13

 

Elles approchaient des contreforts de l’Himalaya et Holly Singh coupa le pilote automatique de son petit hélicoptère rapide, une Libellule dont elle prit les commandes pour s’élever sans bruit le long du chapelet de crêtes. Une route asphaltée et les rails brillants d’une voie ferrée se lovaient sous leur appareil tels des serpents pythons. Un train d’un autre âge gravissait péniblement la pente en crachant des panaches de vapeur blanche dans l’air pur des montagnes.

De la tête, Singh désigna les terrasses vert vif superposées comme les marches d’un immense escalier.

— Des plantations de thé. C’est à Darjeeling que pousse le meilleur. Tout au moins aimons-nous le penser.

L’hélicoptère franchit un mont qui culminait à 2 500 mètres d’altitude et les hauteurs de l’Himalaya qu’il avait jusqu’alors dissimulées apparurent brusquement dans une atmosphère d’une pureté cristalline. Sparta eut le souffle coupé par la vision des pics qui dépassaient des glaciers et s’élevaient tels des tessons de verre démesurés dans un ciel d’un bleu soutenu. Le Katchenjunga venait juste après l’Everest sur la liste des plus hauts sommets de la Terre et dominait tous les autres. Bien qu’éloigné de soixante-dix kilomètres, il surplombait l’hélicoptère rapide et se découpait avec tant de netteté en perspective qu’il paraissait assez proche pour pouvoir être touché.

Elles atteignirent une ville qui s’accrochait à la crête d’une montagne et se répandait sur ses flancs. La Libellule survola des pelouses et de vieux arbres, les tours de pierre d’un édifice religieux.

— Les Anglais – dont une bonne douzaine de mes arrière-arrière-grands-parents – ont fondé Darjeeling pour fuir la chaleur des plaines, expliqua Singh. C’est pourquoi la moitié des constructions donnent l’impression d’avoir été importées directement des îles Britanniques. Vous voyez celle qui ressemble à une église d’Édimbourg ? Elle a abrité un cinéma pendant quelques décennies. Et si un quart de l’agglomération rappelle le Tibet, c’est parce qu’une colonie de Tibétains s’est installée ici après avoir fui les Chinois au milieu du XXe siècle. Ce qui reste, dont le marché, est typiquement indien. Nous avons essayé dans la mesure du possible de conserver aux lieux l’aspect qu’ils avaient il y a cent ans.

L’hélicoptère fila au ras de la crête, au-delà de la ville.

Singh remarqua dans quelle direction Sparta dirigeait son regard et sourit.

— Les montagnards consacrent beaucoup de temps à la prière, même si c’est par banderoles interposées.

Les hauteurs dénudées étaient pointillées de bâtons d’où pendaient des rubans où s’inscrivaient des formules rituelles.

L’engin poursuivit son vol jusqu’à une vaste pelouse cernée de gros chênes et de châtaigniers. Sparta rechercha une information dans sa mémoire eidétique. La vision de l’étendue de gazon, des arbres obscurs et, au-delà, des cimes enneigées qui surplombaient les vallées noyées dans les nuages lui paraissait familière.

— C’est ici qu’Howard Falcon s’est posé au terme de son voyage en ballon, dit-elle.

— Il est venu souvent, répondit Holly Singh. Ses racines indiennes sont presque comparables aux miennes, mais sa famille est restée exclusivement britannique.

Son humeur était joyeuse, comme si l’air vif des montagnes l’avait revigorée.

— Sans doute avez-vous vu un des documentaires tournés sur cet homme. Quand il cherchait des fonds pour construire le Queen Elizabeth IV, son moyen favori pour se faire des amis et influencer les indécis consistait à leur offrir une promenade en aérostat. Ils partaient de Srinagar et dérivaient le long de l’Himalaya pendant plusieurs jours, avant de se poser ici… au même endroit que nous.

L’hélicoptère prit contact en douceur avec le sol. Sparta entrevit au-delà des arbres une maison blanche avec de larges vérandas et de grands avant-toits, flanquée d’énormes rhododendrons en fleur : des vestiges de la fin de l’ère des dinosaures.

— Et chaque fois qu’il arrivait, nous invitions nos voisins et offrions du vin, un repas et des flatteries à ses invités.

