que le moment était grave. Il avait entré le schéma des cinq points dans son ordinateur personnel et lancé une correspondance avec les millions d’alignements d’étoiles répertoriés. Le résultat avait été aussi décevant que l’espoir était grand : aucune constellation ne coïncidait à cet alignement.

— Non seulement on n’a aucune idée de ce que représentent ces points, mais en plus on n’est même pas sûrs que le résultat soit le même pour chaque individu. Si ça se trouve, on aurait eu une image complètement différente si c’était toi ou moi qui avions été sur cette table !

Sarah s’apprêtait à lui dire le fond de sa pensée, mais Christopher leva la main comme s’il venait d’avoir une idée.

— Attends deux secondes…

Il sortit de la salle d’expérience et revint quelques secondes plus tard en brandissant une chemise cartonnée. Il posa le dossier sur une table roulante. Dessus était écrit « Résultats expériences ».

— C’était dans l’un des tiroirs du bureau secret de mon père. Quand je l’ai vu tout à l’heure, j’ai cru que c’étaient des feuilles vierges avec seulement quelques taches.

Il saisit la première feuille et la leva vers la lumière. Son visage s’éclaircit.

— Regarde… dit-il.

Sarah voyait comme lui très clairement les cinq mêmes points alignés de façon similaire.

Ils vérifièrent sur chacune des feuilles et trouvèrent chaque fois les cinq points positionnés exactement de la même façon.

— Tous les cobayes ont vu la même chose, conclut Christopher. Cette vision post mortem semble donc… universelle. Malheureusement, cela ne nous en dit pas plus sur le sens de tout ça.

Sarah appréhendait d’énoncer la seule option qui leur restait.

— On a tout essayé. Quand il appellera, prends les devants et…

— Et je vais lui dire quoi ? Alors voici votre réponse, Lazar : quand vous serez mort, vous verrez cinq trucs flotter dans l’air ?! Il va tuer Simon !

— Christopher, écoute-moi, reprit Sarah de cette voix calme dont elle avait le don.

— Je deviens dingue, soupira-t-il en secouant la tête.

— C’est nous qui avons le pouvoir en main. Appelle Lazar, dis-lui que maintenant, c’est toi qui fixes les règles. Dis-lui que nous avons trouvé la réponse qu’il cherchait. Que tu l’as en ce moment même sous les yeux. Mais que s’il veut la voir, il doit d’abord te rendre Simon sain et sauf.

— Il va continuer à le torturer jusqu’à ce que je cède et que je lui envoie les réponses !

— Alors tu lui répondras que s’il fait ça, tu détruiras la preuve qu’il cherche tant. Tu réalises que ce qu’il nous demande est la quête de sa vie. Il est malade, il n’en a plus pour longtemps. Il n’aura plus l’occasion de reprendre ses recherches. Simon est son dernier moyen de pression. Il ne le supprimera pas.

— Et puis je te rappelle qu’il voulait aussi avoir la tête du responsable du programme MK-Ultra !

— Dis-lui qu’il l’aura dans un second temps.

Christopher sentait intuitivement que les arguments de Sarah étaient les bons. Mais aurait-il le courage de poser la tête de Simon sur le billot en défiant le bourreau d’abattre sa hache ?

Quand ce fut l’heure de la fin de l’ultimatum, son cœur se crispa une nouvelle fois.

— Je vous écoute et votre gamin aussi, gémit Lazar dans le combiné. Afin que vous réfléchissiez bien avant de parler, je vous précise que le couteau de Sergueï ne demande qu’à trancher la main du petit, et pourquoi pas la gorge.

— J’ai trouvé ce que vous cherchiez, déclara Christopher.

La gorge sèche, il était prêt à dire qu’il ferait n’importe quoi pour qu’on ne fasse pas de mal à Simon, mais il croisa le regard de Sarah qui venait de se mettre en face de lui.

— Bien. Je vous écoute, répondit Lazar.

Christopher inspira et tourna le dos à l’inspectrice. Elle se pinça les lèvres, redoutant d’entendre les paroles de désespoir d’un père qui signe l’arrêt de mort de son fils en voulant le sauver.

— Si vous saviez, dit Christopher. Si vous saviez ce que j’ai sous les yeux.

— Eh bien, quoi ? s’impatienta Lazar.

— Eh bien, vous retireriez immédiatement cette lame avec laquelle votre homme de main menace mon fils. Parce que vous auriez trop peur que je fasse de même avec le trésor que vous cherchez depuis tant d’années.

