CHAPITRE XV

Un matin Gus découvrit comment la pyramide pouvait s’ouvrir pour libérer la locomotive. C’était tout un pan de la pyramide qui s’effaçait, se divisant en deux immenses portes qui glissaient à droite et à gauche. Et contrairement à ce que pensait Gus, et certainement Yeuse mais il ne l’avait pas vue depuis l’avant-veille, cette issue ouvrait vers le Nord. La machine n’avait nul besoin de transiter par Gravel Station pour rejoindre les réseaux de l’Australasienne.

— Une voie secrète, inconnue, non répertoriée sur les Instructions Ferroviaires, jubila le cul-de-jatte.

Immobile au seuil de l’immensité de la banquise, il cherchait les rails, finissait par les apercevoir à quelques centimètres sous la glace.

— Transparents… Ils sont transparents…

Sautillant sur ses mains, il alla chercher un outil, une petite pelle de secours et commença de déblayer l’un d’eux, s’allongea pour l’examiner.

— Une sorte de verre… Pourtant solide.

Il tapa dessus avec la pelle, alla chercher une masse et, assis sur la glace, la leva à plusieurs reprises pour essayer de fracasser cette barre faite d’une matière si dure qu’il ne put même pas la rayer.

— Quel homme ! fit-il admiratif en pensant à Kurts. Il avait préparé depuis longtemps ce refuge… Mais ça n’explique pas ce que font les Garous dans la station.

Presque chaque jour il allait les observer, les voyait dépérir. Les tas de petits os ne cessaient de se multiplier. Mais viendrait le jour où ils n’auraient plus de petits à dévorer et n’auraient d’autre ressource que de se battre entre eux pour se nourrir des plus faibles. Ils finiraient par s’autodétruire, ce que devaient souhaiter les autorités ferroviaires, principalement les Aiguilleurs.

Soudain il pensa à une chose si évidente qu’il se lança à toute vitesse vers l’échelle d’accès à la machine, gémissant de n’être pas assez rapide. Comme un fou il surgit dans la passerelle de navigation et poussa un hurlement de joie. Une lumière verte s’était allumée sur l’un des tableaux de bord. Celle qui signalait que les grandes portes de la pyramide étaient ouvertes. Il appuya sur la touche correspondante et vit les deux battants se refermer lentement. En appuyant constamment il pouvait accélérer le mouvement dans les deux sens.

Dès lors, à partir de cette découverte, il pouvait agrandir ses connaissances, maîtriser d’autres touches, d’autres manettes, lui qui ne connaissait rien à la conduite des motrices. Peut-être avait-il su dans le temps, mais toute cette expérience avait été effacée dans son cerveau.

Normalement le mécanisme des portes aurait dû geler, mais la machine produisait l’énergie nécessaire pour diffuser une basse température en permanence. Que se produirait-il lorsque la locomotive quitterait cet endroit ? Y avait-il une autre source qui prenait le relais quand les câbles électriques étaient débranchés ?

— Lienty Ragus ?

Yeuse avait dû descendre de la locomotive, se rendre dans la salle des ordinateurs. Elle lui parut décomposée, et avait du mal à reprendre son souffle.

— Ils sont devant l’ouverture, côté station… Celle que nous avons empruntée. Ils essayent de l’ouvrir. Un signal d’alarme vient de se déclencher et une caméra transmet des images de la porte en question.

Il la bouscula, se laissa presque choir en bas de l’échelle, se rattrapa au dernier échelon d’une main, et elle le vit sautiller vers les installations fixes, disparaître dans la coursive.

La caméra de surveillance transmettait en priorité cette image de la porte étanche côté ouest. Visiblement quelque chose essayait de l’enfoncer.

— Ils viennent chercher à manger, dit-il. Lors de leur évasion ils ont fui cet endroit qui les terrorisait. Pour eux c’était l’enfer.

— Ils étaient nourris, chauffés…

— Mais en cage et sans possibilité de vie sexuelle… Dans leur existence ils sont guidés par une très grande voracité et un instinct génésique puissant. On satisfaisait leur faim sans apaiser leurs pulsions sexuelles. Des années ils se sont tenus à l’écart de la pyramide, mais, désormais, ils veulent survivre et ils se souviennent qu’ici existent de grandes quantités de nourriture.

— Arrêtez de philosopher… Ils vont finir par l’enfoncer, cette porte. Elle n’est pas très solide… C’est à cause du camouflage. Et l’air pressurisé qui s’échappe… Regardez les signaux.

Gus l’abandonna soudain et elle le poursuivit en criant comme une folle :

— Ne me laissez pas !

Elle pensait qu’il se réfugiait dans la machine, qu’il barricaderait celle-ci et pourrait utiliser les circuits de vapeur pour refouler les Garous trop audacieux.