Singh déboucla son harnais et sauta sur le sol avec légèreté. Sparta se pencha derrière son siège pour récupérer son sac puis l’imita. Ses chaussures s’enfoncèrent dans l’herbe souple.

— Mais je crains qu’aucune réception n’ait été prévue pour nous, ajouta Singh. Seulement un dîner en tête à tête.

Sur la vaste pelouse deux paons se pavanaient. Ils exhibaient leurs larges éventails de plumes bleues et vertes devant les paonnes qui erraient çà et là. Dans les hauteurs d’un cèdre, Sparta vit une aigrette blanche. Sur leur gauche, le soleil couchant embrasait le manteau de neige des montagnes.

Les deux femmes se dirigèrent vers la demeure, le médecin en tenue d’équitation et la policière en uniforme bleu impeccable. Un grand homme en veste et bandes molletières vint rapidement à leur rencontre, s’arrêta à quelques mètres et inclina sa tête enturbannée.

— Bonsoir, madame.

— Bonsoir, Ran. Peux-tu rentrer l’hélicoptère et porter le bagage de l’inspecteur dans sa chambre ?

— Immédiatement, madame.

Sparta tendit son sac au sikh qui répéta son mouvement de tête avec une raideur toute militaire.

— Je vous conduirai à votre chambre un peu plus tard, lui dit Singh. Je souhaite vous montrer quelque chose avant la tombée de la nuit.

Sparta la suivit dans les allées rafraîchies par l’ombre des châtaigniers. Entre les rangées régulières de vieux arbres et de buissons décoratifs apparaissaient d’autres bâtiments blancs. Quelques personnes se déplaçaient lentement dans leur cour intérieure en gardant la tête basse, comme coupées du monde extérieur.

— Le grand-père paternel de ma mère – dont le père avait fait fortune dans le commerce du thé – a fondé cet établissement qui était à l’origine un sanatorium pour les tuberculeux, expliqua Singh. Depuis que cette maladie a disparu, nous traitons les désordres neurologiques… ceux qu’il est possible de soigner. En dépit des progrès dont je vous ai parlé, certains mystères nous dépassent et nous devons nous contenter d’offrir un toit à ceux qu’il est impossible de guérir.

Singh quitta l’allée de gravier et la précéda au-delà de hautes haies de camélias odorants. Sparta n’eut pas besoin d’utiliser ses sens développés pour deviner où elles allaient, les relents devenaient plus forts à chaque pas.

— Mon grand-père a créé cette ménagerie, que mon père a dû accepter de conserver lorsqu’il a épousé ma mère.

Elle sourit.

— Les contrats matrimoniaux d’antan incluaient de nombreuses clauses. J’ai fait rénover les lieux, qui servent désormais à la recherche.

Des abris bas en maçonnerie étaient visibles entre les arbres. Sparta identifia les odeurs qui lui parvenaient de chaque bâtisse : aigres pour les félins, sures pour les ongulés, sèches et automnales pour les reptiles. Dans une cage de fer forgé haute comme une maison de trois étages elle vit battre des ailes et la silhouette d’un aigle se découpa brièvement contre le ciel qui s’obscurcissait.

— De nombreuses espèces rares du subcontinent indien sont représentées ici. Si ça vous intéresse, vous pourrez revenir demain et y passer autant de temps que vous le désirez, mais ce soir…

Elle continua au-delà de la volière, vers un autre secteur.

Des singes et des lémuriens bondissaient et criaient dans leurs cages. Singh précéda Sparta vers l’extrémité de la rangée.

Les lieux étaient d’une conception simple et classique : un sol de béton en pente douce situé en contrebas avec des caniveaux pour permettre un nettoyage au jet rapide et, dans un angle, une trappe donnant dans la longue bâtisse de pierre qui longeait le fond de toute la section des primates.

Plus étonnants étaient les étrésillons et les poteaux en aluminium qui s’entrecroisaient dans la partie supérieure, à partir de deux mètres du sol jusqu’au sommet de la cage.

— Cette structure ne proviendrait-elle pas du Queen Elizabeth ? s’enquit Sparta.

— Du modèle réalisé pour l’entraînement des chimps. Ils ont été formés au centre de Ramnagar, mais j’ai récupéré tout cela et l’ai fait installer ici.

Sparta en eût demandé la raison si elle n’avait pas deviné la réponse.