Sarah sourit presque de fierté en entendant Christopher parler avec autant de cran.

— Ne jouez pas à ça avec moi, Christopher, souffla Lazar. Vous avez plus à perdre que moi.

— Je ne crois pas. Et c’est pour cela que vous allez me dire où se trouve Simon afin que je vienne le chercher. Lorsque je l’aurai récupéré sain et sauf, je vous donnerai ce que vous attendez et vous pourrez mourir en paix.

— Voici ce que l’on va faire, Christopher, rétorqua Lazar. Sergueï, amène le gamin qu’on l’entende bien lorsqu’il va crier.

Christopher sentit ses jambes se dérober sous lui.

— Donc, reprit Lazar, votre fils va se faire couper un doigt jusqu’à ce que vous cédiez et que vous m’envoyiez la preuve que vous avancez, avec la vidéo qui montre le processus entier. Je vous laisse trois secondes pour réfléchir. Un…

Sarah retint sa respiration. C’est à cet instant qu’il ne fallait pas flancher. Elle capta le regard de Christopher. Il avait les yeux rougis par l’épreuve.

— Deux…

— Simon, s’étrangla Christopher en parlant dans le combiné. Je suis désolé, mon chéri. Mais maintenant que je sais ce qu’il y a après, je peux te laisser partir. Adieu.

Puis il se tourna vers Sarah.

— Sarah, détruis toutes les preuves, jusqu’à la dernière.

La voix de Lazar ne prononça pas le chiffre trois. Il avait raccroché.

La bouche ouverte, le sang descendant dans ses jambes, Christopher était abasourdi. Qu’avait-il fait ?

Sonnée aussi, Sarah n’osait plus bouger.

Un poids immense écrasant ses poumons, Christopher chercha fébrilement le numéro du dernier appelant. Oui, il allait rappeler et il allait tout dire à Lazar, et Simon serait sauvé.

— Ne fais pas ça ! le supplia Sarah. Si tu rappelles, tu retires à Simon toute chance de survivre !

Christopher ne l’écoutait plus. Ses doigts ne parvenaient pas à appuyer sur les bonnes touches, il transpirait, tremblait et, dans sa panique, il lâcha le téléphone.

Sarah le ramassa plus vite que lui. Il la foudroya d’un regard de haine.

— Rends-le-moi !

— Fais-moi confiance, répliqua-t-elle alors qu’au fond d’elle, tout n’était plus que doute et terreur.

Et soudain, alors que Christopher se sentait capable de la tuer, on entendit le téléphone sonner.

Sarah tendit le combiné à Christopher qui décrocha.

— Voici la façon dont nous allons procéder, murmura Lazar de sa voix râpeuse et fatiguée. Vous avez ma parole que je ne ferai plus aucun mal à votre enfant. Je sais, rien ne vous permet de vous en assurer, mais c’est ainsi, faites-moi confiance. En revanche, je le garde enfermé près de moi jusqu’à ce que vous me fournissiez le film de l’expérience que vous avez menée… ainsi que la tête de celui qui m’a fait endurer ce supplice durant toutes mes années de captivité. C’était le contrat de départ, j’en retire seulement la menace d’amputation physique sur votre gamin.

— Mais comment voulez-vous que…

— Taisez-vous ! éructa Lazar dans un gargouillement ulcéré. Cessez vos jérémiades et agissez ! Je tiendrai ma parole, tâchez d’être à la hauteur des espoirs que votre enfant met en vous. Et dépêchez-vous, car le temps qu’il me reste à vivre se compte en une poignée de jours, pour ne pas dire d’heures. Et si je décède avant d’avoir obtenu mes réponses, personne ne saura jamais où a été enfermé le petit et il mourra de faim et de soif près de mon cadavre. Contactez-moi sur le numéro que je vous envoie à l’instant dès que vous aurez quelque chose.

Lazar raccrocha et un SMS révéla quelques secondes plus tard le numéro de téléphone où le vieil homme pourrait désormais être joint.

Le bras de Christopher retomba le long de son corps. Où allait-il trouver la force de poursuivre son combat ? Le désespoir l’envahit jusqu’à ce qu’il sente l’étreinte de Sarah autour de son dos et sa tête se poser dans le creux de son épaule.

— On a peut-être une chance d’aller plus vite que prévu pour trouver ce que Lazar cherche.