Mais alors qu’elle grimpait à l’échelle en hurlant, folle de terreur à la pensée qu’il aurait déjà pu refermer la passerelle, il surgit, l’écarta sans ménagements. Il était allé puiser dans l’armurerie, portait en bandoulière deux armes automatiques. Lorsqu’ils avaient visité l’armurerie il lui avait expliqué qu’elles étaient d’un modèle très rare mais elle ne se souvenait pas du mode d’emploi. Elle le regarda sautiller en direction du fond du hangar. Soudain tout un pan de la paroi s’ouvrit, laissant la jeune femme bouche bée. Gus poursuivit son étrange course à l’extérieur, disparut. Il allait contourner la pyramide et tirer dans le groupe de Garous qui essayaient d’entrer.

Elle resta en haut de l’échelle, prête à s’enfermer dans la locomotive si jamais quelques Garous, pour s’échapper, se réfugiaient de ce côté et découvraient l’immense ouverture. Elle n’avait même pas le temps d’aller chercher une arme.

Les rafales crépitèrent. Elle en compta douze puis encore trois. Ensuite ce fut le silence habituel de la banquise. Sous ses pieds la machine frémissait comme toujours et elle trouva cette trépidation rassurante. La seule chose vivante dans cet endroit incroyable.

Il y eut des crissements sur la glace et elle soupira de soulagement en voyant apparaître Gus. Il appuya sur un bouton invisible d’elle et les deux vantaux se refermèrent silencieusement.

— Ils auront de la viande ce soir, dit-il.

Cette réflexion lui donna la nausée et elle préféra rejoindre la grande chambre de Kurts pour tenter une fois de plus de trouver le code. La cruauté que Gus n’essayait plus de dissimuler la hérissait. D’ailleurs il ne faisait plus aucun effort de civilité, ne cachait pas le désir qu’elle lui inspirait. Depuis trente-six heures elle l’avait évité, n’osant même plus séjourner dans la cuisine, emportant des provisions dans sa chambre qui se transformait peu à peu en campement en désordre.

Gus s’installa devant ses pupitres après avoir rechargé ses deux armes. Il avait été horrifié par leur puissance. Elles tiraient des missiles spéciaux qui faisaient littéralement exploser les corps. Quand il avait parlé de viande, il exprimait une constatation sans hypocrisie, encore choqué par le massacre qu’il avait fait de la douzaine de Garous en train d’essayer d’enfoncer la porte avec un tronçon de rail en acier. Où se l’étaient-ils procuré, et surtout comment en avaient-ils eu l’idée ? C’était très inquiétant. Les Garous avaient d’abord dû faire une sélection parmi eux des individus capables de se tenir debout, capables aussi de tenir le rail dans leurs mains.

Pendant toute la journée il progressa lentement dans la connaissance approfondie du tableau de commande, comprit que la machine avait besoin d’air frais et de se débarrasser de son gaz carbonique, des vapeurs, le problème de l’humidité dans cet espace clos ayant été étudié avec soin. Des canalisations enterrées dans la glace se chargeaient de cet équilibre continuel. Elles devaient déboucher assez loin dans une zone inaccessible normalement. Ce qui était incroyable, c’était que, durant des années, l’ensemble ait continué de fonctionner.

Pourtant, au fur et à mesure qu’il approfondissait ses expériences, il découvrait de petites anomalies qui auraient fini par bloquer tout le système. Un des alternateurs avait grippé, faute d’un graissage régulier, et il découvrit qu’une pompe à huile avait cessé de fonctionner. Désormais le pupitre tout entier offrait ses informations dans les moindres détails. Il put isoler l’alternateur en difficulté, et aussitôt le petit ordinateur qui surveillait le département électrique offrit ses solutions sur écran et sur fiche. Les pièces à changer étaient désignées numériquement.

Il n’y avait plus qu’à solliciter le magasin des stocks pour les obtenir avec la notice de montage.

Il se faisait tard lorsqu’il se rendit compte de son épuisement et de sa faim. Bien entendu la cuisine était déserte et il regarda autour de lui avec dégoût. Cet endroit qu’ils avaient trouvé étincelant et d’une propreté méticuleuse ressemblait à une porcherie. Il y avait des récipients sales partout. Ils laissaient brûler les plats, ne se débarrassaient pas des ordures. Pourtant tout était prévu pour le broyage et l’évacuation en dehors de la machine, dans des containers. Lorsque la locomotive roulait, les poussières de déchets étaient abandonnées entre les rails.

Il ouvrit une bière qu’il vida d’un coup, mit des plats à réchauffer un peu au hasard. Il n’avait pas la patience d’attendre, les retirait des fours alors qu’ils n’étaient pas complètement dégelés.