Singh se tourna vers la trappe et cria :

— Steg ! C’est Holly.

Pendant un instant, rien ne se produisit. Il n’y avait que les ululements et les cris des autres primates. Puis une face timide aux yeux bruns écarquillés et aux lèvres étroites retroussées par la méfiance apparut dans les ombres.

— Steg ! C’est Holly. Holly veut dire bonjour à Steg.

L’animal hésita puis sortit lentement de son refuge. Il s’agrippa à la barre d’aluminium la plus proche et s’y hissa, pour s’y asseoir et examiner attentivement les visiteuses.

Sparta reconnut le chimp terrifié rencontré par Howard Falcon peu avant la disparition du Queen. L’ordre reçu : « Patron. Patron. Va ! » lui avait permis de ne pas périr avec ses congénères.

— Chaque fois que je regarde un chimpanzé en face, je me vois rappeler qu’il est mon plus proche parent dans la chaîne de l’évolution, déclara Singh. Je pense pouvoir dire qu’aucun d’entre nous ne sait pour quelle raison au niveau fondamental, cellulaire, moléculaire, ils ne nous ressemblent pas plus et ne se comportent pas comme nous. Après plus d’un siècle de recherches intensives, nous ignorons toujours pourquoi nous avons des formes différentes – bien que nous reconnaissions l’utilité de ces divergences morphologiques – et ce qui nous rend sensibles aux mêmes virus sans en être pour autant affectés de la même façon. Nous nous demandons pourquoi les hommes lisent, écrivent et parlent en jonglant avec des phrases aux structures complexes alors qu’à l’état naturel les chimpanzés en sont incapables. En termes génériques, nos deux espèces sont pourtant si proches que nous seuls sommes capables d’établir une distinction.

Elle se tourna vers Sparta pour lui adresser un nouveau semblant de sourire.

— Je doute en effet qu’un extraterrestre, un visiteur venu d’un autre système stellaire, puisse relever des différences entre nous. Pas sur des bases biochimiques et sans instruments de mesure très précis, en tout cas. C’est la preuve que d’importants écarts d’évolution sont provoqués par des divergences physiques presque imperceptibles.

— Encore faut-il qu’elles soient positives, commenta Sparta en un murmure.

Singh écarquilla les yeux d’une fraction de millimètre puis reporta son attention sur l’animal craintif.

— Steg ! Viens dire bonjour à Holly.

Il s’avança lentement. C’était un mâle qui avait terminé sa croissance et les muscles saillants qui ondulaient sous son pelage noir satiné attestaient de sa forme physique. Il devait peser au moins dix kilos de plus que Sparta mais ses yeux étaient sans éclat, son regard vague.

Arrivé à mi-chemin, il manqua perdre l’équilibre et dut se retenir à l’étroite poutrelle. Il se figea sur place, n’osant continuer. Il dévisageait toujours Holly Singh, lorsqu’il reprit sa lente progression.

Finalement, il saisit le grillage de la cage à deux mains.

— Dis bonjour à Holly, fit-elle en articulant les mots.

Mais d’une voix très douce.

Les lèvres du chimp s’ouvrirent en une grimace et un son guttural s’échappa de sa gorge.

— Bbbbbb… bah, bah…

— C’est bien, Steg. C’est très bien.

Singh tendit le bras à travers les mailles métalliques pour gratter rapidement la tête de l’animal dont les poils sombres étaient divisés par une large balafre irrégulière de chair blanche visiblement récente. Elle glissa la main dans la poche de sa veste et en ressortit une chose brune et friable.

Steg dut faire un effort de volonté pour lâcher la grille. Il ouvrit les doigts de sa main gauche l’un après l’autre puis les tendit vers la nourriture, qu’il fourra avec avidité dans sa bouche sitôt après l’avoir saisie. Alors que les puissants muscles de sa mâchoire broyaient la friandise, il s’enhardit et dirigea ses yeux aux pupilles noires cernées de jaune vers l’inconnue, avec une curiosité que la crainte rendait pathétique…

— Il ne peut pas parler, déclara Sparta.

— Il a perdu toute possibilité de s’exprimer. Et de comprendre, si on excepte quelques ordres très simples, ceux qu’il a assimilés en premier. Et vous avez pu constater que ses fonctions motrices sont réduites. Nos neuropuces ne peuvent régénérer une telle masse de tissus cérébraux.