Furieux, il alla tambouriner à la porte de Yeuse.

— Au lieu de rêvasser sur votre Lien Rag vous feriez mieux de m’aider. Nous ne sommes plus que deux et je ne peux pas tout faire. Je suis en train d’avancer rudement dans la connaissance de cette machine… Et ce n’est pas votre code qui nous sortira de cet endroit… Il ne faut pas compter sur les autres… Les Aiguilleurs nous bloqueront… La seule chance c’est de suivre la voie du Nord que je viens de découvrir.

Puis il se calma, retourna à la cuisine. Les plats étaient plus que cuits. Il se dit qu’elle ignorait tout de la voie transparente qu’il avait découverte et qui se dirigeait vers le nord de la Dépression Indienne.

Yeuse n’était pas dans sa chambre mais dans celle de Kurts. Elle essayait de déverrouiller l’enregistreur-répondeur à l’aide de quelques mots qui auraient pu être connus de Lien Rag et de Kurts à la fois. Mais elle avait épuisé tous ses souvenirs, n’avait jamais connu en détail les relations des deux hommes. Tout ce qu’elle pouvait dire c’était que Kurts intervenait chaque fois que Lien Rag était dans une situation si difficile que seul un miracle pouvait le sauver. Le pirate l’avait sauvé deux fois en Transeuropéenne. La première, il était aux mains d’un syndicat de pêcheurs qui l’accusaient d’avoir copulé avec une Rousse, la mère de Jdrien. Ils avaient failli tuer le bébé et c’était elle qui s’était enfuie avec le nourrisson. Lien Rag avait été enfermé dans une cloche de glace où il devait mourir de froid mais des Roux travaillant pour Kurts l’avaient délivré, conduit jusqu’à un endroit où la légendaire locomotive l’avait pris en charge. Ensuite c’était quand il était prisonnier de la police ferroviaire de Floa Sadon. La locomotive avait attaqué son convoi cellulaire et il s’était retrouvé chez les Roux évolués de la Zone Occidentale.

Enfin, si les rumeurs étaient fondées, il lui fallait ajouter cette troisième intervention de Kurts pour arracher Lien Rag aux Éboueurs de la Vie Éternelle.

Certains voyaient une relation inexplicable entre les deux hommes, estimaient que Kurts avait été désigné pour veiller sur le glaciologue. Que chaque fois que Lien était menacé, il recevait un signal qui le lançait dans une opération de sauvetage. Mais personne ne pouvait dire pourquoi le pirate était ainsi investi d’un rôle d’ange gardien, et qui pouvait bien donner le fameux signal.

Elle entendit Gus hurler dans la coursive, l’invectiver. Elle commença par se terrer dans la salle de bains puis eut honte de sa réaction. On disait partout qu’elle était courageuse, mais ce long séjour, sans espoir, dans cette station perdue, avait ébranlé ses nerfs, détruit sa vitalité. Elle retourna s’asseoir sur le lit puis se leva, marcha vers la porte.

Gus la vit entrer dans la cuisine. Elle ne lui adressa pas un regard. Il essuya sa bouche avec sa main, avala de la bière au goulot.

— Vous savez, j’ai un espoir. On pourra peut-être s’en tirer avec cette machine.

— La plate-forme est hors d’usage… À tout hasard je me permets de vous le rappeler.

— Laissez tomber vos airs de voyageuse ambassadrice… Il y a des rails… Parfaitement. Des rails invisibles, sous quelques centimètres de glace… La loco enverra un courant induit qui dégagera les rails droit devant, un kilomètre avant son passage. Je n’invente rien… J’ai vu les commandes, les appareils, les écrans de contrôle.

— Vous avez rêvé, dit-elle en commençant de ranger.

— Je vous dis que non. Tout était prévu par ce sacré type… Vous savez que c’était quelqu’un ?

— C’est quelqu’un. Pourquoi parler de lui au passé ? C’est pourtant un métis de toutes les races connues. Même de Roux.

Il hocha la tête, cessa de manger gloutonnement, utilisa un verre pour la bière.

— On s’en sortira. Donnez-moi huit jours.

— Et Concrete Station alors ?

— Je chercherai ailleurs… Il faut filer d’ici. J’ai comme le pressentiment que Bibi et Engol ne reviendront pas nous chercher. Les Aiguilleurs doivent vouloir nous bloquer ici, que nous disparaissions totalement, comme les Garous. Mais ils ignorent l’existence de la locomotive.

Il la regarda travailler puis décida de l’aider. Quand la cuisine fut propre, il lui fit signe de s’asseoir :

— Je voudrais que vous me parliez de mon fils. On n’a jamais eu l’occasion jusqu’ici.

 

Dans le ventre d'une légende
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