Elle soupira.

— Mentalement, Steg est l’équivalent d’un bébé d’un an. Mais il n’est pas aussi joueur, ni confiant.

Sparta leva les yeux sur l’armature qui reproduisait la structure interne du Queen Elizabeth IV.

— Ce décor ne lui rappelle-t-il pas des instants pénibles ?

— Bien au contraire. Steg et ses congénères ont vécu les meilleurs moments de leur existence dans un tel environnement.

Elle tapota les jointures de la main droite du singe, toujours crispée sur les mailles du grillage.

— Au revoir, Steg. Holly reviendra te voir.

Le chimp ne dit rien, mais il les suivit du regard quand elles s’éloignèrent.

 

*

 

Toute clarté avait quitté le ciel. Elles n’entendaient que les crissements du gravier sous leurs semelles, alors qu’elles suivaient un sentier à peine visible sous la faible lumière des petits lampadaires.

— Howard Falcon a été informé de la nature de mes travaux dès le début de mes expériences, précisa Singh. Je lui en ai parlé lors d’une de ces réceptions que nous donnions en son honneur. C’est suite à une suggestion fortuite d’Howard que le PDCI a été aiguillé sur la voie du succès, même si je doute qu’il s’en souvienne encore. Il a toujours eu trop de préoccupations à l’esprit pour y porter un intérêt personnel.

— Mais pourquoi le PDCI a-t-il retenu son attention ?

— Il savait que tout chimp est physiquement supérieur à un homme. À une ou deux exceptions importantes près, bien sûr. Un chimp adulte est plus rapide et fort que nos plus grands champions, mais notre espèce est mieux adaptée à la course et au lancer d’objets, et elle dispose d’un avantage appréciable non seulement sur eux mais sur toutes les autres espèces grâce à la conformation de ses mains. Mais tout laissait supposer que des chimpanzés convenablement préparés pourraient assister les humains en tant que partenaires à part entière dans des domaines qui bénéficieraient aux deux espèces.

— L’aérostation, par exemple ?

— Le Queen Elizabeth IV était déjà en cours de construction, quand Howard m’a fait part de son idée. Je pense l’avoir surpris en la prenant au sérieux. Il a rapidement fait comprendre à ses sponsors les avantages qui découleraient du fait de compléter l’équipage avec des chimps à l’esprit développé, capables d’évoluer dans l’armature de cet immense vaisseau qu’Howard a un jour comparé à une cathédrale volante.

— Évoluer ? répéta Sparta. Dites plutôt se charger des travaux les plus dangereux.

— Pour nous, pas pour eux, rétorqua Singh dont les yeux noirs brillaient dans la nuit. Nous avons toujours veillé à respecter l’éthique de notre profession, inspecteur, même si vous en doutez. Nous n’avions pas l’intention de créer une race d’esclaves. Les essais menés dans la reproduction du dirigeable nous ont confirmé que les chimpanzés étaient non seulement à leur aise mais très heureux, là-haut, au sein de ces structures. Nous n’avons pas déploré le moindre accident, fût-il sans gravité, pendant ces tests préliminaires dont certains ont pourtant été poussés très loin. Et il s’agissait de cobayes ordinaires.

Elles sortirent de sous les arbres et s’engagèrent sur la pelouse.

Sparta s’arrêta pour lever les yeux vers le ciel nocturne.

Les étoiles faisaient penser à du plancton luminescent. L’air limpide en révélait quatre ou cinq mille, et cent fois plus à quelqu’un qui possédait une vision aussi perçante que la sienne. Au nord-ouest les pics qui dépassaient des glaciers – les arêtes vives de la collision continentale que les siècles n’avaient pu encore éroder – étaient les avatars des soulèvements qui avaient de tout temps remodelé les reliefs de la Terre.

Au bout d’un moment Sparta se tourna vers l’autre femme.

— Falcon vient-il voir Steg de temps en temps ?

— Il ne nous honore plus de sa compagnie, désormais.

— Pourquoi dites-vous cela ?

— Il n’est pas revenu vivre en Inde, après l’accident survenu au Queen. En fait, il ne fréquente plus que les membres du cercle restreint constitué par ses collègues du projet Kon-Tiki. À cause de tous les moyens qu’ils ont mis en œuvre pour le sauver, sans doute.

 

Méduse
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